Rupture de jeûne collective à Bobo-Dioulasso : Des habitants du secteur 16 fraternisent autour d’un repas commun

Accueil > Actualités > Société • LEFASO.NET • lundi 17 avril 2023 à 20h30min 
 
Rupture de jeûne collective à Bobo-Dioulasso : Des habitants du secteur 16 fraternisent autour d’un repas commun

 

Des habitants du secteur 16 de Bobo-Dioulasso (Saint-Étienne) ont eu droit à un moment de convivialité et de partage qui s’est illustré par la rupture de jeûne collective le dimanche 16 avril 2023. Cette initiative avait pour objectif de permettre aux musulmans de communier avec leurs frères et sœurs d’autres religions, à l’occasion du mois de Ramadan.

Depuis le jeudi 23 mars 2023, les fidèles musulmans du Burkina Faso ont commencé le mois sacré du Ramadan consacré au jeûne, l’un des cinq piliers de l’Islam. Durant cette période, observer le jeûne est un impératif pour chaque musulman. Ainsi, du lever au coucher du soleil, les fidèles ne sont pas autorisés à manger ni à boire. Mais, à la tombée de la nuit, ils dégustent le repas préparé à l’avance qu’ils partagent en famille. Pour les fidèles, ce « mois sacré » est un moment de partage, de piété et de pardon.

Pour ainsi matérialiser cet élan de solidarité, des habitants du secteur 16 de Bobo-Dioulasso ont décidé d’organiser une rupture de jeûne collective. Cette rupture collective a eu lieu dans la cour de El Hadj Salia Oula Sanou, représentant de la chefferie coutumière de Dagasso. Cette initiative vise à raviver la solidarité entre les habitants du quartier, notamment les jeunes, à travers un repas commun.

 

Pour El Hadj Salia Oula Sanou, représentant de la chefferie coutumière de Dagasso,
cette initiative vise à raviver la solidarité entre les habitants du quartier

Il est déjà 18h lorsque nous arrivons au « Palais de la paix ». L’heure de la rupture quotidienne du jeûne est imminente et les femmes s’activent à préparer le nécessaire pour cette rupture. Pendant ce temps, des habitants du quartier, sans distinction de sexe, d’ethnie, ni de religion, convergent chez le représentant de la chefferie coutumière de Dagasso. Certains viennent les mains chargées.

 

Au menu pour ce soir : des dattes, de la tisane (quinquéliba), de la bouillie, du jus, des beignets et des galettes. Doucement, aux environs de 18h30, la voix du muezzin s’élève, annonçant la fin d’une belle journée. L’appel à la prière marque ainsi la rupture du jeûne. Ainsi, les femmes se pressent pour servir le nécessaire à boire. Les jeûneurs et non jeûneurs se réunissent, les uns sur le tapis et les autres sur des chaises, pour la rupture du jeûne. La faim, la soif et la fatigue qui avaient émaillé la journée sont ainsi oubliées.

 

Après la prière, place à la séance de bénédictions et de conseils par El Hadj Salia Oula Sanou

Les visages radieux, les fidèles s’apprêtent à rejoindre les rangs pour la prière qui est dirigée par Salia Oula Sanou. Elle a été marquée par des séances de bénédictions pour le retour de la paix et de la sécurité au Burkina Faso. L’imam du soir a tenu à remercier tous les participants de toute culture et religion confondue pour avoir effectué le déplacement. Il se réjouit ainsi de la réussite de cette rupture collective avant d’inviter les habitants du quartier à la tolérance, au pardon et au respect mutuel pour une meilleure cohésion sociale et un vivre-ensemble harmonieux.

 

« Aujourd’hui est un grand jour pour nous car nous avons décidé d’organiser cette rupture collective pour marquer cette solidarité, cette cohésion sociale, qui existe au sein de notre quartier. Nous avons rompu le jeûne ensemble et nous avons aussi prié pour notre pays afin qu’il retrouve sa stabilité. Cette initiative des jeunes du quartier est un signe de paix et de bonne cohésion entre tous les frères de toutes les religions confondues. Cela montre qu’il n’y a pas de discrimination religieuse et ethnique », a fait savoir Salia Oula Sanou..


Selon Antoine Joseph Traoré, le but de cette rupture collective
est de respecter l’esprit de partage qui prévaut durant le mois de Ramadan

 

La solidarité ne fait jamais défaut durant le mois de Ramadan

Cette initiative est portée par un groupe de personnes issues du même quartier, réunies au sein d’une association dénommée « Hakilisso ». Cette association veut œuvrer pour le développer du quartier Saint-Etienne à travers plusieurs actions de développement. Selon son vice-président, Antoine Joseph Traoré, le but de cette rupture collective est de respecter l’esprit de partage qui prévaut durant le mois de Ramadan.

 

A l’en croire, cet élan de solidarité entre frères est le principal enseignement du mois saint. « Nous avons organisé cette rupture de jeûne pour marquer l’union, la fraternité et le vivre-ensemble qui existent à Saint-Etienne. Nous voulons montrer au monde entier qu’à Saint-Etienne le vivre-ensemble est une réalité. Aujourd’hui, notre pays, le Burkina Faso, traverse une crise sécuritaire et il est important que les populations s’unissent pour lutter contre l’ennemi », a-t-il indiqué.

 

Le catéchiste Noël Pouya a salué cette initiative qui, selon lui,
permet de renforcer la cohésion sociale au sein des habitants du quartier

 

Selon lui, il est plus que nécessaire que les fils et filles du pays prônent la paix et la cohésion sociale pour un mieux vivre-ensemble au Burkina Faso. Et cette rupture collective, dit-il, est une manière de prôner ces valeurs de cohésion et de paix. Symbolique, cette initiative a aussi marqué l’esprit fraternel qui unit les habitants de ce secteur. Présent à cette rupture collective, le catéchiste Noël Pouya, un des habitants du quartier, n’a pas manqué de rendre grâce à Dieu pour ce temps de jeûne dans la santé. Il a aussi salué cette initiative qui, selon lui, est très noble et permet de renforcer la cohésion sociale au sein des habitants du quartier. Lire la suite

Romuald Dofini
Lefaso.net