Ce qu’Ibrahim Traoré et la secrétaire d’État de Macron se sont dit

Chrysoula Zacharopoulou s’est rendue à Ouagadougou le 10 janvier, où elle s’est entretenue avec le président de la transition au Burkina Faso. Rappel de l’ambassadeur de France, fin de l’opération Sabre… Voici les coulisses de cet entretien de deux heures.

Mis à jour le 11 janvier 2023 à 14:22
 
 
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Chrysoula Zacharopoulou à Ouagadougou, le 10 janvier 2023. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

 

Alors que la relation entre les deux pays traverse une zone de turbulences, avec la demande de rappel par le Burkina Faso de l’ambassadeur de France, Luc Hallade, Chrysoula Zacharopoulou a effectué, le 10 janvier, un séjour en terrain miné à Ouagadougou. La secrétaire d’État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux a tout de même pu s’entretenir durant deux heures avec le capitaine Ibrahim Traoré, dit « IB », d’abord en tête-à-tête.

Le remplacement de l’ambassadeur acté

Chrysoula Zacharopoulou a d’abord salué la résilience burkinabè et exprimé la solidarité française, avant de passer en revue les domaines de coopération. Paris injecte en effet entre 120 et 130 millions d’euros par an pour financer divers projets liés à l’éducation, l’eau et l’assainissement, ou encore à l’aide budgétaire.

L’envoyée d’Emmanuel Macron a évoqué le dossier sensible de l’ambassadeur de France, source de tensions. Dans un courrier adressé fin décembre au Quai d’Orsay, la ministre burkinabè des Affaires étrangères, Olivia Rouamba, a en effet demandé à Paris un « changement d’interlocuteur ». En poste depuis 2019, Luc Hallade n’a pas été officiellement déclaré persona non grata, mais le message est clair : il n’est plus un interlocuteur pour les autorités de la transition.

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Selon nos informations, Chrysoula Zacharopoulou a fait savoir au capitaine Ibrahim Traoré que le remplacement du diplomate sera traité dans le respect des « formes diplomatiques ». Elle a également plaidé pour une protection de la chancellerie française, ainsi que de son personnel. Puis, le diplomate Luc Hallade et le général Éric Peltier, en charge des relations internationales militaires au ministère des Armées, les ont rejoint.

Autre dossier crucial abordé : la coopération militaire. Une nouvelle mouture de l’accord de coopération et de défense a été discutée. Ce projet prévoit la fin de l’opération Sabre, ce détachement militaire français basé à Kamboinsin, en banlieue nord-ouest de Ouagadougou, avec quelque 300 soldats. « Paris restera aussi longtemps que sa présence est souhaitée », glisse une source française, arguant que c’est à Ibrahim Traoré « de choisir avec qui il veut travailler ». Et ce, alors que de plus en plus d’informations font état d’une arrivée probable de mercenaires du groupe paramilitaire Wagner dans le pays.