New World TV, le groupe togolais qui fait trembler les géants de l’audiovisuel

Depuis qu’elle a acquis les droits de diffusion en Afrique francophone de la Coupe du monde 2022, cette chaîne à péage créée à Lomé alimente tous les fantasmes. Promoteurs, financement, stratégie… Jeune Afrique a mené l’enquête.

Mis à jour le 17 mai 2022 à 18:0
 

 

 

Le PDG de New World TV, Nimonka Kolani et la ministre togolaise des Sports, Lidi Bessi-Kama, Passage du trophée Jules Rimet à Lomé, le 6 septembre 2021 © New World TV

 

En mars 2021, New World TV (NWT) a réalisé une entrée remarquée dans le petit monde des diffuseurs de manifestations sportives en acquérant, pour environ 15 millions d’euros, les droits de diffusion en Afrique francophone de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Et depuis, la chaîne à péage créée en 2015 à Lomé continue de faire ses courses dans ce marché très fermé. Elle s’est en effet octroyé les droits UEFA de la Nations League, la dernière-née des compétitions de football européennes, pour les éditions de 2022 à 2028, ainsi que les droits de diffusion en Afrique francophone de l’Euro 2024 et 2028.

Se positionnant en télévision premium, la chaîne a embauché l’ex-présentateur vedette de TF1 Christian Jeanpierre, futur manitou de l’éditorial, et une brochette de consultants pour assurer le commentaire des matchs diffusés en français mais, aussi, en langue locale.

La curiosité des milieux d’affaires se cristallise non seulement sur la personnalité de ses promoteurs, mais surtout sur le financement de la chaîne, qui semble disposer de larges marges de manœuvres.

Une équipe à Paris

« Il n’y a pas du tout d’argent public dans New World TV », assurent les proches du directeur général, Kolani Nimonka. Cet avocat de 54 ans, titulaire d’un master en droit des affaires obtenu à l’université de Lomé, est passé par la division juridique de la Banque populaire pour l’épargne et le crédit (BPEC). Il est surtout le visage de New World TV, dont le promoteur est Marc Adissou, un ingénieur en télécommunications de 46 ans, directeur général et principal actionnaire depuis 2016 de SKA Telecom, également détenue par Rotimi Matthias Ibrahim et Olugbenga Omeiza Adebayo. SKA Telecom est par ailleurs le principal partenaire technique de NWT.

Au cœur de la stratégie se trouve une équipe basée à Paris, avenue de la Grande armée, dirigée par un avocat, Louis Biyao, spécialisé dans le droit de la propriété intellectuelle. Ce dernier a recruté un partenaire technique pour le montage des dossiers d’appels d’offres, le cabinet londonien Media Business Solutions (MBS), fondé en 2012 par Richard Dimosi, un ancien journaliste franco-congolais.

Financement de l’État togolais ?

Depuis que la chaîne a invité, en marge du passage du trophée Jules Rimet à Lomé en septembre dernier, plusieurs anciennes gloires du football (Emmanuel Petit, Marcel Desailly, Emmanuel Adebayor et Basile Boli) avec le concours logistique et sécuritaire de l’État togolais, des rumeurs associent ce dernier au financement de l’essor de la jeune entreprise. Les promoteurs eux, assurent bénéficier du concours de plusieurs banques locales, dont la filiale togolaise du groupe burkinabè Coris Bank International.

S’agissant de son plan de développement, NWT ambitionne de s’implanter dans toute l’Afrique subsaharienne. Mais pour aller titiller le géant français Canal+ International, elle joue sur la solidité de son offre (un bouquet composé d’une centaine de chaînes dont celles des Français M6, TF1 et France Télévisions et celle du Chinois Startimes) et sur la diffusion en langues locales de la Ligue 1 française déjà commentée en evé, en kotokoli et en kabyè. Elle mise aussi sur ses coûts d’abonnement (de 3000 à 7000 F CFA), plus bas que ceux de ses concurrents. Revendiquant un parc de 100 000 abonnés au Togo, elle vise dans les trois prochaines années 7 à 10 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne.