Témoignages

 

Dix choses à savoir sur Barthélémy Kéré, le nouveau président du Conseil constitutionnel burkinabè

Choisi par le capitaine Ibrahim Traoré, l’avocat et ancien ministre de la Justice a officiellement été investi le 11 avril. Il aura un rôle clé lors des prochaines élections présidentielle et législatives, censées se tenir au cours du premier trimestre de 2024.

Par  - à Ouagadougou
Mis à jour le 13 avril 2023 à 11:18
 
 

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Barthélémy Kéré a prêté serment comme nouveau président du Conseil constitutionnel le 11 avril 2023 à Ouagadougou. © MONTAGE JA : Sophie Garcia/hanslucas

 

 

DIX CHOSES À SAVOIR SUR – La main droite levée, le torse ceint d’une écharpe rouge et verte aux couleurs du drapeau national, Me Barthélémy Kéré a prêté serment comme nouveau président du Conseil constitutionnel ce mardi 11 avril à Ouagadougou, lors d’une cérémonie présidée par le capitaine Ibrahim Traoré.

« Ce moment est important, mais aussi émouvant. Il m’inspire à la fois joie et gravité, confiance et humilité. La charge de président du Conseil constitutionnel emporte assurément une grande responsabilité en face des citoyens et en face des pouvoirs publics », a estimé cet avocat sexagénaire, bien connu de ses compatriotes.

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1. Garde des Sceaux

Me Kéré est le premier avocat à être nommé ministre de la Justice depuis l’indépendance du Burkina Faso en 1960. Après le coup d’État du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba le 24 janvier 2022, Me Barthélémy Kéré est nommé garde des sceaux au sein du gouvernement de transition. Sa nomination avait surpris certains Burkinabè, étonné de voir cet homme connu pour ses valeurs démocratiques et républicaines servir un régime putschiste.

2. Un frère avocat

Barthélémy Kéré est originaire de la commune de Loanga, près de Tenkodogo, dans la province du Boulgou (Centre-Est). Son frère cadet, Paul Kéré, est aussi avocat. Bien que résidant à Nancy, en France, où il traite certaines affaires, il intervient régulièrement en tant que conseil dans d’importants dossiers judiciaires au Burkina Faso.

3. Ami de Bénéwendé Sankara

Il est très proche de Me Bénéwendé Sankara, ancien député, ancien ministre et candidat à la présidentielle de 2010 et 2015 sous les couleurs de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/MS). C’est avec lui et Me Mamadou Sawadogo, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina Faso, que Barthélémy Kéré a relancé l’Union des jeunes avocats du Burkina (UJA-B) dans les années 1990.

4. Ex-président de la Ceni

En 2011, il est placé à la tête de la commission électorale nationale indépendante (Ceni) sous Blaise Compaoré. Après la chute de ce dernier, en 2014, il supervise les élections présidentielle et législatives de 2015 qui conduisent Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir. Il termine son mandat en 2016, après avoir introduit la biométrie dans le système électoral burkinabè.

5. Conseiller de l’Église catholique

Catholique convaincu, il a mis ses compétences et ses réseaux au service de l’Église. En 2006, c’est lui qu’elle a désigné comme son représentant à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Il est aujourd’hui le principal conseiller juridique de la Conférence épiscopale Burkina-Niger.

6. Chevalier de Saint-Grégoire

Le 14 juin 2019, il reçoit la médaille de Saint-Grégoire de la Conférence épiscopale Burkina-Niger. Cette décoration est l’une des plus hautes distinctions du Vatican à l’endroit des personnes œuvrant pour la paix. Son rôle à la tête de la Ceni dans l’organisation des élections de 2015, qui se sont déroulées pacifiquement un an après la chute du régime de Blaise Compaoré, avait alors été salué.

7. Renvoyé de l’université pour syndicalisme

En 1982, il a été renvoyé de l’université de Ouagadougou pour son activisme syndical au sein des mouvements étudiants menés par l’Union générale des étudiants voltaïques (UGEV). Il avait alors dû s’exiler à l’université de Bordeaux, en France, pour finir ses études de droit. De retour au Burkina Faso, il y créé son propre cabinet d’avocats, le cabinet Kéré, en 1992. Collaborant régulièrement avec de grands cabinets américains, canadiens ou encore européens, il travaille essentiellement sur des dossiers relatifs aux questions minières et au milieu des affaires.

8. Redonner une crédibilité au Conseil constitutionnel

Depuis le coup d’État du lieutenant-colonel Damiba, le 24 janvier 2022, le Conseil constitutionnel est critiqué par beaucoup pour avoir avalisé les putschs comme mode légal d’accession au pouvoir au Burkina Faso. Après celui de Damiba, les sages ont en effet cautionné celui du capitaine Ibrahim Traoré neuf mois plus tard, en octobre 2022. Le successeur du juge Kassoum Kambou, ex-président du Conseil constitutionnel décédé en février 2022 à Paris, aura donc pour délicate mission de redorer l’image écornée de l’institution.

C’est Ibrahim Traoré qui a choisi de nommer Barthélémy Kéré au poste de président du Conseil constitutionnel. Si cette nomination a été plutôt favorablement accueillie dans l’opinion publique, elle n’a pas été du goût de tous, certains s’offusquant que le président de transition n’ait pas choisi l’un des huit sages siégeant déjà au Conseil.

10. L’enjeu des prochaines élections

Les élections présidentielle et législatives censées mettre fin à la transition doivent se tenir au cours du premier trimestre 2024. Une étape cruciale durant laquelle Kéré jouera un rôle majeur : en tant que président du Conseil constitutionnel, c’est lui qui sera garant du bon déroulement du scrutin et de ses résultats.

Sénégal: quelles ambitions pour Idrissa Seck?

 

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Idrissa Seck sera-t-il candidat à la présidentielle ? © AFP - CARMEN ABD ALI

Il s’était fait discret depuis sa nomination à la tête du Conseil économique, social et environnemental, Idrissa Seck revient à la une de l’actualité politique à moins d’un an de la présidentielle. Ancien opposant, arrivé second lors de l’élection en 2019, le chef du parti Rewmi avait ensuite rallié le camp du président Macky Sall. Va-t-il présenter sa candidature pour 2024 ? Idrissa Seck reste dans le clair-obscur.

Avec notre correspondante à DakarCharlotte Idrac

« Macky vous a amené la Coupe d’Afrique. Voulez-vous m’accompagner pour aller chercher la Coupe du Monde dans 4 ans ? ». Cette annonce –implicite- de candidature, postée sur la page Facebook d’Idrissa Seck ce 4 avril, a été rapidement supprimée. « Le message a été diffusé avant validation finale » explique Ousseynou Masserigne Gueye, son conseiller spécial.

Mais les spéculations vont bon train, alors qu’Idrissa Seck a limogé cette semaine le vice-président du parti Rewmi. Yankhoba Diatara, par ailleurs ministre des sports, avait défendu publiquement la possibilité d’un troisième mandat pour le président Macky Sall. « Le parti n’a pas encore officiellement donné sa position sur cette question », souligne Mr Guey. 

Lors d’un conseil présidentiel à Thiès, en février, puis devant des étudiants aux États-Unis le mois dernier, Idrissa Seck s’était pourtant –à demi-mots- prononcé contre un 3ᵉ mandat. Va-t-il s’éloigner du chef de l’État ? Va-t-il se lancer dans la course ? « Il est encore trop tôt pour le dire » répond son conseiller, qui assure que « les responsables de la coalition au pouvoir discutent de la meilleure formule et du meilleur candidat pour l’emporter en 2024 ». Quoi qu’il en soit, « Macky Sall et Idrissa Seck sont en phase », « il n’y a aucun nuage » ajoute-t-il.

Au Sénégal, le long chemin d’Abdourahmane Diouf vers la présidentielle

Il n’y a pas que des poids lourds de l’opposition qui, tels Ousmane Sonko ou Khalifa Sall, se lancent dans la course. C’est aussi le cas d’Abdourahmane Diouf, qui a cheminé au côté d’Idrissa Seck pendant huit ans. Rencontre avec un candidat qui veut croire en sa bonne étoile.

Mis à jour le 4 avril 2023 à 10:40
 
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Abdourahmane Diouf, juriste, homme politique, président du parti Awalé et candidat à l’élection présidentielle, ici à Paris, le 17 mars 2023. © Vincent Fournier pour JA

 

 

« Non, je ne suis pas un candidat de plus », affirme d’emblée Abdourahmane Diouf, alors que nous le recevons chez Jeune Afrique. Pourtant, à moins d’un an de la présidentielle de février 2024, les candidatures ne cessent de se multiplier au sein d’une opposition où l’on dit vouloir faire barrage à un éventuel troisième mandat de Macky Sall

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De passage à Paris le 17 mars, « première étape importante » d’une plus grande tournée qui doit également le conduire dans les différentes régions du Sénégal, celui qui a fait état de ses intentions présidentielles en octobre dernier a tenu à justifier son ambition. « Je porte un projet politique qui suscite beaucoup d’espoir, affirme-t-il. Nous avons un programme qui vise à “sénégaliser” le Sénégal. »

« Tout revoir »

« Nous avons été formatés pour penser d’une façon qui reprenait les grandes valeurs démocratiques de la France, or elles ne correspondent pas à nos réalités, poursuit l’ancien porte-parole d’Idrissa Seck. La République du Sénégal n’est qu’une continuité de l’ancienne colonie. Il faut tout revoir. » Abdourahmane Diouf se dit également partisan d’un patriotisme économique qu’il compte promouvoir s’il réussit à être élu.

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« Notre pays n’a pas la main sur son économie. Elle est extrêmement extravertie, ses taux de croissance ont atteint un pic, mais les dividendes sont redistribués à l’étranger parce que les Sénégalais ne contrôlent aucun pan de leur économie », explique-t-il, ajoutant qu’il compte accorder une attention particulière à ses concitoyens arabophones.  

« Les intellectuels arabophones sont nombreux au Sénégal. Ils sont bien formés, mais sont dirigés par une élite francophone qui ne représente pas plus de 20 % de la population. Le système éducatif qui a hiérarchisé les langues fait qu’on ne requiert pas leur point de vue. Il faut que cesse cette hégémonie francophone. » 

Poids relatif

Voilà déclinés à grands traits les principaux axes du programme du natif de Rufisque, grande ville de la banlieue proche de Dakar. Mais très longue est la route qui pourrait le mener jusqu’au fauteuil présidentiel. Parce que, incontestablement, par rapport à un Ousmane Sonko ou à un Khalifa Sall, leaders de la principale coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi (YAW), l’homme de 53 ans n’a que peu de poids politique.

Docteur en droit international économique, Abdourahmane Diouf a certes une expertise reconnue : il a travaillé une vingtaine d’années à Genève et quelques années à Bruxelles pour l’Union européenne, et il est désormais à la tête d’un cabinet de conseil spécialisé dans le commerce international. Des gouvernements africains ont même fait appel à lui. Mais cela ne suffit pas pour s’imposer en politique.

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Il faut remonter à 2011 pour le voir faire ses premiers pas dans l’arène. Cette année-là, Abdourahmane Diouf décide d’accompagner Idrissa Seck – rencontré cinq ans plus tôt à Paris par l’entremise d’amis communs. D’abord porte-parole de l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade lors de la présidentielle de 2012, il intègre les instances dirigeantes de son parti, Rewmi. « Avant de rejoindre Idrissa Seck, je donnais déjà mon avis sur les questions politiques. Mais j’ai compris que la plupart des propositions que je faisais n’avaient pas beaucoup de chances d’être appliquées », avoue-t-il. En 2012, il se voit confier la direction de la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) quand Idrissa Seck rejoint la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (BBY).

Polémiques

En mars 2013, en pleine célébration de la Journée internationale de l’eau, Abdourahmane Diouf confesse que celle consommée dans certaines communes de la banlieue dakaroise sont « d’une potabilité douteuse ». Il est limogé un mois plus tard dans un contexte de tensions entre l’ancien maire de Thiès et le chef de l’État. Nouvelle polémique au lendemain de la présidentielle de 2019 : sur un plateau de télévision, il concède cette fois que Macky Sall est victorieux contre l’avis de sa formation politique, qu’il quitte en avril de la même année.  

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Après un retrait temporaire de la vie politique, période pendant laquelle il assure les fonctions de directeur exécutif du Club des investisseurs du Sénégal, il renoue avec la politique en lançant en octobre 2021 le parti Awalé. Avec cette formation, il constitue avec Thierno Bocoum, président du mouvement Agir et ancien camarade de Rewmi, et avec l’ancien ministre de l’Énergie, Thierno Alassane Sall, la coalition Alternative pour une assemblée de rupture (AAR Sénégal) dans la perspective des élections législatives de juillet 2022. Le bilan est très mitigé et l’aventure, de courte durée.

« Nous avions créé AAR Sénégal pour casser la bipolarisation du débat politique dominé par YAW, coalition incarnée par Ousmane Sonko, et par BBY, de la majorité présidentielle. Mais les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes », regrette Abdourahmane Diouf.

Le test des parrainages

Le regroupement n’obtient qu’un seul siège de député à l’Assemblée nationale et recueille à peine plus de 52 000 voix. C’est peu ou prou le nombre de signatures requis pour passer l’étape des parrainages, condition sine qua non pour faire valider un dossier de candidature à la magistrature suprême.

En 2019, 22 des 27 candidats déclarés à la présidentielle avaient été recalés, en grande partie pour défaut de parrainages. Seul et sans soutien majeur, Abdourahmane Diouf parviendra-t-il à survivre à l’épreuve du tamis ? « Nous n’avons pas d’inquiétudes. J’ai été au cœur des campagnes d’Idrissa Seck lors des présidentielles de 2012 et 2019. Nous franchirons l’étape des parrainages », affirme-t-il en concluant, plein d’optimisme : « Le 25 février 2024, je serai en tête des suffrages exprimés. »

Bonjour à tous 

Un petit mot pour vous donner des nouvelles de nos amis Burkinabés.

Comme vous le savez certainement les terroristes attaquent de plus en plus le Burkina. Début mars sœur Suzanne a elle-même été dans la tourmente. Trois terroristes sont arrivés dans le village armés jusqu’aux dents. Les balles ont sifflé autour de sa maison. Les villageois ont fui et d’autres, dont Suzanne se sont réfugiés à la paroisse. 

Ils étaient tous terrorisés et ne pouvez plu retourner chez eux. Les militaires sont venus et bien vite repartis. Les gens ne savaient pas si la ville était aux mains des terroristes où des militaires. Personne ne devait sortir. Enfin c’était l’horreur.

Les terroristes ont pillé les maisons les greniers et le bétail.

J’ai eu Suzanne par message, elle me confirme que le calme est revenu à BAM mais elle est traumatisée

Malheureusement les attaques comme celle-ci sont courantes dans le pays.
 
J’ai appelé à Ouagadougou mon amie Jeanne (c’est elle qui m'a hébergée quand j’avais la chance de partir au Burkina) 

Chez eux c’est calme mais la vie est de plus en plus chère.

C’est vrai que je ne vais plus au Burkina pour les raisons que vous connaissez mais nous aidons toujours nos amis. 

Les personnes qui gèrent sur place sont de toutes confiances elles étaient déjà avec moi pendant mes voyages et me guidaient dans mes décisions 

Je vous remercie pour les dons de cette année. Nous avons pu faire des heureux.

Je n’ai pas pu envoyer autant que d’habitude. Surtout pour Suzanne qui aide les réfugiés et les besoins sont de plus en plus importants, Logements, nourriture, vêtements, soins de santé, scolarité et leurs trouver un travail etc...

Jacqueline.

Reem Al Hashimy : « Personne ne comprend mieux l’Afrique que les Africains »

À la tête d’Expo City Dubai, le site qui abritera la COP28 en décembre prochain, la ministre d’État émiratie de la Coopération internationale est déterminée à développer les échanges entre les Émirats arabes unis et le continent.

Mis à jour le 31 mars 2023 à 09:29

 
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Reem Al Hashimy, ministre émiratie de la Coopération internationale et présidente de l’Autorité d’Expo City Dubai. © Waleed Zein / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

 

 

En décembre prochain se tiendra à Dubaï la prochaine conférence de l’ONU sur le climat, la COP28. Présidée par Sultan Al Jaber, ministre émirati de l’Industrie, cette grand-messe, qui dressera le bilan de la mise en œuvre de l’accord de Paris, se tiendra à Expo City Dubai. Ce site, où s’est déroulée l’Exposition universelle 2020, a été depuis reconverti, dans un esprit de développement durable, en ville verte. Avec à sa tête la très « ecolo-friendly » ministre émiratie chargée de la Coopération internationale, Reem Al Hashimy.

À 46 ans, cette diplômée de Harvard, qui a désormais aussi le titre de PDG de l’Autorité de l’Expo City Dubai, est convaincue que les Émirats arabes unis ont beaucoup à offrir au monde en général et à l’Afrique en particulier, notamment sur la question de savoir comment relever le défi climatique tout en créant de la prospérité. Rencontre avec une femme politique déterminée, qui ne lésine pas sur les moyens pour atteindre ses objectifs.

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Jeune Afrique : La COP28, prévue aux Émirats du 30 novembre au 12 décembre 2023, se tiendra sur le site d’Expo City Dubai. Pourquoi ce choix ?

Reem Al Hashimy : Le message principal de cette COP28 est l’émergence d’une conscience verte et climatique. Or c’est précisément avec cette approche que nous avons conçu la ville d’Expo City Dubai. Cela fait donc sens qu’elle abrite la COP28.

Par ailleurs, il y a l’aspect logistique, qui est beaucoup plus facile à gérer ici puisqu’il n’y a rien à construire pour accueillir l’événement. Tout est déjà là : les pavillons et les lieux des négociations, et le site est desservi par le métro.

Cette COP se tiendra sur le site de l’Exposition universelle 2020, dont vous étiez la directrice générale. Que vous a appris l’organisation de cet événement dans une période rendue difficile par le Covid ?

Je suis incroyablement fière de ce que nous avons pu réaliser ensemble en tant qu’équipe de l’Expo, mais aussi en tant que pays organisateur. Nous avons réuni 192 nations sur une seule plateforme à un moment critique de la pandémie.

Et nous avons pu attirer 24,1 millions de visiteurs sur notre site, en plus des 16 000 délégués gouvernementaux de 192 États qui sont venus pour représenter leur pays, mais aussi pour apprendre les uns des autres et collaborer les uns avec les autres. Nous avions également une plateforme numérique qui a permis à 250 millions de personnes de visiter l’Expo de manière virtuelle. C’était une première pour une Expo universelle, et cela a joué un rôle important, à une période où tout le monde ne pouvait pas voyager. Et cela a été une réussite.

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Durant cette exposition, vous avez particulièrement mis en avant les pays africains et le nécessaire renforcement de la coopération entre les différents pays. Quel message vouliez-vous faire passer ?

Toutes les nations, y compris les nations africaines, avaient leur propre pavillon sur le site de l’Expo 2020. C’est quelque chose dont nous sommes très fiers, car généralement, lors des expositions universelles, beaucoup de pays, faute de moyens, ne disposent pas d’un pavillon indépendant pour montrer au monde leurs propres Histoire et contenus.

Mais à notre Expo, nous avons pu le faire. C’était important car il s’agissait de faire pièce aux stéréotypes sur les Émirats comme sur les autres pays. Les visiteurs ont pu explorer, apprendre, comprendre, et se connecter sur le plan intellectuel, mais aussi sur le plan émotionnel, avec ce qu’ils voyaient et j’en suis très fière. Tous les pavillons étaient magnifiques. Je les ai tous aimés. J’ai l’impression qu’ils faisaient tous en quelque sorte partie de moi parce que je les ai vus grandir petit à petit, mois après mois, tout au long de la préparation de l’Expo.

La plus grande partie du site où s’est tenue Expo 2020 Dubai a été transformée pour abriter Expo City Dubai, inaugurée en octobre dernier et dont vous êtes aujourd’hui la directrice. Quelle est la vocation de ce nouvel espace, gigantesque ?

80 % de ce que nous avons construit est resté. Nous n’avons pas changé le site. Simplement, nous sommes passés d’un événement à une ville. Une ville à la fois verte, construite selon les standards de durabilité les plus élevés, et high-tech parce qu’elle a été conçue en pensant à l’avenir. Expo City Dubai, qui est très bien desservie puisqu’elle dispose d’un métro qui conduit vers le centre de Dubaï, a pour but d’attirer les entreprises  tournées vers l’avenir en termes de technologie et de durabilité.

Par ailleurs, les 45 000 m2 du site, qui a été le théâtre durant l’Expo 2020 de nombreux divertissements et shows, continuent d’être actifs comme lieu de spectacles. Et pourront abriter de grands événements internationaux, tels que la COP28, qui aura lieu fin novembre.

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Quel type de visiteurs ciblez-vous en priorité ? Les touristes ? Le monde des affaires ?

Nous ciblons globalement le monde des affaires, et le monde politique pour les conférences, etc. Mais nous avons au sein d’Expo City certains spots qui sont très attrayants pour les touristes, et que nous maintenons.

Mais au-delà de la notion de cible, ce qui compte à nos yeux, c’est qu’Expo City Dubai soit une ville centrée sur l’humain, avec une approche totalement inclusive. Il ne s’agit pas d’en faire un endroit froid, uniquement axé sur le business et les rencontres institutionnelles. Nous voulons que ce soit un lieu vivant, où tout le monde a sa place, que ce soient les étudiants, qui continuent à être très présents sur les lieux, les familles, qui peuvent venir se promener dans les nombreux espaces verts ou assister à des spectacles, ou les artistes, qui viennent travailler sur place et dont on peut voir certaines réalisations, comme des sculptures. Même les animaux sont les bienvenus, car une certaine harmonie avec la nature nous semble essentielle : 54 chiens sont ainsi enregistrés, et il y a également beaucoup de papillons et d’oiseaux .

Je ne dirai pas que c’est un lieu écologique, mais respectueux de l’environnement et de la planète. Nous faisons d’ailleurs très attention à certains comportements, comme la gestion de notre consommation d’eau. Il n’y a pas de plastique ici, nous sommes attentifs au matériel que nous utilisons. Par exemple, les vitrages de nos fenêtres sont destinés à isoler et à réduire la déperdition thermique.

En somme, nous voulons qu’Expo City Dubai soit une ville qui séduise les gens, dans laquelle ils ont envie d’investir, mais aussi de vivre, parce que nous avons également introduit un volet immobilier résidentiel.

En quoi Expo City Dubai constitue-t-elle une opportunité pour les Africains ?

Si des entreprises africaines viennent s’implanter ici, ce que nous souhaitons fortement, elles verront par elles-mêmes que c’est un lieu accueillant, qui célèbre la culture africaine dans sa diversité. Sur place, à Expo City Dubai, vous pourrez voir par exemple que l’art du continent est mis en avant, avec la présence d’œuvres de sculpteurs africains, ainsi que la gastronomie africaine.

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Vous êtes aussi ministre de la Coopération internationale. Quelle est votre vision du développement de l’Afrique ? Quel rôle peuvent y jouer les Émirats ?

Ma conviction, c’est que personne ne comprend mieux l’Afrique que les Africains. Ce qui signifie que nous devons faire montre de plus de compréhension et d’écoute. Non seulement par rapport aux défis auxquels le continent est confronté, mais aussi aux opportunités qu’il offre, en tenant toujours compte de la voix des citoyens africains. Au lieu d’aller vers eux avec des solutions toutes faites, je pense qu’il faut aborder l’Afrique dans un esprit de partenariat et de respect. Voir comment nous pouvons créer ensemble des cadres gagnants.

Il faut sortir de ce schéma où les Émirats sont identifiés comme des donateurs directs, et les Africains comme des destinataires. Cela n’est plus pertinent en 2023. Nous considérons le continent comme une opportunité de partenariats plus profonds et de relations réciproques plus significatives .

Les liens des Émirats arabes unis avec les pays africains, notamment ceux de la Corne de l’Afrique, sont historiques et anciens. Aujourd’hui, comment se traduit concrètement cet intérêt pour l’Afrique ? 

Nous avons mené une série de projets dans des pays comme le Kenya, l’Éthiopie ou même le Rwanda, mais aussi en Afrique de l’Ouest, au Sénégal. Nous avons des liens assez forts là-bas. Dans le cas du Kenya, nous avons plusieurs programmes, notamment dans la formation des femmes entrepreneures pour travailler avec elles sur les compétences qu’elles ont besoin de développer pour mener à bien leurs projets. L’idée est de faire partie d’une chaîne de valeur au lieu d’être un intervenant immédiat, comme quand on octroie une bourse.

L’Université Sorbonne-Abu-Dhabi accueille aussi des étudiants venus d’Afrique. Un jeune du continent africain, au lieu d’aller étudier à Paris, où l’adaptation peut parfois être délicate d’un point de vue culturel ou climatique, peut venir à la Sorbonne-Abu-Dhabi et bénéficier du même haut niveau d’enseignement et du même diplôme qu’en France. Aujourd’hui, l’université compte à peu près 10 % d’étudiants africains, venus soit par eux-mêmes, soit par le biais de bourses de coopération entre les Émirats et leurs pays respectifs. Notre objectif est que ce chiffre augmente de manière significative car nous sommes convaincus que la diversité est un élément clé dans l’excellence d’un établissement et dans la formation des élites de demain. Il est difficile d’apprendre et de grandir si vous avez affaire durant toute votre vie et votre parcours à un groupe très limité de personnes, qui ont toutes des expériences similaires.

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Les Émirats ont toujours prôné la tolérance. Pensez-vous qu’ils puissent jouer un rôle dans la lutte contre l’islam politique et la promotion d’un islam modéré sur le continent africain, notamment au Sahel ?

Nous avons beaucoup fait aux Émirats pour lutter contre l’extrémisme et contre la radicalisation, qui constituent une menace mortelle. Pas seulement pour les Émirats, mais aussi pour le progrès en général de l’humanité. C’est pourquoi nous œuvrons à la mise en place de programmes et de centres de lutte contre ce fléau.

Mais nous sommes également convaincus que la meilleure façon de transmettre la tolérance, c’est de donner l’exemple. Quand on voit les musulmans et les chrétiens prier et célébrer ensemble leurs jours saints, le message qui passe c’est « je ne suis pas moins musulman et vous n’êtes pas moins chrétien parce que je reconnais votre foi et vous reconnaissez la mienne ». Le vivre ensemble en harmonie, on peut en parler, mais ça reste théorique.

En revanche, c’est beaucoup plus marquant quand vous le vivez au quotidien, et que vous vous rendez compte qu’il n’y a pas de conflit entre les membres de différentes confessions. L’essentiel, c’est, même s’ils ne se comprennent pas toujours, que le respect soit là, que chacun admette le caractère sacré des croyances religieuses des uns et des autres. Ici, aux Émirats, vous avez un exemple vivant de 200 nationalités qui cohabitent en paix et en harmonie, célèbrent leur religion et traditions religieuses, qu’il s’agisse du mercredi des Cendres, de Pâques ou du ramadan. Si ça marche ici, pourquoi ça ne marcherait pas ailleurs ?

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)