Le baiser du ramadan (Compte-rendu)
Myriam Blal
Le baiser du ramadan
« Le jour où je me suis mariée à un chrétien. »
Bayard 2017 – 159 pages – 16,90€
ISBN 978-2-227—49227-1
L’auteure Myriam Blal est tunisienne d’origine et vit maintenant à Nantes avec son mari, Maxime, un chrétien. Dans son livre, elle revient sur tous les épisodes qui ont ponctué son combat pour faire accepter leur amour jusqu’à leur mariage et la fondation d’une famille islamo chrétienne.
La première partie nous donne quelques flashes sur son enfance. Cela nous permet de découvrir ses racines. Mais dès la page 32, elle en vient à son temps de jeunesse et sa première rencontre avec Maxime. Elle s’engage alors sur un terrain dangereux mais elle ne va pas pour cela renoncer à son idéal. Un des moments clés de son histoire sera, grâce à Google, sa découverte de l’existence du GFIC ou Groupe de Foyers Islamo Chrétiens (p.76). Cela sera pour eux deux un renouveau d’espérance : quelque chose est possible. C’est grâce à ces contacts avec d’autres couples (déjà mariés) islamo chrétiens qu’ils vont pouvoir approfondir leurs convictions et s’acheminer en toute sérénité vers la célébration de leur union. Tout au long de son récit, on trouvera ici ou là, quelques réflexions stimulantes dont voici un exemple :
« Nous maîtrisons mal notre tradition religieuse. Au contact de Maxime, j’ai envie de fouiller, de creuser ma compréhension de l’Islam. C’est précisément dans ma relation avec cet autre différent de moi que surgit un besoin de connaissance. » (p.49)
Ils ont pu célébrer leur mariage 3 ans après leur première rencontre et en 2015, ce fut la naissance d’Abel leur premier enfant. Que va devenir cet enfant ? Avant même la naissance, ils se sont penchés sur les difficultés inhérentes à l’éducation en foyer interreligieux. C’est encore grâce aux contacts avec les autres couples qu’ils ont pu étudier toutes les possibilités pour l’éducation religieuse de l’enfant. Et Myriam de conclure qu’il faut mettre l’accent sur les valeurs :
« Lorsque je laisse de côté mon héritage religieux et culturel, alors je peux réfléchir librement. »(p.52) – «Au-delà de l’héritage culturel et religieux, les valeurs importent. (p.139) »
Alors, contemplant Abel, son bébé, elle peut lui confier dans son cœur : « Tu sais Abel, on ne choisit pas ses parents. Mais on a le devoir de décider de sa vie. Comment fera-t-on, Abel ? Une chose est sûre : nous ferons de notre mieux. » (p.141). L’avenir est devant eux, à construire.
En annexe, le livre nous présente les différentes associations existantes au service des couples islamo chrétiens parmi lesquelles on peut noter le Service National des Relations avec les Musulmans ou SNRM de la Conférence Épiscopale de France. On y trouve également le déroulé de deux cérémonies interreligieuses : d’une part « la présentation à Dieu de l’enfant dans la foi chrétienne » (p.147) ; d’autre part, « le livret de cérémonie de mariage »(p.152)
Un livre très intéressant par son témoignage qu’il sera bon de communiquer à tous ceux et celles qui sont en cheminement vers une union islamo chrétienne. Un des enseignements qu’on peut tirer de ce livre : c’est en s’ouvrant aux autres qu’on peut trouver des solutions ; l’isolement ne mène à rien.
Gilles Mathorel