Bien chers Amis.
Peu à peu les fêtes de Pâques ont disparu à l’horizon, même si nous en continuons la mémoire. La Résurrection de Jésus reste bien ancrée dans notre Foi chrétienne mais nous sommes loin d’en avoir épuisé le sens. J’aimerais revenir, en écho à mon dernier billet, sur la vocation émergente de la femme dans cette période si cruciale de la vie de Jésus. Cette vocation ne demanderait-elle pas à être, dans notre vie ecclésiale, plus en cohérence avec le message évangélique ?
A temps et à contre temps il faut le redire : il y a un lien absolument incontournable entre le mystère pascal et la place de la femme dans l’Église, un lien trop souvent éclipsé mais qui pourrait nous aider à donner toute leur place aux femmes dans la marche de celle-ci. Certaines d’entre elles la quittent sur la pointe des pieds précisément parce qu’elles n’y sont pas reconnues pour leur vraie valeur et leurs aptitudes. Mon intention n’est pas de parler à leur place, mais d’essayer de projeter sur elles la lumière du Ressuscité. Je ne suis pas trop étonné de voir que souvent cette reconnaissance a bien du mal à se faire jour. Déjà dans le témoignage que leur a confié Jésus d’annoncer aux apôtres sa Résurrection, elles sont vite prises pour des radoteuses, et leur message n’est pas pris au sérieux : « mais ces propos leur semblèrent pur radotage, et ils ne les crurent pas » (Lc 24,11): Nous ne pouvons quand même pas dire que c’est leur destin de rester ainsi en retrait, dans l’ombre, sans valeur au vu de leur témoignage ! Si le Nouveau Testament en est fortement marqué, nous ne sommes plus dans cette société patriarcale où la parole et le rôle des femmes comptaient si peu.
Jésus a osé braver certains interdits et ouvert une voie que nous sommes bien lents à continuer. Incrédules devant le mystère de la résurrection, ses disciples le sont devant les propos des femmes ! Même si, dans nos sociétés humaines, elles luttent pour trouver leur place au soleil, celle-ci est encore à arracher aux habitudes séculaires. Nous ne pouvons pas contester qu’elles jouent dans nos communautés un rôle vital. Elles sont aux avant-postes des engagements caritatifs, et aussi théologiques et liturgiques (si elles ne sont pas « interdites de chœur » par des curés trop craintifs de perdre leur pouvoir…) Mais les postes au sommet des responsabilités reviennent à des hommes. Pourquoi ce peu de confiance et de considération ? Il ne suffit pas de les admirer dans leur rôle de mères, d’épouses, de militantes, de secrétaires, de servantes des pauvres et de sacristines. Il nous faut oser plus ! Décidemment, notre Eglise n’a pas encore fini de naître !
« Il faut encore élargir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église », écrit le Pape François dans La joie de l’Évangile, demandant à reconnaître le «rôle possible de la femme là où se prennent des décisions importantes, dans les divers milieux de l’Église ». Il est à regretter que le dernier Synode ne lui ait pas emboité le pas. Voici d’ailleurs ce qu’écrit Lucette Scaraffia, éditorialiste du journal « l’Osservatore Romano : «Le pape François a exprimé sa volonté sincère de confier davantage de responsabilités aux femmes dans l’Église. Ceci représente un changement. Mais dans les faits, cela n’a rien changé. Au dernier Synode sur la famille, les femmes ne se sont guère exprimées et rien n’est prévu en ce sens pour le prochain » et elle ajoute : « Il y a une forte résistance sur cette question dans l’Église, liée à la crainte de perdre le pouvoir. ».(Rapporté par « Urbi &Orbi du 4 février) Certes, de nombreux pas se font. Des tabous tombent, des frontières s’ouvrent, même au sein de la Curie Romaine.
Mais à quand un Synode sur la place des femmes dans l’Eglise ? Avec bien sûr une représentation féminine à la mesure de ce débat !