ÉDITO
Pour une "vraie conversion écologique"
Deux événements importants vont s’ouvrir dans les jours qui viennent : la 27e Conférences des partis sur le climat (COP 27) qui se tiendra du 6 au 18 novembre au Caire (Égypte) et la 15e Conférence des partis (COP 15) sur la biodiversité prévue, du 7 au 19 décembre, à Kunming (Chine).
Ces rendez-vous internationaux sont l’occasion pour les représentants des nations de faire le point sur leurs engagements respectifs en faveur de la planète et des créatures qui l’habitent. Hélas force est de constater l’écart important entre les promesses – qui sont pourtant bien en deçà des besoins – et les réalisations. « La faiblesse de la réaction politique internationale est frappante » constatait déjà François en 2015 dans Laudato si’ (n° 54).
Depuis la situation du climat et de la biodiversité ne s’est pas améliorée. Bien au contraire. Pour que les choses changent, nous avons besoin d’une « vraie “conversion” écologique » affirment le pasteur Christian Krieger, Mgr Éric de Moulins-Beaufort et le métropolite Dimitrios, dans une lettre commune adressée le lundi 31 octobre, à Emmanuel Macron. Dans ce texte, les trois coprésidents du Conseil d’Églises chrétiennes en France reprennent une expression déjà utilisée par Jean-Paul II et développée dans Laudato si’.
On comprend bien que cet appel à la conversion adressé à un responsable politique n’est pas de nature religieuse. Il s’agit plutôt d’une conversion intellectuelle : pour que la problématique écologique soit vraiment prise au sérieux dans les décisions à prendre, au niveau national et international. On peut en effet « savoir » l’urgence de la crise climatique et les menaces sur la biodiversité, sans pour autant vraiment les « intégrer » dans son horizon de pensée et de décision. Comme si ces questions n’étaient pas vraiment centrales ou prioritaires. « Nous ne croyons pas ce que nous savons », écrit le philosophe Jean-Pierre Dupuy.
Entrer dans une dynamique intellectuelle de conversion écologique, c’est donc accepter de rompre avec des habitudes de penser et d’agir qui préservent en premier lieu les intérêts des pays les plus riches. C’est voir plus large, plus loin, plus profond en intégrant dans l’horizon de ses décisions le devenir des plus pauvres, la préservation de toutes les créatures qui peuplent la terre, le souci des conditions de vie, des générations futures. Pour opérer un tel changement intellectuel, le mot conversion n’est pas trop fort.
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