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Au Burkina Faso, la leçon de résilience du secteur agricole

En dépit des tensions sécuritaires et des difficultés politiques, l’agriculture burkinabè affiche une bonne santé et des résultats satisfaisants, en particulier dans les cultures vivrières.

Mis à jour le 7 septembre 2023 à 18:25
 
 
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Travailleurs burkinabè emballant du coton, en mars 2017, à Boromo, où les sociétés cotonnières ont cessé d’utiliser les semences de coton génétiquement modifiées du géant mondial des semences Monsanto. © ISSOUF SANOGO/AFP

 

 

Un programme à 500 milliards de francs CFA (plus de 762 millions d’euros) pour développer huit filières stratégiques, une enveloppe de 200 milliards pour lutter contre l’insécurité alimentaire, et un plan de 22 milliards pour mettre en culture 11 000 hectares et produire près de 200 000 tonnes de céréales…

Depuis mai, l’exécutif burkinabè, dirigé par le président de la transition et capitaine Ibrahim Traoré, multiplie les annonces à destination du secteur agricole. Et pour cause, ce dernier est primordial pour l’économie, contribuant à 20 % au produit intérieur brut (PIB) et employant 60 % de la population, selon les données de la Banque mondiale.

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Insécurité alimentaire

Bienvenu, ce soutien ne sera pas aisé à mettre en œuvre en raison du contexte sécuritaire tendu et des difficultés financières du pays, sous sanctions de l’organisation régionale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Si le Burkina Faso a obtenu début juillet un prêt de 305 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI), qui doit notamment appuyer les efforts du gouvernement pour réduire l’insécurité alimentaire, le président putschiste a aussi lancé un appel au secteur privé pour financer les actions dans le domaine agricole.

DANS LES GROS BASTIONS AGRICOLES, LES ACTIVITÉS SE DÉROULENT NORMALEMENT

En attendant, au regard des résultats de la dernière campagne et des prévisions pour la prochaine, l’agriculture burkinabè affiche, en dépit d’un environnement difficile et du chiffre de 3,4 millions de personnes ayant besoin d’une aide alimentaire, soit 15 % de la population totale, une résilience certaine.

C’est sur le coton, première culture d’exportation du pays, que les résultats sont les plus décevants. Champion historique de l’or blanc en Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso, qui a connu une expérience malheureuse avec les semences OGM dans les années 2000, est en difficulté ces dernières années, doublé à la place de premier producteur régional par le Mali et, plus récemment, par le Bénin.

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Sur la campagne 2022-2023, il a subi, comme la plupart des pays de la région, les conséquences de l’invasion d’un nouveau parasite, la « jasside du coton indien », ainsi que de la hausse du prix des engrais, l’une des répercussions de la guerre en Ukraine.

Coton mais aussi sésame et soja

Résultat, Ouagadougou a réalisé une récolte de 405 000 tonnes, en repli de 22 % sur un an, selon les chiffres donnés en conseil des ministres en juin, un bilan bien loin des 700 000 tonnes du Bénin. Et, malgré l’annonce d’une subvention aux agriculteurs de 10 milliards de francs CFA pour faciliter l’achat d’intrants en vue de la prochaine campagne, l’objectif de 646 500 tonnes fixé pour 2023-2024, soit + 60 % par rapport à 2022-2023, semble très ambitieux.

Sur les autres cultures de rente, le bilan est encourageant. Certes, la récolte 2022-2023 de sésame, à 208 000 tonnes, est en repli de 23 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, selon les données de mars 2023 du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA), organisme de référence sur la sécurité alimentaire placé sous l’égide de la Cedeao et de l’Union africaine.

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Mais « la prochaine campagne, qui va démarrer en octobre, devrait être bonne pour les producteurs, avec des prix très élevés et des niveaux de stocks très faibles », met en avant Pierre Ricau, analyste de marchés chez Nitidæ.

L’optimisme est aussi de mise sur l’arachide et le soja, après de belles performances en 2022-2023 avec respectivement des récoltes de 559 000 tonnes, en hausse de 28 % par rapport à la moyenne quinquennale, et de 152 000 tonnes, soit + 148 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, d’après les données du RPCA.

Production de céréales en hausse

Le constat est encore plus clair sur les cultures vivrières et en particulier sur les céréales. « La récolte 2022-2023 a atteint 5,2 millions de tonnes, en hausse de 11 % sur un an et de 8 % par rapport à la moyenne quinquennale », souligne Ollo Sib, analyste du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Dans le détail, toujours selon les données du RPCA, le léger repli (-2 %) des cultures de maïs et de riz observé sur l’année qui vient de s’écouler, a été largement compensé par la hausse des cultures de mil (+28 % sur un an), de sorgho (environ +20 %) et de fonio (+8 %).

LE BURKINA FASO EST L’UN DES SEULS PAYS EN AFRIQUE DE L’OUEST À DISPOSER D’UNE POLITIQUE AGRICOLE STRUCTURÉE

Quant à la production d’autres cultures vivrières essentielles, à savoir l’igname, la patate douce et le niébé, elle est aussi en progression, largement portée par la forte hausse de la récolte de niébé (+80 % sur un an), d’après la même source.

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« Jusqu’ici, l’insécurité a modérément affecté la production agricole, explique Pierre Ricau. La situation est surtout compliquée dans le Sahel mais, dans les gros bastions agricoles que sont la Boucle du Mouhoun, les Hauts-Bassins et la région des Cascades, les activités agricoles se déroulent normalement. »

Investissements passés

« Les prix des denrées alimentaires restent toujours relativement élevé car les stocks sont limités, reprend-t-il. Toutefois, la saison pluvieuse a été plutôt bonne jusqu’à présent, et les prochaines récoltes devraient donc soulager un peu la pression. »

Pour l’analyste du PAM Ollo Sib, ces performances de l’agriculture burkinabè s’expliquent en grande partie par le fait que, dans les années 1970 et 1980, le pays a massivement investi dans le secteur, bâtissant un solide réseau de points d’eau et développant sa production maraichère.

« Le Burkina Faso est l’un des seuls pays en Afrique de l’Ouest à disposer d’une politique agricole structurée, pointe l’analyste. Et, même si le budget consacré au secteur est tombé sous la barre des 10 % des dépenses publiques depuis 2015, on ne peut que constater la résilience de cette agriculture de petits producteurs. »

En Guinée-Bissau, Embaló muscle sa sécurité

Le président bissau-guinéen vient de nommer deux généraux, Tomas Djassi et Horta Inta, pour renforcer sa sécurité. Une décision prise peu de temps après les coups d’État survenus au Niger et au Gabon.

Par Jeune Afrique avec AFP
Mis à jour le 5 septembre 2023 à 13:13
 
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Le président Umaro Sissoco Embaló à Pretoria, en Afrique du Sud, le 28 avril 2022. © Phill Magakoe / AFP

Le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, a nommé deux nouveaux responsables chargés de sa sécurité qui ont pris leurs fonctions lundi 4 septembre. Ces nouvelles nominations, bien qu’elles aient lieu dans un contexte marqué par des coups d’État au Niger et au Gabon, menés par des responsables de la sécurité présidentielle, ne seraient pas liées à ces événements récemment survenus en Afrique.

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Les généraux Tomas Djassi et Horta Inta ont été nommés respectivement chef de la sécurité présidentielle et chef d’état-major particulier du président de la République, le 1er septembre. Ces deux postes, prévus dans l’organigramme officiel, n’étaient plus pourvus depuis plusieurs décennies.

Les deux généraux ont été investis le 4 septembre lors d’une cérémonie au palais présidentiel, en présence du président Embaló. Le général Djassi était, avant sa nomination, à la tête de la Garde nationale, une unité d’élite de l’armée dont l’intervention de ses hommes a contribué à faire échouer le coup d’État ayant visé en février 2022, selon les autorités, Embaló, élu au second tour en décembre 2019.

Instabilité politique chronique

Le général Inta était à la tête du commissariat central de Bissau, une institution qui a souvent été dirigée par des militaires. « C’est vrai que les coup d’État perpétrés par les officiers responsables de la sécurité présidentielle sont devenus une mode. Mais si Tomas [Djassi] s’aventure à [mener] un tel projet, nous allons nous battre longtemps »,  a déclaré le président bissau-guinéen, en réponse à une question de la presse.

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« Pour parler sérieusement, je vous rassure qu’il n’y aura ni 2 février ni 3 février. Tout mouvement suspect aura une réplique adéquate », a-t-il ajouté, en allusion à la tentative de coup d’État dont il dit avoir été victime le 1er février 2022, et qui a fait 11 morts, selon le gouvernement.

La Guinée-Bissau souffre d’une instabilité politique chronique et a été victime depuis son indépendance du Portugal en 1974 d’une kyrielle de coups d’État ou de tentatives de coup d’État, la dernière en février 2022.

(Avec AFP)

En Côte d’Ivoire, le RHDP d’Alassane Ouattara assoit sa domination

Les premiers résultats des élections municipales et régionales organisées le 2 septembre en Côte d’Ivoire donnent le camp présidentiel largement en tête devant ses principaux rivaux du PDCI et du PPA-CI, au terme d’un scrutin qui s’est déroulé sans incident majeur.

Mis à jour le 5 septembre 2023 à 09:32
 
 

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Patrick Achi après les résultats des élections locales à La Mé, le 3 septembre 2023. © Twitter Patrick Achi

 

 

Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du président Alassane Ouattara sort grand vainqueur des élections locales – municipales et régionales – organisées le 2 septembre. Ce lundi, la Commission électorale indépendante (CEI) continuait a égrener les résultats, dont les principaux sont connus depuis la veille au soir.

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Sur les trente et une régions que compte la Côte d’Ivoire, seize – sur les dix-huit dont les résultats ont été annoncés à la mi-journée – sont remportées par le RHDP. Sans surprise, le ministre de la Défense et frère du président, Téné Birahima Ouattara, s’impose dans la région du Tchologo, dans le nord du pays. De son côté, le Premier ministre, Patrick Achi, rempile dans La Mé, région qu’il dirige depuis dix ans. Kobenan Kouassi Adjoumani, le ministre de l’Agriculture, est élu dans le Gontougo, et Albert Mabri Toikeusse dans le Tonkpi. L’Indénié-Djuablin, le Sud-Comoé, le N’zi et la Marahoué sont aussi toutes remportées par le RHDP. 

Le joli coup de Mamadou Touré dans le Haut-Sassandra

Mamadou Touré, le ministre de la Promotion de la jeunesse, réussit un beau coup en ravissant le Haut-Sassandra à l’opposition. Il s’impose face à Alphonse Djédjé Mady, figure historique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui, pour l’occasion, s’était allié à Stéphane Kipré, vice-président exécutif du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI, de l’ancien président Laurent Gbagbo).

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Le PDCI, qui a perdu brutalement son leader, Henri Konan Bédié, le 1er août, est pour sa part donné gagnant dans l’Iffou et le Bélier, où le patron du Sénat, Jeannot Ahoussou-Kouadio, s’incline. Lors des précédentes régionales, en 2018, le RHDP avait remporté dix-huit régions, contre six pour le PDCI, trois pour des indépendants, une pour le Front populaire ivoirien (FPI) et trois pour des candidats se revendiquant à la fois du RHDP et du PDCI.

Le RHDP conquiert plus de la moitié des communes

À l’issue des municipales, le RHDP est largement en tête avec plus d’une centaine de communes conquises sur les 201 du pays. Lassina Ouattara, ou « Lass PR », proche du président Ouattara, devient le nouvel homme fort de la grande commune du septentrion ivoirien, Korhogo. Le ministre des Transports, Amadou Koné, s’impose dans la seconde ville du pays et ancienne capitale de la rébellion, Bouaké, tandis que la ministre de l’Éducation nationale, Mariatou Koné, l’emporte à Boundiali.

La ministre des Affaires étrangères, Kandia Camara, conserve Abobo, et l’épouse du Premier ministre, Florence Achi, est déclarée gagnante à Adzopé, chef-lieu de La Mé. Le ministre de l’Économie et des Finances, Adama Coulibaly, s’empare de Dimbokro, tandis que Grand-Bassam reste dans l’escarcelle du RHDP.

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Dans le district d’Abidjan, le RHDP s’impose dans la grande commune commerçante d’Adjamé, mais aussi à Attécoubé, Bingerville, Marcory et Yopougon. Il perd en revanche dans la huppée commune de Cocody, très convoitée, qui voit son maire sortant, le PDCI Jean-Marc Yacé, réélu malgré la candidature d’une dissidente, Yasmina Ouégnin. Le PDCI conserve également les mairies de Yamoussoukro et de Port-Bouët. Au total, il est pour le moment en tête dans vingt-cinq communes, grâce notamment à ses alliances avec le PPA-CI de Laurent Gbagbo.

Cas élevés de la dengue à Bobo-Dioulasso : Attention à l’hygiène du milieu et à l’automédication

Publié le lundi 4 septembre 2023 à 23h10min

 
Cas élevés de la dengue à Bobo-Dioulasso : Attention à l’hygiène du milieu et à l’automédication

 

 

Dans une note datée du 11 août 2023, le chef de service du Centre hospitalier universitaire Sourô Sanou (CHUSS) alertait le personnel sur l’élévation fulgurante du nombre de cas de dengue à Bobo-Dioulasso. Plusieurs raisons dont l’hygiène du milieu et l’espèce du moustique en sont données par le Pr Samdpawindé Macaire Ouédraogo, président de la Société de médecine interne du Burkina Faso, Professeur titulaire de médecine interne, chef de service de médecine interne et de la qualité CHUSS, spécialiste des questions de santé publique et de médecine communautaire.

Lefaso.net Qu’est-ce que la dengue ?

Pr Macaire Ouédraogo : La dengue est une maladie qui fait partie des grands groupes de maladies tropicales négligées ré-émergentes. Ce groupe de maladies sont dites maladies infectieuses et sévissent sous un mode épidémique mais aussi à fond endémique. C’est-à-dire qu’il y a des foyers épidémiques qui apparaissent dans le pays avec un fond qui reste un peu endémique expressif des cas sporadiques.
C’est une maladie infectieuse qui est connue depuis les années 1920 et qui était beaucoup plus présente en Asie du sud-ouest, dans les Amériques, aussi dans la Méditerranée orientale et dans les années 1980, 2000 en montant, l’Afrique est de plus en plus touchée. Il faut dire que cette maladie dite infectieuse est due à la transmission d’un virus qui fait partie de la famille des flavivirus.

C’est un flavivirus qui est transmis par la piqûre d’un moustique femelle qu’on appelle aedes aegypti. Mais en dehors de l’aedes aegypti, il y a une autre espèce connue sous le vocable aedes albopictus. C’est cette espèce qui est communément appelée moustique tigre que les gens connaissent beaucoup, un moustique un peu bigarré, noir blanc qui mène une activité diurne c’est-à-dire qui prend son repas sanguin à l’issue d’une piqure très souvent dans la journée contrairement à l’anophèle femelle.
Donc pour la dengue, c’est beaucoup plus dans la journée qu’on voit les moustiques tigrés qui piquent, prélèvent le sang et transmettent en même temps aussi le virus. C’est une maladie qui a touché le Burkina vers les années 1980 avec les foyers épidémiques qu’on a connus, en 2016-2017 où il y a eu des décès de près d’une trentaine de personnes.

La dengue est-elle différente du paludisme ou est-ce une autre forme du paludisme d’où l’appellation de palu dengue dans le langage courant ?

Ce ne sont pas les mêmes microbes. Le vecteur qui transmet le paludisme c’est l’anophèle femelle et pour la dengue c’est l’espèce aedes aegypti. Mais en réalité, ce qui fait que les gens l’assimilent souvent au paludisme pour dire que c’est le palu dengue, en dehors de la similitude symptomatique à quelques signes près, ces deux maladies peuvent coexister. Vous pouvez avoir quelqu’un qui a brutalement le corps qui chauffe, la fièvre qui survient brutalement avec quelques frissons. La goutte épaisse est positive, et après une semaine de traitement bien conduit du paludisme le patient présente encore les mêmes symptômes comme il s’agissait d’un traitement mal conduit.

Dans certains cas le test du paludisme est négatif, un traitement du paludisme est repris, mais persiste la fièvre, les céphalées, et les vomissements.
Si le test rapide de la Dengue est positif (AgNS1et/ou IgM), automatiquement les gens disent que c’est le palu dengue, le paludisme qui est devenu la dengue alors que ce sont deux choses différentes.

Ce qui fait également que les gens ont tendance à parler de palu dengue, c’est la similitude symptomatique associée à une GE positive et un TDR Dengue Positif.
Au cours de cette maladie, on a aussi des douleurs musculaires, articulaires, des vomissements, des nausées comme au cours du paludisme. En plus de ça il peut y avoir une perte du goût, quelques boutons sur le corps qui grattent, mais ce qui va faire la différence, c’est souvent quand apparaissent les signes hémorragiques, c’est-à-dire lorsque la personne éternue il y a des traces de sang ou lorsque la personne vomit, il y a du sang ou il saigne du nez. Un ensemble de symptômes qui annonce la forme sévère de la dengue.

Quels sont les symptômes de la dengue et comment faire la différence d’avec les symptômes du paludisme ?

Il y a des similitudes avec le paludisme. Quand le test rapide de la dengue est positif (AgNS1, IgM positifs, ou AgNS1 et IgG positifs, cas de ré infestation) avec une fièvre d’apparition brutale et des céphalées, il peut s’agir d’un cas probable de la dengue si en plus on a au moins deux des symptômes à savoir : les vomissements ou les nausées, les douleurs musculaires, les douleurs au niveau des articulations, du grattage dû aux éruptions cutanées, une perte de la sensation du goût avec la fatigue. Mais c’est surtout les douleurs retro orbitaires c’est-à-dire quand le malade ressent des douleurs à la mobilité oculaire, c’est assez spécifique.
Quand apparaissent les saignements (non obligatoires), on se rend compte que ce n’est pas le paludisme mais une forme de dengue qui est en train d’évoluer vers la sévérité.

Sous d’autres cieux le malade peut présenter ces signes sans test, il s’agit de cas suspect en ce moment.
Certains malades feront l’objet d’un traitement ambulatoire, mais certains seront hospitalisés si à l’examen on retrouve un gros foie, et /ou une douleur à la palpation du flanc droit, ou du liquide dans le poumon (pleurésie), ou de l’eau dans la paroi abdominale (ascite), surtout s’il est hypertendu et/ou diabétique, ou présente un tableau rénal.

L’hospitalisation est systématique également dans les formes sévères, avec détresse respiratoire c’est-à-dire que le malade a du mal à respirer ou la survenue d’un coma, avec altération de la conscience et une souffrance cérébrale. Le patient dans ces formes sévères peut présenter un tableau de choc hypovolémique ou hémorragique avec des signes diversifiés comme la baisse des chiffres tensionnels, le cœur qui bat très vite (tachycardie), les extrémités qui sont froides et une dyspnée (la respiration devient difficile). Le malade en ce moment sur le plan vital a une compromission immédiate. Donc il faut agir vite et très souvent le transférer en réanimation.

Que faut-il faire dès l’apparition de ces symptômes ?

Dès l’apparition des symptômes, étant donné qu’il y a une similitude avec d’autres maladies, des maladies virales, infectieuses, parasitaires...même si vous pensez que c’est le paludisme qui simule à s’y méprendre la dengue, il faut aller consulter dans un centre de santé. Il y a les CSPS, les CMA, les centres hospitaliers régionaux, nationaux et universitaires…pour déjà vous faire consulter et être situé car à leur niveau, le ministère de la Santé les a dotés de tests rapides. Une fois qu’on fait le test rapide et que c’est positif (avec des critères d’interprétation bien établis et maitrisés par les professionnels de la santé), il y a déjà des conseils qu’on peut vous donner pour vous-même et pour éviter la contamination de votre entourage.

Il ne faut donc pas rester à la maison, il ne faut pas faire de l’automédication. Il faut aller dans un centre de santé parce que le ministère de la Santé aujourd’hui à travers le programme de lutte contre les maladies tropicales négligées de la direction de lutte contre la maladie, a établi un guide de prise en charge codifié de la dengue par rapport à la réhydratation, à l’accompagnement du malade, les gestes à appliquer et ce qu’il faut éviter…tout ceci est important car le défaut d’application des consignes médicales peut conduire au décès du patient.

Surtout les vomissements chez les personnes âgées, ou les enfants ou les personnes vulnérables (présentant déjà une certaine fragilité du système immunitaire), peuvent se compliquer d’un choc hypovolémique et le pronostic vital immédiat dans certaines situations peut être compromis. Si le malade peut boire c’est bon, mais s’il ne peut pas boire, il faut forcément passer par une voie veineuse pour remplacer le liquide perdu.

Vous voyez qu’on ne peut pas rester à la maison, il faut aller au centre de santé pour qu’on puisse déjà faire le diagnostic, qu’on puisse commencer la réhydratation au besoin ou qu’on vous donne des antalgiques bien indiqués parce qu’au cours de cette maladie, il y a le risque hémorragique qui est là. Ils vous diront d’éviter de prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens. En effet dans notre contexte de vie quelqu’un qui a mal aux articulations, qui a mal aux muscles, le premier réflexe c’est de prendre de l’ibuprofène et ou de l’aspirine et ou du paracétamol.

Certaines de ces molécules ne sont pas du tout conseillées et à proscrire. L’utilisation abusive des anti-inflammatoires non stéroïdiens en plus de ses effets nocifs sur le rein, peuvent aggraver l’hémorragie car pouvant contribuer au saignement de petites lésions dans le corps par le blocage de l’action de certaines substances. L’aspirine est aussi est à éviter.

Les gens ont tendance à casser la fièvre avec des antalgiques et ce sont malheureusement ces antalgiques qui vont les amener vers la situation grave hémorragique. Prendre des calmants n’est pas déconseillé dans le cas de la dengue mais suivre strictement les consignes des professionnels de santé qui savent très bien les antalgiques indiqués selon le tableau que présente le malade. Vous serez étonné de savoir que dans certaines situations même le paracétamol est évité.

C’est aussi une invite à ne pas abuser des anti-inflammatoires au moindre mal, même hormis le cas de la dengue. On illustre souvent l’utilisation de ces médicaments en supposant que « dans 20 sacs de femmes, 18 contiendront IBU et PARA ». Le paracétamol dans les atteintes hépatiques (hépatopathies) peut aggraver l’hémorragie.

Quelles sont les précautions à prendre pour éviter cette maladie ?

Avant même l’installation de la maladie, il y a des précautions à prendre. Pendant que vous êtes malade, il y a des précautions à prendre et après la maladie.
Avant la maladie, il faut savoir d’abord que le milieu de vie compte beaucoup dans la transmission de la maladie. Ce moustique a une activité diurne (dans la journée) et non nocturne, c’est dans la journée qu’il pique.

Ce qui veut dire qu’il faut vraiment faire attention à ce qu’il y ait un bon assainissement, éviter les gîtes larvaires, les eaux stagnantes, les restes d’eaux dans les vieux bidons qui restent dans les cours, les vieilles boîtes déposées avec des restes d’eau à l’intérieur. Il y en a même souvent qui laissent des pneus avec de l’eau dedans, des retenues d’eau de barriques, de fûts, même les canaris que les gens ne couvrent pas …Tout cela constitue des gîtes où le moustique vient pondre ses œufs.

Ensuite ceux qui veulent, peuvent utiliser les crèmes répulsives, les frotter sur le corps dans un milieu où il y a des moustiques, les spirales dont la fumée répulsive chasse les moustiques ou encore des insecticides.
A l’échelle de la santé publique, avant la maladie ce qui serait bien c’est la lutte antivectorielle avec l’épandage de beaucoup d’insecticides dans la ville, mais ça coûte très cher et ce n’est pas évident. Mais déjà, à l’échelle individuelle avant la maladie, chacun pourrait observer des mesures préventives.

Au-delà de ces précautions, il arrive que vous soyez infectés. Durant les cinq premiers jours, vous êtes infectieux. En ce moment, vous avez encore le virus dans le sang, l’organisme n’a pas encore eu le temps de produire des anticorps parce que c’est au bout du troisième jour en allant jusqu’à trois mois que les premiers anticorps apparaissent. Dans ces cinq premiers jours, le malade est hautement contagieux à travers la piqûre du vecteur au cours de son repas sanguin. Il infecte ainsi l’entourage par de nouvelles piqures. Ainsi se fera la propagation de la maladie à partir de l’hôte qui est l’homme, réservoir de virus, c’est le cycle urbain et semi urbain et qui diffère du cycle sylvatique qui a lieu chez le chimpanzé en forêt. L’usage de la moustiquaire, est également un moyen prophylactique.

A cette phase de haute contagiosité, le patient doit observer rigoureusement ces consignes afin de réduire la propagation de la maladie à travers la contamination de l’entourage.

En effet après la guérison, votre accompagnant peut à son tour faire la maladie et pire, présenter des signes de sévérité.
Les enfants sont très fragiles surtout avant neuf ans, les moustiques les piquent facilement donc il faut les protéger en utilisant les crèmes répulsives, les spirales… les moustiquaires tout ce qui peut repousser les moustiques. Il n’y a que ça pour pouvoir réduire la séroprévalence de cette maladie.

Maintenant si vous avez contracté la maladie, il faut savoir que vous pouvez encore faire une ré infestation à un autre sérotype (il y’en a 4, le cinquième est surtout à cycle sylvatique). Certains disent « Quand on fait la maladie c’est fini, on est immunisé à vie ». Oui, mais comme il y a jusqu’à quatre stéréotypes, et l’infection par un stéréotype n’entraîne pas une immunité commune aux 4 stéréotypes.

 

 

Pr Samdpawindé Macaire Ouédraogo,
chef de service de Médecine interne et de la qualité CHUSS

En revanche l’infection par un stéréotype confère une immunité définitive pour ce stéréotype. Donc vous pouvez faire par exemple la dengue avec le stéréotype 1 ou 2 puis après guérison, vous en refaite avec un autre stéréotype. Le stéréotype 3 responsable de cas dengue au Burkina est par contre très rare sous d’autres contrées.

Cette nouvelle infestation présage de la sévérité de la maladie. En effet si le premier épisode n’est pas corrélé à la sévérité de la maladie, la deuxième ou troisième infestation peut progresser rapidement vers la forme sévère et compromettre le pronostic vital immédiat...

Le vaccin reste un espoir pour la prévention de cette maladie. Mais en ce moment de nombreuses controverses existent quant à la cible à vacciner.
En fait le vaccin produit par Sanofi pasteur confère une immunité au-delà de 75% chez les personnes qui ont été infestées et qui ont déjà fait la maladie. Cependant chez les personnes naïves, n’ayant jamais eu de contact avec l’AgNS1, elles développent une forme d’emblée sévère quand elles sont infestées après l’immunisation vaccinale, ce qui d’ailleurs a conduit à l’arrêt de la vaccination dans les années 2017 dans les Philippines.

Aussi, ce vaccin ne peut pas être administré aux femmes enceintes, aux personnes âgées, aux jeunes enfants…mais d’autres candidats vaccins sont à l’essai et nous gardons l’espoir qu’un vaccin sera disponibilisé et commercialisé d’ici quelques années.

Comment traite-t-on la dengue (médicaments, alimentation) ?

Avec la dengue, il n’y a pas de traitement spécifique comme le paludisme… on parle de traitement symptomatique c’est-à-dire que si le malade vient, en fonction du signe qu’on observe, on met le malade dans un certain confort. Par exemple si on voit que le malade est un peu déshydraté (ceux qui ont beaucoup vomi), on met un processus de réhydratation en place. Ça permet rapidement de sauver le malade.

En plus de ça, on peut accompagner le malade à travers des médicaments qui vont casser la fièvre puisque souvent il y a des maux de tête, des douleurs retro orbitaires et musculaires. Des antalgiques pourraient être prescrits pour calmer en tenant compte des médicaments proscrits (l’aspirine, AINS etc…).

Le malade peut s’alimenter comme il le souhaite en tenant compte des pathologies connues déjà. Cependant, lorsqu’il y a perturbation de production des facteurs de la coagulation au niveau hépatique, il faudra éviter les repas gras car le métabolisme des graisses se passent au niveau du foie. S’il n’y a pas d’atteinte à ce niveau, il n’y a pas de problème, il n’y a pas d’interdit alimentaire.

Mais il faut toujours faire attention même quand on est en bonne santé à l’excès d’huile, de sucre, de sel. On peut aussi aider à remonter l’immunité, ce n’est pas obligatoire, souvent on peut mettre un peu de vitamine C. Ce qui est vraiment important c’est le repos, la réhydratation et calmer la fièvre et les douleurs.
Ensuite s’il y a d’autres signes de détresse par exemple si le malade ne peut plus respirer ou bien il rentre en état de choc, il y a d’autres substances qu’on peut utiliser pour y faire face.

Il n’y a pas de traitement spécifique. C’est vous-même qui allez lutter contre la maladie à travers la production d’anticorps, voilà pourquoi le repos est important afin que l’organisme puisse consacrer plus de force au processus d’immunisation acquise. Aucun médicament disponible ne permet un traitement curatif, et l’espoir réside dans la disponibilisation du vaccin qui pourrait permettre le contrôle de cette maladie virale tropicale dite négligée en réémergence.

Selon une note d’information datant du 11 août 2023 au niveau du CHUSS, on interpellait le personnel sur la croissance de la dengue à Bobo-Dioulasso, quelles sont les raisons de ce nombre élevé de cas de dengue précisément dans cette ville ?

Effectivement on a eu une réémergence, ou des foyers épidémiques de cas à Bobo. Nous pensons que l’assainissement du milieu y est pour beaucoup. Lorsque le niveau d’hygiène se détériore dans certains quartiers, ça peut entraîner une forte propension d’éclosion des œufs de moustiques aedes aegypti ou albopictus.

Ainsi, le défaut d’assainissement du milieu, le manque d’hygiène dans certains quartiers, peut être justement source de survenue d’épidémie. Lorsqu’il y a eu ces cas, l’hôpital a enregistré beaucoup de cas suspects avec des tests positifs.
Tout l’entourage de ces cas positifs était exposé, vu que les patients arrivent très souvent sans aucune mesure tendant à empêcher la contamination de cet entourage immédiat. Ainsi la propagation a été très rapide à tel point que nous avions eu une rupture de tests à un certain moment. C’est en partie ce qui explique cette flambée des cas de dengue à Bobo-Dioulasso. La maîtrise de cette flambée réside dans le renforcement des mesures préventives ci-haut citées à l’échelle individuelle et collective.

Il faudrait recourir aux structures sanitaires dès l’apparition de symptômes de suspicion de cas de dengue ci-haut cités.
Le recours à l’automédication ou au traitement traditionnel ne fera que faciliter la propagation de la maladie à travers le retard diagnostic et la non observance des consignes médicales en rapport avec l’adoption de comportements hygiéniques visant à réduire des nouvelles infestations.

Quelles sont présentement les statistiques dans les Hauts-Bassins ?

A la semaine 33 du 14 au 20 Août, on dénombrait à Bobo-Dioulasso 26 cas probables de dengue (TDR+) dont 2 décès.
La dengue qui est une arbovirose a une similitude avec d’autres fièvres virales hémorragiques telles que la fièvre jaune, le virus zika…et les tests rapides ne permettent pas la confirmation du type d’infection.

Devant un cas probable avec un TDR positif, il faut que l’échantillon soit envoyé au laboratoire national et sous régional de surveillance des fièvres hémorragiques virales LNR-FHV laboratoire P3 au Centre Muraz de Bobo-Dioulasso pour confirmation.
C’est ce qui va permettre de pouvoir dire qu’effectivement il s’agit de cette maladie et la confirmer ou infirmer. Il faut donc que la référence sanitaire nationale soit bien organisée de sorte à ce que les échantillons prélevés puissent parvenir à ces laboratoires de références pour que nous puissions avoir des chiffres de séroprévalence clairs. Sinon on n’aura toujours que des suspicions de cas ou des cas probables comme depuis 2017 où il y a eu près de 6 000 ou 7 000 cas, 36 décès à peu près ; mais tout ceci n’est que de la suspicion.

Actuellement il y a le Centre national de formation et de recherche sur le palu qui est en train de travailler sur ces chiffres de séroprévalence à partir des laboratoires de références pour avoir des données claires sur la maladie. Mais à ce jour, sur le plan mondial, on sait que par année, il y a près de 400 millions de nouveaux cas avec à peu près 100 millions de cas où on arrive à confirmer.

On sait aussi qu’au Burkina Faso, le stéréotype 3 a été confirmé, ce qui est rare dans les autres régions. Donc les données sont anciennes et doivent être réactualisées d’ici fin 2023. Il y a déjà le projet d’études de la séroprévalence en cours depuis 2021 et qui doit finir en fin 2023 et dirigé par le Centre national de formation et de recherche sur le paludisme. Donc à partir des cas de suspicions qu’on a, peut-être qu’on aura maintenant des chiffres actualisés par rapport à cette maladie qui sévit au Burkina.

Haoua Touré
Lefaso.net

Mali, Burkina, Niger… Pour Air France, la fin de l’âge d’or ?

En quittant précipitamment Bamako, la compagnie française s’est attiré les foudres des autorités locales. Alors que les dessertes de plusieurs destinations africaines sont suspendues, les concurrents sont déjà en embuscade.

Mis à jour le 1 septembre 2023 à 17:33
 
airbus

 

 

Un Airbus A320 d’Air France au départ de l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle, le 27 octobre 2015. © Christian Hartmann/REUTERS

 

 

Plus de 10 000 sièges proposés en août 2022, moins de 5 000 l’année suivante. Pour Air France, la suspension des vols entre Paris et Bamako, en vigueur depuis le 7 août, est loin d’être indolore. Et pour cause : après Abidjan et Dakar, la capitale malienne était, à l’été 2022, la 3e destination d’Afrique subsaharienne (si l’on excepte la ville française de Saint-Denis), en matière de capacité, selon le fournisseur de données aériennes OAG.

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Si Niamey et Ouagadougou sont loin derrière, avec une offre de 4 000 sièges pour chacune des deux destinations en août 2022, l’arrêt brutal de leurs dessertes par la compagnie française, depuis le 27 juillet pour la première et le 7 août pour la seconde, n’en signifie pas moins la perte cumulée de plusieurs milliers de sièges, représentant au moins 3 millions d’euros de manque à gagner, selon nos estimations. Ajouter le Mali à ce calcul revient, à peu de chose près, à doubler la facture.

Concurrents en embuscade

D’un point de vue purement économique, Air France n’avait donc aucun intérêt à suspendre ses opérations dans les trois pays. La décision du ministère français des Affaires étrangères de placer ces derniers, à compter du 7 août, en vigilance rouge (« zones formellement déconseillées »), n’a pas laissé le choix à la compagnie, qui a opté pour la sécurité et rapatrié son personnel. Au moins jusqu’au 10 septembre, pour le Mali et le Burkina Faso, et « jusqu’à nouvel ordre », pour le Niger, nous confirme la compagnie qui assume « avoir suivi les recommandations officielles ».

Cette résolution – brutale, la décision du Quai d’Orsay ayant été prise un dimanche, à la veille de son entrée en vigueur – n’a pas été du goût des autorités maliennes, déjà en froid avec la France, selon lesquelles la compagnie française a commis un « manquement notoire » aux termes de son autorisation d’exploitation.

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« Ce manquement entraîne l’annulation de votre autorisation d’exploitation de vols », a signifié à Air France l’Agence malienne de l’aviation civile. Une procédure que la compagnie française s’efforce de relativiser : « Nous devrons soumettre une nouvelle demande d’autorisation lorsque nous reprendrons les vols, c’est une procédure normale », indique Air France, qui s’efforce, selon nos informations, de renouer le contact avec Bamako. Car l’agence malienne prévient aussi que les créneaux d’Air France « pourraient être accordé[s] à une autre compagnie qui le[s] solliciterait ».

Une compagnie nationale malienne ?

Et si la création d’une compagnie nationale en partenariat avec la Russie, évoquée par Assimi Goïta dans la foulée du sommet Russie-Afrique, reste encore un vœu pieux, d’autres candidatures, bien plus concrètes, sont dans les tuyaux.

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Parmi les compagnies installées dans la sous-région, Air Sénégal, par exemple, dispose d’une flotte d’A330 qui pourrait lui permettre de mener ce genre d’opérations. « Comme toute entreprise, nous évaluons en permanence le marché et les possibles nouvelles routes », indique à Jeune Afrique une source proche de la compagnie, qui ne souhaite ni confirmer ni infirmer son intérêt pour la ligne en question.

Corsair, qui exploite une ligne estivale Paris-Bamako sur les droits de trafic maliens, n’a pas interrompu ses vols en dépit des recommandations du ministère français des Affaires étrangères. Et alors que son planning initial de trois vols par semaine – qu’elle effectue avec un A340-300 et un équipage loués pour l’occasion – devait s’arrêter le 28 septembre, elle envisage d’opérer quatre fréquences hebdomadaires à compter du 2 octobre, cette fois avec sa propre flotte A330, précise-t-elle à Jeune Afrique.

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D’un point de vue juridique, « chaque État est souverain sur son espace aérien et a le droit d’accorder l’autorisation ou non à une compagnie aérienne », explique le spécialiste du droit aérien international Hamadi Gatta Wagué, contacté par Jeune Afrique. « Dans le domaine aérien, le bilatéralisme est privilégié, mais les accords sont souvent confidentiels », précise le doctorant en droit aérien Bassirou Koumé, selon lequel ces accords « peuvent être remis en question à tout moment ».

14 % du chiffre d’affaires

Cette crispation marque un tournant dans les relations entre le Mali et la compagnie française, qui a fêté, en 2017, les 80 ans de la ligne Bamako-Paris. « Peu importe les événements qui ont pu survenir, conflits ou situations sécuritaires mouvementées, nous n’avons jamais interrompu notre desserte et continuerons à être fidèles à cette destination », assurait alors à Jeune Afrique son directeur général, Franck Terner. Tout au plus, la compagnie s’était adaptée en réduisant momentanément ses fréquences et en n’hébergeant plus son personnel navigant sur place, par mesure de sécurité.

Et si une interruption forcée a tout de même dû être opérée pendant la pandémie de Covid, l’Afrique subsaharienne a été, pour la compagnie, l’une des régions les plus résilientes dans la période qui a suivi, représentant en 2021 près de 18 % de son chiffre d’affaires réseau – un chiffre retombé à 14 % en 2022, lorsque d’autres destinations, notamment en Asie, ont commencé à reprendre des couleurs.

La crise semble moins profonde au Burkina Faso – dont les autorités n’ont pas fait de telles déclarations. Quant au Niger, la situation y est encore confuse. Libreville, fermée depuis le 30 août à la suite du putsch gabonais, est aussi une destination importante pour Air France, qui offrait près de 9 000 sièges en vol direct pour la destination, en août 2022. Mais la suspension, pour l’instant jugée temporaire, y est de ce fait moins préoccupante : la compagnie française envisage sérieusement la reprise de ses opérations dès le petit matin du 3 septembre.