Au Pakistan, bientôt une loi contre les conversions forcées ? Abonnés

Les faits

Le président Arif Alvi a annoncé, mercredi 22 décembre, la promulgation prochaine d’une loi destinée à lutter contre les conversions forcées. Au Pakistan, près de 1 000 jeunes filles chrétiennes ou hindoues sont enlevées chaque année pour être mariées de force à des musulmans.

  • Matthieu Lasserre, 
Au Pakistan, bientôt une loi contre les conversions forcées ?
 
Au Pakistan, une loi contre les conversions forcées et pour le respect des différents cultes pourrait voir le jour (photo d’illustration).AKHTAR SOOMRO/REUTERS

À l’approche de Noël, les chrétiens du Pakistan pourraient bientôt recevoir une bonne nouvelle. Lors d’une réunion, qui s’est tenue à Islamabad mercredi 22 décembre avec les responsables des différentes communautés religieuses du pays – chrétiens, musulmans, sikhs, hindouistes et bouddhistes… –, le président pakistanais Arif Alvi a annoncé la promulgation prochaine d’une loi contre les conversions forcées et pour le respect des différents cultes.

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« Les chrétiens ont joué un rôle important dans la création du Pakistan et de nombreux chrétiens, hindous et sikhs ont décidé de rester dans le pays au moment de la partition avec l’Inde, a rappelé le président, dont la fonction est essentiellement représentative. Au Pakistan, une loi sera promulguée contre les conversions religieuses forcées et les enfants apprendront dans les écoles le respect et le caractère sacré de toutes les religions et de tous les lieux de culte. »

Un espoir pour les chrétiens

Un projet de loi similaire était à l’étude au mois d’octobre. Celui-ci avait été rejeté par une commission parlementaire avant même d’être présenté au Parlement car jugé « non islamique ». Le phénomène des conversions forcées est pourtant endémique au Pakistan, où, chaque année, environ un millier de jeunes femmes hindoues ou chrétiennes sont enlevées pour être mariées de force à des musulmans. Si la justice est parfois saisie, elle peut valider cependant les mariages prononcés.

Selon l’agence Fides, Arif Alvi a incité ses compatriotes à refuser la violence et le conflit et a mis en avant les similitudes entre l’islam et le christianisme : « Le monde a aujourd’hui grand besoin de diffuser le message de paix donné par Jésus-Christ et le prophète Mohammed », a-t-il appelé.

Le dominicain James Channan, directeur d’un centre catholique à Lahore et présent à cette réunion, a confié à Fides être « très heureux » de la tenue d’une telle rencontre. « Nous croyons que cultiver et vivre dans de bonnes relations de dialogue interreligieux et d’harmonie contribue à un meilleur Pakistan, s’est-il réjoui. Des réunions comme celles-ci se multiplient dans toute la nation et peuvent entraîner un énorme changement dans la mentalité des gens au Pakistan, pour éliminer la violence, la haine, la discrimination. »

Lynchage

Au Pakistan, pays à grande majorité musulmane, les minorités religieuses sont régulièrement prises pour cible par les fondamentalistes. Le 3 décembre, un homme d’affaires sri-lankais, accusé de blasphème, a été battu à mort puis immolé par une foule dans la ville de Sialkot (nord-est). Durant sa rencontre avec les autorités religieuses, le président pakistanais a dénoncé ce meurtre, évoquant une « source de honte pour la nation », à l’opposé des enseignements religieux, « la compassion et la bonté envers les autres, la bienveillance ».

Les chrétiens forment la deuxième minorité confessionnelle dans le pays, où ils représentent 1,6 % de la population. Ils représentent toutefois quelque 12 % des personnes accusées de blasphème, un motif souvent prétexte à des persécutions pouvant aller jusqu’à la mort.