DÉBUTS DE L'ÉGLISE AU BURKINA
Texte qui fait suite à celui sur les débuts de l'Église en Afrique de l'Ouest que vous trouverez dans la page d'accueil.
Après avoir fondé près de Ségou le poste de Banankourou, le 19 janvier 1899, Mgr Hacquart, vicaire apostolique du Soudan, part au pays mossi le 26 février de la même année. Il traverse le pays Bobo, et le pays Samo. C'était la misère et la famine, à cause des sauterelles. Il entre au pays Mossi par Nyouma, La et Yako. Il entre à Ouagadougou par Sabtenga où il est bien reçu. L'organisation du Mossi et les qualités du peuple l'impressionnent.
Au mois de septembre 1899, Monseigneur Hacquart recevait encore six Pères et trois Frères. Il quitta Ségou avec eux vers le milieu de décembre pour arriver à Ouagadougou le 13 janvier 1900. Il avait pensé installer ses missionnaires à Ouagadougou, mais la situation politique l'en dissuadait. Il se décida pour Koupèla. La population est de 1500 à 2000 âmes, sans compter les villages des alentours.
Il écrivait à ce propos : « Il n'est pas possible de trouver un chef et une population mieux disposés: la droiture et la sincérité les caractérisent, et Koupèla n'est pas une exception. Il ne faudrait pas un seul poste de mission, mais il en faudrait dix; il en faudrait vingt. Et d'abord, il en faudrait trois ou quatre sans tarder. »
Koupèla fut fondé le 22 janvier 1900. Mgr Hacquart y laissa les Pères Canac, Menet, La Croix et le Frère Célestin. (Koupèla est donc la première paroisse du pays.) Et il installa les trois autres à Fada N'Gourma au mois de février 1900. Il visita ensuite le pays Bisa, les Gourounis, puis rentra à Ségou.
Le 01 janvier 1901, Monseigneur Hacquart fondait le poste de Kouandé dans le Haut-Dahomey, poste qui sera cédé, avec Fada, aux Pères des Missions Africaines de Lyon, parce que ceux-ci occupaient déjà la plus grande partie du Dahomey. Les Pères du Saint Esprit demandèrent à Monseigneur Hacquart de prendre les trois postes de Kayes, Dinguira et Kita au Soudan, en échange d'une juridiction en Guinée, à la fin de 1900. La tâche de procéder à ces échanges incombera au successeur de Monseigneur Hacquart, car, en pleine force, en pleine activité, Monseigneur Hacquart se noyait accidentellement dans le Niger à Ségou, le 04 avril 1901.
Monseigneur Bazin était nommé le 27 juillet 1901 vicaire apostolique et sacré évêque à Carthage le 08 septembre 1901. Par décret du 19 juillet 1901, le vicariat du Sahara - Soudan était divisé en deux parties : la préfecture du Sahara et le vicariat du Soudan. Monseigneur Bazin avait donc la responsabilité du seul Soudan. Il mit à exécution le projet de fondation de Ouagadougou, projet formé par Monseigneur Hacquart. Les Pères arrivèrent en juin 1901 à Ouagadougou venant des postes du Haut Dahomey qui étaient passés dans les mains des Missionnaires de Lyon.
Le supérieur nommé pour Ouagadougou, le Père Templier, était un homme d'action et un homme de Dieu, qui sut voir loin et grand et lança la mission sur la bonne voie.
Dès 1904, Le Père Templier écrivait, au sujet de la mission de Ouagadougou : « Après 33 mois de présence, plus de 700 catéchumènes se pressent à nos instructions. Nous faisons plus de 50 catéchismes par semaine. Notre action s'étend sur un rayon de 10 à 12 kilomètres autour de la capitale. Près de 27 villages sur 50 à 60 sont visités. Dans les premiers temps, les Pères allaient eux-mêmes organiser les catéchismes. Aujourd'hui, nos jeunes gens se chargent de ce soin. Quand les choses sont en train et qu'un auditoire sérieux est assuré, les gens nous appellent... »
Il faut souligner ici le travail fait par des laïcs chrétiens, sans lesquels le travail d'évangélisation est impossible. Le Père Templier y croyait et le mettait en pratique.
Monseigneur Bazin, qui réalisa la fondation de Ouagadougou en 1901, envoya, dans les années suivantes, un foyer de laïcs pour aider le Pères dans les débuts de cette mission. Le 03 septembre 1904, le foyer Alfred Diban Ki-Zerbo et sa femme Louise Coulibaly partent pour le Mossi, à partir de Banankourou, mission qui avait été fondée à 20 kilomètres de Ségou, en pleine campagne, pour permettre aux esclaves rachetés de pouvoir travailler et vivre comme tout le monde.
Ce village faisait partie de ce qu'on appelait" village de liberté". Alfred avait été baptisé en avril 1901, le matin même du jour où Monseigneur Hacquart s'était accidentellement noyé. Il s'est marié avec Louise en 1903. Monseigneur Bazin trouvait en ce foyer profondément pénétré par la foi le souffle missionnaire qui leur a permis de s'engager aux côtés des missionnaires qui, depuis trois ans, étaient à pied d'œuvre à Ouagadougou. Ce foyer trouva une jeune Église déjà lancée depuis deux ans et plus. Il travailla avec le Père Templier et les autres missionnaires : constructions (dispensaire, église, écoles), cuisinier... Il apprit le mooré qu'il parlait très bien et annonça la Parole de Dieu par sa vie et sa parole.
Alfred Diban est une figure qui a marqué les débuts de notre Église burkinabè. Sa vie se trouve aussi liée étroitement à la vie des débuts de l'Église en Afrique de l'Ouest intérieure, commençant à Ségou, puis à Ouagadougou (1904), Navrongo (1906), Réo (1912), et Toma (1913); elle est aussi liée aux événements historiques que nos pays ont vécus, auxquels ils ont été mêlés.
Pour mieux comprendre le fil de cette histoire, on pourrait lire sa vie depuis sa jeunesse jusqu'à sa mort, le 10 mai 1980 dans un livre écrit par son propre fils, Joseph Ki-Zerbo, intitulé « Alfred Diban, premier chrétien de Haute Volta », éditions du Cerf, et un autre écrit par le P. Gabriel Pichard : « Témoin de Dieu et fondateur d'Église ».
Nous reprenons maintenant le cours de l'histoire de l'évangélisation avec Monseigneur Bazin.
1 - Le temps de Monseigneur Bazin comme chef de mission fut difficile : la bilieuse faisait des ravages, et par-dessus tout les épidémies de fièvre jaune. Pendant le pontificat de Monseigneur Bazin, il y eut 14 décès de Pères et 9 décès de Sœurs, sur un effectif de missionnaires très jeune, et qui n'atteignait jamais le chiffre de quarante personnes. C'est ce qui fait que Monseigneur le Bazin disait à un interlocuteur qui lui demandait à Ségou combien il avait de missionnaires : " Venez avec moi au cimetière : c'est là que les missionnaires sont les plus nombreux. "
2 - Une autre difficulté à l'œuvre missionnaire de l'époque, c'était l'état d'insécurité dans lequel se trouvaient en France les sociétés religieuses avec la loi de 1904. Cette loi rendait difficile la mission dans les pays sous contrôle français et difficile aussi l'investissement en personnel. C'est une des raisons qui avait fait penser à une fondation à Navrongo, en pays sous contrôle anglais, au cas où les difficultés avec le gouvernement français à Ouagadougou rendraient la mission impossible en pays Mossi.
C'est l'époque où les instituts religieux et missionnaires fondaient des postes de mission, non plus en colonie française, mais dans les pays sous contrôle anglais ou belge (Zaïre, Rwanda). Dix-huit nouveaux postes de mission sont ainsi fondés durant cette période de 1904 à 1910, dans les pays africains sous contrôle anglais, belge ou allemand.
On pense parfois que la mission était liée à la colonisation. Les mesures administratives coloniales de l'époque montrent tout le contraire. Non seulement il y avait des interdits pour empêcher l'établissement de missions nouvelles, mais les nombreuses tracasseries empêchaient aussi leur développement. Par exemple :
Le 01 janvier 1905, les hôpitaux de Kayes et de Kati, tenus "par des religieuses, Kayes par les Sœurs de saint Joseph de Cluny, Kati par les Sœurs Blanches, ces hôpitaux étaient laïcisés et les Sœurs priées de partir.
Il y avait à Ségou une action très nette pour détourner les parents d'envoyer leurs enfants à l'école de la Mission et d'aller eux-mêmes écouter les Pères. L'école se vida, la léproserie aussi.
L'année 1906 fut plus sombre. Un haut dignitaire de la franc-maçonnerie, inspecteur des écoles, fut envoyé en Afrique Occidentale pour visiter les écoles laïques, et surtout pour faire une enquête sur les missions et entraver le plus possible leur action. À la suite du passage à Ouagadougou de l'inspecteur des écoles, Monsieur Vernochet, des parents sont priés de retirer leurs enfants de l'école des Pères!
Le capitaine déclare aux chefs de villages que les Pères n'ont pas le droit d'avoir une case dans les villages et que celles-ci doivent être démolies (diaire 18 mai 1906).
Monseigneur Bazin, résumait la situation en ces termes :
« Il n'y a aucune persécution sanglante, ni même aucune mesure générale prises contre nous. Mais depuis que l'anticléricalisme est devenu article d'exportation, certains ne se gênent plus du tout vis-à-vis des missionnaires et des priants.
Les manœuvres sournoises, les tracasseries hypocrites sont les armes employées de préférence par les persécuteurs modernes. Ici, on essaie de détourner les villages de nos catéchismes ou leurs enfants de nos écoles. Là, on pousse par des promesses les chrétiens à l'apostasie, on leur offre de l'argent pour avoir des femmes. Ailleurs on se moque des croix, et des médailles que l'on voit à leur cou. Bref, on veut jeter le discrédit sur notre œuvre et faire le vide autour de nous. Ailleurs, la pression exercée fut telle que parfois on refusa de donner à boire à nos chevaux, et partout chefs et parents interdirent à leurs subordonnés d'assister aux catéchismes. » (Rapport 1907).
Cependant, en 1910, il y eut un revirement des dispositions administratives françaises sous certaines influences politiques, et Monseigneur Bazin voyait enfin la possibilité d'établir de nouveaux postes de mission. Sa mort cette année-là l'empêcha de réaliser ces nouvelles fondations.
3 - Monseigneur Bazin a beaucoup souffert du train de vie que son immense vicariat lui imposait. Courses interminables et épuisantes : une année à l'Est, où il lui fallait de vingt-quatre à trente-quatre jours pour atteindre Ouagadougou; une année à l'Ouest.
Il a souffert aussi des persécutions anticléricales de l'administration coloniale, nous l'avons vu.
4 - Il a souffert aussi du manque de soutien de ses supérieurs, qui croyaient la mission condamnée à disparaître dans la tourmente antireligieuse de la métropole... Lui-même, ancien supérieur du scolasticat de Carthage, n'avait pas fait la mission, et il était un peu pris au dépourvu pour les directives nouvelles que les circonstances imposaient.
Par ailleurs, homme austère et de grande sainteté, il travailla à ce que la vie religieuse fût parfaitement vécue chez les missionnaires. Il formait ainsi pour ses successeurs et pour des temps plus favorables, des ouvriers mieux adaptés à l'œuvre de Dieu.
Homme d'étude, il composa et fit imprimer en 1906, à 500 exemplaires, son dictionnaire bambara, magnifique ouvrage de 693 pages, auquel on se rapporte encore.
En 1910, à la mort de Monseigneur Bazin, il y avait 1150 chrétiens dans tout le vicariat apostolique du Soudan :
818, dans les postes de l'Ouest : 106 à Kayes ; 94 à Dinguira, 215 à Kita, 72 à Kati, 156 à Ségou et 175 à Banankourou.
332, dans les postes de l'Est : 142 à Ouagadougou, 167 à Koupèla et 23 à Navrongo. (Tiré du livre « Les missions des Pères Blancs en Afrique de l'Ouest, avant 1939 » du Père André Prost, pages 88-89).
Monseigneur Lemaître remplace Mgr Bazin comme vicaire apostolique de la zone du Soudan. Et par bonheur, le gouverneur général mettait un point final à la politique pro musulmane suivie jadis. Le nouveau vicaire apostolique saura profiter des bonnes dispositions des autorités administratives. Il réalisera de nouvelles fondations en pays mossi, mais aussi chez les peuples : Bobo, Samo, Marka. Une première mission fut érigée à Réo en 1912. Ensuite, une fondation en pays Bwaba, à Bondokuy-Tankuy, eu autre en pays Samo à Toma en 1913.
Les missionnaires se fatiguaient beaucoup dans leurs tournées apostoliques. Ils sentirent vite le besoin d'être secondés par des auxiliaires. Une première école de formation des catéchistes s'ouvrit à Ouagadougou en 1915, avec un double but : former soit des catéchistes, soit des jeunes qui entreraient à l'école cléricale pour devenir séminaristes et futurs prêtres. De cette école sortira le petit séminaire de Pabré.
Pour s'occuper des femmes, il fallait des Sœurs. Les Sœurs Blanches arrivent à Ouagadougou en décembre 1912, puis en janvier 1914 à Koupèla Il y avait aussi l'épineux problème du mariage forcé des jeunes filles : presque partout la jeune fille n'était pas consultée pour son mariage et presque partout elle était donnée contre le paiement d'une dot depuis sa plus tendre enfance. Il faudra lutter jusqu'en 1939 pour que justice soit faite aux filles chrétiennes et la liberté donnée à la femme de suivre sa conscience dans un mariage fait selon son libre choix.
En 1919, Mgr Lemaître fonde le poste de Manga et en 1920, il est appelé à être coadjuteur de l'évêque de Carthage en Tunisie. Le 7 juillet 1921, le Père Joanny Thevenoud est nommé évêque et administrateur apostolique du nouveau vicariat de Ouagadougou. Il devenait donc évêque de tout ce qui est le Burkina Faso d'aujourd'hui avec en plus le nord de la Gold Coast.
Mgr Thevenoud est une personnalité qui a eu une influence énorme pour la fondation de l'Église en Haute-Volta. Il a duré à Ouagadougou 46 ans dont 28 ans d'épiscopat. Son action : il fut un pionnier au point de vue économique et social. En agriculture, c'est lui qui planta le premier manguier au Burkina Faso sans compter d'autres cultures qu'il essaya : vigne, pommes de terre, champs de blé. Il construisit le premier barrage qui ait jamais existé en Haute-Volta. Il lança l'élevage des moutons mérinos pour la laine et la première usine de tissage, en plus d'ouvrir une menuiserie mécanique, etc.
Au point de vue social, il se bat à tous les niveaux, juridique et religieux, pour donner à la femme voltaïque ses droits et sa dignité. Il fut parmi les grands lutteurs pour la liberté de la femme dans le mariage.
Avec le Père Goarnisson, les Missionnaires d'Afrique ont pu unir harmonieusement l'action médicale et l'action apostolique. Ils formèrent les premiers infirmiers de la Haute-Volta, et lancèrent aussi le service ophtalmologique qui fit tant de bien aux aveugles souffrant de la cataracte.
Au point de vue apostolat, partout un catéchuménat qui durait quatre ans : les missionnaires voulaient former une chrétienté adulte et solide et faisant le moins souvent appel à des motifs purement humains : cadeaux, etc. C'est à cause de cela que l'augmentation du nombre de chrétiens semblait lente à ses débuts. Ils ouvrirent très vite des écoles pour les enfants et organisèrent le laïcat : action catholique et mouvements de piété.
Ils faisaient des tournées régulières et méthodiques dans les villages. Ils formaient des catéchistes, (une première école s'ouvrait à Pabré puis à Guilongou en 1925) et tout cela après avoir pris le temps d'apprendre sérieusement la langue. Qui eut prédit à cette époque que, à peine 100 ans plus tard, onze évêchés surgiraient en terre voltaïque avec des évêques africains et un cardinal?
Le 15 avril 1922, naquit la congrégation des Sœurs de l'Immaculée Conception avec Mgr Thevenoud comme fondateur et les Sœurs Blanches comme formatrices. L'apostolat confié aux Soeurs de l'Immaculée Conception est varié : éducation des jeunes filles, catéchismes, écoles ménagères, dispensaires, etc.
Les Missionnaires d'Afrique ont toujours eu à cœur de former la jeune Église du Burkina afin qu'elle puisse s'assurer à elle-même ses propres pasteurs. C'est pourquoi nous les retrouvons dans les séminaires de formation des futurs prêtres. Dès 1933, les premiers élèves sortis d'une école dite cléricale étaient prêts pour entrer au séminaire à Pabré. Le séminaire de Koumi à 15 kilomètres de Bobo-Dioulasso viendra en 1934 et en 1942 on verra les premières ordinations sacerdotales.
L'époque qui suit la première guerre mondiale jusqu'à la deuxième guerre mondiale va voir l'essor de l'évangélisation en Afrique Occidentale : le chiffre des chrétiens a décuplé de 1919 à 1939 : il est passé de 4543 à 49375 chrétiens baptisés en 20 ans. Au cours de la même période, 33 nouveaux postes de missions ont été créés, alors qu'il n'y en avait que 13 en 1921. Le nombre de missionnaires est aussi passé de 39 en 1921 à 174 (dont 151 prêtres) en 1939. En 1927 est créée la préfecture apostolique de Bobo-Dioulasso : elle était formée de territoires pris sur le vicariat de Bamako et de territoires pris sur le vicariat de Ouagadougou. Cette préfecture connut un essor considérable entre 1931 et1934 avec la conversion en masse des Dagaris dans la région de Dissin et Dano qui font partie maintenant du diocèse de Diébougou.
Un autre mouvement de conversion en masse a eu lieu à la paroisse de Massala, fondée en 1929, dans la préfecture de Bobo-Dioulasso. Ce mouvement de conversion découle de l'attitude des Pères qui prennent la défense des chrétiens face aux injustices commises par certains membres de l'administration coloniale du temps.
Bobo-Dioulasso devint vicariat apostolique en 1937 qui était vraiment trop vaste. Une première division de cet immense vicariat connaît le jour en 1942 avec l'érection de la préfecture de Gao qui devint, avec des changements, le diocèse de Nouna-Dédougou avec Mgr Jean Lesourd. En 1947, la préfecture de Gao fut divisée et toute la partie nord fut confiée à un missionnaire venu du Sahara, Mgr Pierre Leclerc, et garda le titre de préfecture apostolique de Gao.
Mgr Lesourd voulait fonder un poste de mission dans toutes les ethnies de sa préfecture apostolique pour permettre à toute la population d'entendre la Bonne Nouvelle. Il fonda Zaba en 1947, chez les Markas, et Bomborokuy en 1948, chez les Bwabas. En 1949, il fondait le premier poste en pays Dogon à Sèguè. Le pays Dogon demeurait encore alors rattaché à la préfecture de Nouna. C'est en 1953 que la région de Mopti et Bandiagara fut rattachée à la préfecture de Mopti au Mali.
D'autres fondations : Togo dans la région de Mandiakuy, Tansila en 1951 chez les Bobo-Fings, Tougan en 1952 chez les Samos du Nord, Boni chez les Bwabas en 1959, Safané chez les Markas en 1966, Kiembara en 1967, Oury en 1970 chez les Nounouma et les Ko.
Pendant le règne de Mgr Lesourd, le petit séminaire de Tionkuy fut fondé ainsi que le Centre de formation des catéchistes du même endroit. Les missionnaires ouvrirent aussi un centre d'animateurs ruraux et un centre de formation à l'artisanat rural où on formait des maçons, des menuisiers, des électroniciens, etc., pour le développement matériel des populations. En 1972, la sécheresse se faisant sentir dans le milieu rural, ils construisirent des puits. Autant d'actions de l'Église qui montrent que pour elle, à tous les moments de son existence, elle n'a jamais séparé le développement de l'évangélisation.
Des écoles primaires ont été fondées sur toutes les paroisses. Dès octobre 1844, une promotion de cinq instituteurs sortait de l'école normale provisoire de la mission de Ouagadougou et en 1943, une école normale de moniteurs pour toute la Haute-Volta était ouverte à Pabré sous la direction du Père Buertz. L'école normale des Frères des Écoles Chrétiennes de Toussiana, venus en Haute-Volta en 1947, fournira pendant vingt-deux ans aux chefs de mission des maîtres chrétiens, compétents et zélés.
L'Église est née en 1895 à l'intérieur de notre terre africaine de l'Ouest et en 1900 au Burkina Faso. Elle s'est beaucoup développée depuis. Elle a laissé au cours des années un grand souffle de libération et d'espérance pour les hommes. Libération de l'esclavage dans la création des « villages de liberté », libération de l'exploitation dans une lutte qu'elle a menée, sans merci, contre les abus de l'administration coloniale, contre les coutumes mauvaises, les despotes locaux, pour que s'impose le respect dû aux personnes, notamment aux plus pauvres, libération de la femme, pour qu'elle ne soit plus obligée à des mariages forcés, mais puisse choisir le mari qu'elle aime et fonder une famille unie, libération enfin du cœur, pour obtenir cette grande liberté intérieure que seul l'Esprit Saint peut donner au cœur qui se donne à lui et le laisse entrer chez lui.
Tout en menant ce combat pour la libération de l'homme, les Missionnaires d'Afrique et l'Église Famille de Dieu au Burkina se sont investis dans le développement économique et social du pays; ils ont voulu aussi aider au rassemblement des multiples ethnies afin que, peu à peu, elles s'unissent en un seul peuple : « Vous n'avez qu'un seul Père, et vous êtes tous frères. »
Il y a cent ans, il y avait un vaste territoire que venaient découvrir les missionnaires, en particulier le cardinal Lavigerie. Il portait le nom de vicariat du Sahara-Soudan, puis ce fut par division du Sahara, le vicariat du Soudan. Il portait en germe chacun des douze diocèses que nous connaissons aujourd'hui au Burkina Faso et les Églises particulières qui en sont nées.
Toute cette vie est née du courage et de la persévérance des Missionnaires d'Afrique qui sont toujours à l'œuvre au Burkina Faso comme vous pourrez le lire dans la rubrique « Qui sommes-nous ».
Texte tiré du livre « Une Église qui libère », par le P. Gabriel Pichard, 1999.