Huile de palme : en Côte d’Ivoire, la hausse des cours fait aussi des heureux

La flambée du cours des matières premières, dont celui de l’huile de palme, donne de l’air aux producteurs locaux en Afrique de l’Ouest, notamment à Palmci, la filiale du groupe ivoirien Sifca.

Mis à jour le 29 avril 2022 à 17:33
 

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Plantations d’huiles de palme par Sifca à Irobo, dans le sud de la Côte d’Ivoire. © Nabil ZORKOT pour J

 

Après des années difficiles, l’heure est aux bons résultats pour les producteurs d’huile de palme ouest-africains. La preuve avec Palmci, filiale du groupe ivoirien Sifca, qui vient de publier de bons états financiers pour 2021. La société, dirigée depuis 2013 par Christophe Koreki, a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 195,6 milliards de F CFA (environ 297 millions d’euros) en hausse de 63 % sur un an. La performance est encore plus significative au niveau du résultat net, à 42,4 milliards de F CFA, en augmentation de 1 106 % sur un an.

Et cela devrait durer. Palmci, qui a vu son chiffre d’affaires croître de 42 % et son résultat net de 53 % au premier trimestre de 2022 par rapport à la même période en 2021, table sur un « résultat net 2022 aux alentours de celui de 2021 ». Cet essor est porté par un solide niveau de production et, surtout, par la flambée des cours de l’huile de palme. La quantité d’huile de palme brute vendue a augmenté de 13 % au premier trimestre de2022 quand les cours ont, eux, bondi de 24 % sur la même période, a précisé Palmci.

Prix record

Ces deux dernières années, porté par la reprise économique post-pandémie de Covid-19 et la hausse globale des cours des matières premières, le prix de l’huile ne cesse d’augmenter. Début mars, le prix de l’huile de palme a atteint un record depuis plus de dix ans à 8 720 ringgits (1 900 euros) la tonne à la Bourse de Kuala Lumpur, la référence pour cette matière première dont la Malaisie et l’Indonésie sont les principaux producteurs et fournisseurs mondiaux. Annoncée le 27 avril, la décision de l’Indonésie de suspendre ses exportations devrait encore renforcer la hausse des prix en réduisant la disponibilité de l’offre au niveau international.

Palmci est loin d’être le seul à tirer profit d’une situation qui favorise l’ensemble des producteurs du continent. « La liste des plus importants détenteurs de plantations en Afrique en termes de surface inclut Socfin, Wilmar, Olam et SIAT », soulignait Fitch Solutions dans une note publiée au début de 2021. Si les groupes singapouriens Wilmar et Olam ne communiquent pas le détail de leurs résultats africains, Socfin, détenu à 54 % par l’homme d’affaires belge Hubert Fabri et à 39 % par le groupe français Bolloré, avec un siège social au Luxembourg, a lui aussi enregistré des résultats positifs en 2021.

CES MESURES RISQUENT DE PERTURBER LES CHAÎNES D’APPROVISIONNEMENT

Présent dans huit pays (Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun, RDC et São Tomé), il a déclaré pour ses activités africaines un bénéfice de 6,5 millions d’euros en 2021, contre une perte de 28,6 millions d’euros l’année précédente.

Dépendance aux importations

Cet impact doit toutefois être nuancé en raison des mesures de lutte contre l’inflation prises par de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, dont la limitation de la hausse du prix de l’huile vendue au consommateur final. « Dans ce contexte, les producteurs de graines de palme sont clairement gagnants, pointe Pierre Ricau, analyste de marchés chez Nitidæ. C’est moins le cas pour les industriels locaux, qui transforment les graines en huile et la vendent soit sur leur marché, soit dans la sous-région. Ces derniers et les clients qu’ils fournissent ne peuvent en effet pas répercuter la totalité de la hausse des cours. »

« Ces mesures, dont il faut vérifier qu’elles protègent effectivement le pouvoir d’achat, risquent par ailleurs de perturber les chaînes d’approvisionnement et, in fine, de renforcer la rareté des stocks d’huile dans la région », reprend l’analyste, rappelant que la Côte d’Ivoire et le Cameroun sont les deux seuls exportateurs nets d’huile de palme dans la zone. La majorité des pays, dont le Nigeria mais aussi le Bénin et le Togo, entre autres, sont largement dépendants des importations pour assurer leur consommation.