RDC, Côte d’Ivoire, Sénégal… Pourquoi les prix alimentaires flambent en Afrique

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Mis à jour le 10 août 2021 à 10h42
Supermarché Cash Ivoire – St Michel Adjamé, à Abidjan.
Supermarché Cash Ivoire - St Michel Adjamé, à Abidjan. © Guillaume Binet/MYOP pour JA

 

Pandémie, sécheresse, dépréciation de la monnaie… Les coûts des biens alimentaires augmentent à toute allure en Afrique subsaharienne.

Les prix alimentaires mondiaux ont bondi de +39,7% entre mai 2020 et mai 2021. Tel est le constat réalisé par la FAO, l’organisme onusien dédié à l’alimentation et l’agriculture.

D’une part, cette hausse s’explique par l’envolée des cours des matières premières agricoles. Selon les prévisions 2021 du rapport CyclOpe, qui fait autorité dans le domaine, les prix de l’huile de palme sont attendus en hausse de +26% cette année, ceux du café et du maïs de +20% et les prix du riz de +5%. En cause, la forte demande chinoise et les restrictions liées au Covid-19.

À cela s’ajoute la dépréciation de la monnaie dans certains pays, notamment au Zimbabwe et en Éthiopie, qui a fait grimper les prix des denrées alimentaires locales, souligne le Programme alimentaire mondiale (PAM).

Enfin, les pays dépendant des importations ou ceux touchés par les chocs climatiques – notamment la sécheresse ou les inondations – ont vu leurs prix alimentaires augmenter.

Délestage et pandémie

Au Burkina Faso, les prix des produits alimentaires ont subi une hausse de +1,9% en 2020 (contre -3,2% en 2019), selon un rapport publié par le FMI en avril 2021. Concernant le Sénégal et la Côte d’Ivoire, il s’agit d’une augmentation de +2,5% (respectivement +1% et +0,8% en 2019), au Cameroun +2,8% (+2,5% en 2019) et au Tchad +3,5 (-1% en 2019).

En Côte d’Ivoire, la hausse du prix des produits alimentaires est passée de 0,8% en 2019 à 2,5% en 2020. Le Premier ministre ivoirien Patrick Achi explique cette tendance par la pandémie du Covid-19 et par les importantes coupures d’électricité du mois de juin qui ont ralenti l’activité économique.

Selon l’Institut national de la statistique en Côte d’Ivoire, le prix des tubercules et des bananes plantains a augmenté de +16,6% entre juin 2020 et juin 2021. Les viandes ont, quant à elles, connu une hausse de +12,6%, les légumes frais de +12,2% et les poissons de +6,6%.

De fait, le gouvernement a mis en place des mesures pour protéger le pouvoir d’achat des Ivoiriens. L’instauration de prix plafonds sur certains produits tels que le riz, l’huile et la farine est à l’étude. Aussi, le Premier ministre a annoncé la reprise des activités du Conseil national contre la vie chère, instauré en 2017 et chargé de lutter contre la hausse des prix alimentaires.

 

Une hausse de +557% au Zimbabwe

Parmi les pays les plus touchés par l’inflation des prix alimentaires en 2020 en Afrique Subsaharienne, on retrouve le Zimbabwe +(557,2%), le Soudan du Sud (+38%), l’Angola (+22,3%), l’Éthiopie (+20,4%) et le Liberia (+17%) selon les données du FMI. La RDC a, quant à elle, vu ses prix augmenter de +11,3% en 2020.

La progression des prix à la consommation au Zimbabwe est passée de +10,6% en 2018 à +557,2% en 2020. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse inhabituelle. « La chute de la production est attribuée à l’instabilité économique, à la suppression des subventions sur la farine de maïs, les combustibles et les prix de l’électricité, à la réduction des revenus en devises, et à la création monétaire excessive », a indiqué la Banque africaine de développement.

À cela s’ajoutent la pandémie de Covid-19 et une période de sécheresse prolongée, qui ont engendré une baisse de -10% du PIB en 2020, précise la banque panafricaine.


Marché à Brazzaville. © Baudouin Mouanda pour JA

 

Dévaluation du franc congolais

En RDC, le prix des produits alimentaires a fluctué ces dernières années. Avec une progression moyenne de +10,1% entre 2010 et 2017, la hausse des prix à la consommation est passée de +4,7% en 2019 à +11,3% en 2020 selon les données disponibles.

En cause, la dépréciation rapide du franc congolais. « Le franc congolais s’est déprécié de -12,4% par rapport au dollar américain entre 2019 et 2020 », a indiqué la Banque africaine de développement.

Le pays, qui importe près de 80% de ses produits alimentaires, a également été affecté par la fermeture des frontières. Pour lutter contre la « vie chère », le gouvernement a annoncé fin juin une batterie de mesures pour réduire le prix des produits alimentaires importés, dont la baisse par deux de la TVA sur les billets d’avion.