Colline de la rencontre Emmaüs On l'appelle la Colline de la rencontre ou Colline d'Emmaüs, située à 12 kilomètres de Dédougou, à 800 m du fleuve "Mouhoun" (l'ancienne Volta Noire, seul fleuve au Burkina qui coule toute l'année !). C'est là que, depuis bientôt 5 ans, le frère Herbert a commencé à s'installer avec une quinzaine de garçons au départ, mais le nombre a varié de 10 à 22, entre 17 et 23 ans, pour permettre à ces jeunes de rencontrer Dieu et vivre sa proximité dans une expérience personnelle et communautaire de prière, de travail, de formation humaine et spirituelle, et d'apprendre à gagner leur vie par le travail de leurs mains. Ecole de la foi ? Ecole de prière ? Nous préférons dire : Ecole de la Vie. Une année pour Dieu ! On cherche la meilleure formule. Rêve ? Appel de Dieu ? L'évêque de Dédougou disait au départ de l'expérience : « C'est exactement ce que le pape Jean Paul II désire pour le jubilé de l'an 2000. » Nous voulons mettre les jeunes dans de bonnes conditions pour répondre à l'appel. Au début de l'expérience, nos supérieurs Missionnaires d'Afrique, en la personne du Provincial, en ont fait une des priorités de la province même si, par la suite, il a fallu être réalistes et revoir le personnel disponible pour soutenir ce projet et s'engager avec l'évêque du diocèse dans un processus de "transmission". C'est ainsi que le père Michel Guérin, après 9 ans de ministère à Boulsa, est venu aider le frère Herbert comme prêtre "aumônier" sur la Colline. Après son décès, en février 2003, le père Joseph Clochard a pris le relais auprès des jeunes tout en conservant quelques engagements antérieurs dans le sens du dialogue interreligieux. Un manque à combler Beaucoup de jeunes ont soif de rencontrer le Seigneur Vivant qui intervient dans leur vie. Très souvent, après le baptême et la confirmation, ils sont livrés à eux-mêmes et ne passent pas au stade d'une foi adulte. Ce projet veut combler ce manque. Depuis mars 2000, nous sommes en chantier et nous voulons le rester : faire comprendre que ce centre est l'œuvre des différentes générations de jeunes qui viennent sur la Colline. Les premiers jeunes ont commencé par construire une maisonnette, lieu d'accueil et de rassemblement, puis deux maisons "style soudanais" pour se loger, avec WC, et douches extérieurs. Une cuisine "foyer amélioré" a été construite avec un bâtiment comprenant deux petits magasins pour y entreposer les vivres. En 2002, un château d'eau avec une installation de panneaux solaires pour alimenter le centre en eau et électricité ont été terminés ainsi que quatre cases rondes avec les commodités nécessaires pour les animateurs qui sont actuellement Emmanuel, formé à l'Ecole d'Evangélisation "Jeunesse Lumière" de Daniel Ange, Herbert et Joseph. En 2004-2005 a été construite une salle polyvalente qui sert à "tout" (réfectoire, chapelle, salle de conférence et de jeux). En 2005-2006, nous venons de construire un apatame qui va nous servir de réfectoire. Nous avons commencé la construction de notre chapelle qui sera le cœur du centre. Pour ces gros œuvres, bien sûr, il a fallu faire appel à un entrepreneur, même si la conception et les plans viennent de Frère Herbert. Il ne faut pas oublier un "petit complexe" de quelques bâtiments qui abritent nos quelques poules, canards, lapins et moutons et aussi de futurs petits ateliers de soudure, mécanique ou menuiserie… Tout près de là, il a fallu aussi avoir un logement pour ceux qui doivent s'occuper de ce domaine. C'est un perpétuel chantier à continuer et à améliorer pour la recherche de l'eau, les petits jardins, les plantations d'arbres… Une année pour Dieu Il est important pour les animateurs d'être présents à ces jeunes, de vivre avec eux, de les aider à se prendre en main, de les pousser à prendre des initiatives : ce n'est pas un petit séminaire ni un noviciat, mais un centre de formation en vue d'un envoi en mission dans leur village. Nous invitons des jeunes qui ne sont pas encore dans la vie professionnelle et familiale, des jeunes qui ont quitté l'école (niveau CM2, mais en réalité un CM2 qui a perdu de sa force par manque de pratique du français). Ils acceptent d'offrir une année au Seigneur : cette année 2005-2006, ils étaient 22 jeunes de 17 à 23 ans, de niveau scolaire pour la moitié plus bas que le CM2. Cela pose un sérieux problème et nous avons un cours pour relever le niveau. La vie quotidienne sur la "Colline de la Rencontre" a aussi pour but de faire découvrir aux jeunes l'importance de l'autosuffisance alimentaire et les techniques pour y parvenir, que ce soit en agriculture, petit élevage, jardinage, plantations, pêche ; nous développons aussi la créativité par l'artisanat, le chant, le théâtre. Chaque jeune est appelé à prendre une responsabilité qu'il partage avec un autre : puisage de l'eau, construction, jardinage, loisir, élevage, cuisine, etc. Pour des jeunes de cet âge, nous ne pouvons demander aux parents qu'une participation minime aux frais ; peut-être devrons-nous le faire davantage par la suite (dons en nature par exemple), mais la participation des jeunes à la construction du centre est aussi leur participation réelle. Tout cela se met en place un peu à la fois avec beaucoup de bonne volonté, même s'il faut l'expliquer et y revenir pour que cela soit bien compris. Au cours de l'année, les motivations s'affermissent : les jeunes se sentent chez eux, c'est leur lieu de formation et on commence à voir les fruits : entente, bonne humeur, désir de s'épanouir et, surtout, approfondissement de leur vie avec le Seigneur. L'Esprit souffle sur cette colline ! Des journées bien remplies L'emploi du temps est simple : prière du matin, Eucharistie suivie du petit déjeuner et, de 8h00 à 11h30, travail manuel, suivi du repas ; l'après-midi, reprise du travail après une pause jusqu'à 16h30. Ensuite, il peut y avoir cours de français, ou sur la maçonnerie, la mécanique ou la créativité, sport, etc. A 18h30, prière de louange, repas et veillée aux activités diverses selon les jours de la semaine. Une journée par semaine il y a jour de "désert" ou récollection ou enseignement. Le Père Pichard, avec ses 85 ans, est toujours à l'œuvre pour les aider dans ce sens ! Deux week-ends par trimestre, un envoi en mission dans un village des environs avec animation, théâtre, veillée, vidéo et match de foot. Les samedis après-midi et les dimanches sont libres. Voilà un aperçu rapide de ce que nous vivons dans notre coin de brousse. Nous essayons d'être un lieu de rencontre avec Dieu et entre nous, quelles que soient nos origines. Ce n'est pas sans difficultés, vous vous en doutez bien. Cette année, l'entente entre les différentes ethnies (bwaba, mossi, samo, peuls, etc.) a été parfois problématique et les différences d'âges, de niveau de français, mais aussi de maturité spirituelle (certains sont encore catéchumènes en dernière étape) sont autant de défis à relever. N'est-ce pas tout cela qui fait aussi partie de l'expérience chrétienne que nous voulons essayer de vivre ? Les défis et les besoins pour l'avenir Si nous voulons arriver à une véritable auto prise en charge par une autosuffisance alimentaire, les deux bouts de jardin récupérés sur la pierraille ne peuvent suffire, d'autant plus qu'il faudrait les protéger sérieusement par une clôture digne de ce nom. L'eau est loin de suffire pour l'arrosage des jardins et des arbres que nous essayons de planter. L'installation solaire embryonnaire est à perfectionner pour être vraiment performante. Pour aider à la formation humaine des jeunes, nous avons acquis un groupe électrogène avec poste de soudure, mais il faudra aménager de petits ateliers permettant la formation (soudure, menuiserie, maçonnerie, mécanique). Pour l'avenir de ce centre, la grande préoccupation actuelle de la part des formateurs et des responsables du diocèse de Dédougou, c'est cette auto prise en charge au plan fonctionnement comme au plan entretien. Il nous faut donc prévoir d'ici trois ans la mise en route d'un projet ou de plusieurs projets de production dans les domaines du jardinage, de l'élevage, du bois de chauffe. La proximité du fleuve Mouhoun, le seul au Burkina qui coule toute l'année, devrait permettre, avec la collaboration sympathique du village de Noakuy qui, jusque là, a été indéfectible, un projet fiable et rémunérateur au plan production vivrière. Actuellement, deux jeunes anciens de la Colline sont engagés, rémunérés, pour la tenue de ce centre : Emmanuel Zerbo pour l'animation et la formation des jeunes. Il a été formé par le scoutisme et a aussi vécu une année à l'école de "Jeunesse Lumière", du Père Daniel Ange. Prosper Coulibaly, l'homme à tout faire de la Colline, qui s'occupe du matériel sous la direction du frère Herbert. Il a été formé sur le tas par le frère lui-même. Nous souhaitons avoir l'appui d'un coopérant chrétien, seul ou en famille, qui soit compétent dans les domaines cités (jardinage, élevage, reforestation…) et en même temps capable de vivre une telle aventure humaine et spirituelle "missionnaire" ! En conclusion L'œuvre de la Colline de la rencontre Emmaüs, suscitée par le Seigneur pour aider des jeunes à faire une expérience du Dieu vivant afin d’en témoigner, est désormais bien enracinée dans le terroir de l'Eglise diocésaine de Dédougou. Elle ne demande qu'à grandir, mais elle a besoin d'être consolidée, soutenue, pour lui permettre de porter tous les fruits que le Seigneur et l'Eglise en attendent. Les responsables de ce centre, le frère Herbert Schwarz, fondateur, les Pères Joseph Clochard et Gabriel Pichard, et les jeunes laïcs formateurs à leurs côtés, soutenus par leur évêque Mgr Judes Bicaba, sont confiants que ce que le Seigneur a commencé, il l'achèvera ! Merci de nous y aider par la prière et votre aide matérielle. Joseph Clochard, M. Afr. |