Indonésie: chrétienne fouettée en application de la loi islamique
Pour la première fois en Indonésie, un non musulman a été fouetté selon les prescriptions de la charia – la loi islamique – en vigueur dans la province d’Aceh, au nord de l’île de Sumatra. Ainsi que l’a appris Fides, cela est arrivé à Remita Sinaga, chrétienne protestante de 60 ans, punie de fustigation dans la ville de Takengon, en province d’Aceh. La femme a été reconnue coupable par une Cour islamique d’avoir vendu des boissons alcoolisées, après que la police ait séquestré 50 bouteilles de produits de ce genre dans son magasin. Remita Sinaga a été condamnée pour cela à recevoir 30 coups de fouet. A Aceh, la charia est réservée aux citoyens musulmans, mais les non musulmans peuvent également choisir de s’y soumettre. Ainsi que l’ont expliqué des fonctionnaires locaux, la femme a choisi volontairement la fustigation en pensant que la peine alternative – la détention selon la loi en vigueur – aurait été pire. En effet, en 2015, le gouvernement indonésien a interdit la vente de boissons alcoolisées dans les petits magasins. En 2002, pour apaiser les tensions indépendantistes, le gouvernement central indonésien a concédé à la province d’Aceh, dans laquelle vivent 4,7 millions de personnes en large majorité musulmanes, un régime d’autonomie spéciale. Le nouveau Code pénal islamique a été approuvé dans la province en 2014 pour entrer en vigueur en octobre dernier. Le Code en question punit de fustigation les rapports sexuels en dehors du mariage, la consommation ou la vente d’alcool ainsi que le jeu de hasard. Selon l’ONG indonésienne Kontras, qui défend et promeut les droits fondamentaux, « la fustigation est une pratique inhumaine et une forme de torture qui ne devrait pas être permise en Indonésie ». (PA) (Agence Fides 02/06/2016)
Féminisme islamique versus féminisme laïque
Dans les pays musulmans émerge une nouvelle forme de féminisme. Islamique, il ne s’inscrit pas dans la même logique que le féminisme laïque, mais vise le même objectif : l’égalité homme-femme. Le sujet était débattu le 20 mai à l’Institut du Monde Arabe, à l’occasion du colloque Pouvoirs et religions.
« Quels sont les arguments des féministes islamiques ? En quoi diffèrent-elles des féministes laïques ? Font-elles bouger les lignes ? » Vendredi 20 mai, Virginie Larousse, rédactrice en chef du Monde des Religions, a introduit le débat sur « le féminisme islamique, ou la contestation des pouvoirs par la théologie », lors du colloque Pouvoirs et religions à l’Institut du Monde Arabe à Paris.
« Les féministes islamiques se définissent dans la communauté musulmane, mais n’entendent pas appliquer ses lois religieuses, explique Azadeh Kian, essayiste et professeur de sociologie à l’Université Paris VII-Diderot et directrice du CEDREF, le Centre d’enseignement, de documentation et de recherches sur les études féministes. De plus, il faut parler de féminismes islamiques au pluriel, car leurs idées divergent selon le contexte historique, socioculturel ou régional. Ainsi, les féministes iraniennes n’ont pas les mêmes objectifs que les Turques ou les musulmanes européennes. »
Bien qu’un principe d’égalité existe dans le Coran, beaucoup n’entendent pas en extraire une égalité homme-femme. « De nombreuses femmes se forment ainsi en théologie afin de réinterpréter les lois et la religion. » Déjà, au début du XXe siècle, des Égyptiennes s’étaient prononcées contre les interprétations masculinistes du Coran et de la tradition. « Cependant, à l’époque, on ne les appelait pas féministes islamiques. Les premières à être ainsi qualifiées ont été les Iraniennes, actives dès la révolution islamique de 1979 et surtout visibles depuis les années 1990. » (Source : Le Monde ds religions/ 31/05/2016/ Matthieu Stricot)