Le cardinal Charles Lavigerie
Fondateur de la Société des Missionnaires d’Afrique
Intelligent - rude - diplomate – attentif - préoccupé - à genoux - en voyage - infatigable - debout - au bureau - souffrant - solennel - craignant la mort – à l'écoute - fonceur - exigeant - indulgent - lutteur -historien - pauvre -respectueux... de quoi faire un homme passionné de Dieu et des hommes, un homme passionnant : CHARLES LAVIGERIE (1825-1892). Cardinal - Archevêque d’ALGER, Fondateur des Missionnaires d'Afrique, Pères Blancs et Sœurs Blanches.
Né en 1825 à Bayonne ; prêtre à 24 ans ; premier docteur ès lettres sorti de l'Ecole des Carmes ; occupant une dizaine d'années de sa vie à donner des cours en Sorbonne, directeur de l'œuvre d'Orient, auditeur de la Rote ; évêque de Nancy à 38 ans ; archevêque d'Alger à 42 ans ; Cardinal ; mort en 1892.
Comment le Seigneur prépare LAVIGERIE pour que Jésus-Christ soit connu en Afrique
Charles naît à Bayonne dans une famille aisée, plus voltairienne que chrétienne. Son père ambitieux, entreprenant. Sa mère cultivée, sensible. Deux servantes l'initient à la prière.
Malgré son peu d'attrait pour la discipline du séminaire, l'abbé Lavigerie est ordonné prêtre en 1849. Premier docteur ès- lettres de l'Ecole des Carmes, il devient professeur d'histoire à la Sorbonne. S'il s'y ennuie, sa formation le prépare à demain.
En 1861, auditeur du Tribunal du Saint Siège a Rome, Il se fait des relations, en regrettant que toutes les nations ne soient pas à Rome pour signifier l'universalité de l'Eglise.
A 38 ans, à Nancy, il est le plus jeune évêque de France. Sa devise est "CHARITAS" : c'est la charité qui sera son programme de vie. Deux soucis : la formation intellectuelle des prêtres et des religieuses, la vie matérielle des prêtres âgés et pauvres.
Devenu directeur de l'Oeuvre des Ecoles d'Orient, il fait un voyage au Liban et en Syrie où les Chrétiens sont massacrés par les Druzes. il y entrevoit sa vocation missionnaire.
A 41 ans, il est nommé archevêque d'Alger. Ses ambitions apostoliques font peur. On lui propose un poste plus prometteur : évêque coadjuteur à Lyon. Sa réponse : "Il ferait plus doux vivre à Lyon, mais il fera moins dur mourir à Alger et surtout, s'il y a comme on me l'assure, beaucoup à souffrir". La famine y règne.
Alger "porte ouverte sur un continent de 200 millions d'habitants". Lavigerie se fait nommer Délégué apostolique du Sahara et du Soudan. Dès 1868, il forme des missionnaires qu'il enverra par trois "se faisant tout à tous pour tout ce qui est compatible avec la foi et la morale chrétienne".
La première caravane envoyée au Soudan français est massacrée au Sahara en 1876. La seconde le sera aussi en 1881. Lavigerie écrit une longue lettre pleine d'affection pour consoler les parents des missionnaires. Il ne verra pas leur arrivée au Soudan.
En 1877, la France lui propose la garde du sanctuaire de Ste-Anne à Jérusalem, "là où est née Marie". Lavigerie confie aux Pères une présence de prière pour leur Société et aussi la formation du clergé grec melchite, "tout en respectant leur tradition et surtout sans les latiniser".
Les Pères Blancs sont en Uganda depuis 10 ans. Un scoop arrive : des jeunes ont témoigné du Christ jusqu'à la mort terrible par la hache ou le feu. Douleur et joie se rencontrent : Sang des martyrs, semence de chrétiens.
Empêché à l'Ouest, Lavigerie envoie ses missionnaires en Afrique de l'Est, leur donnant des consignes précises basées sur l'expérience de l'Eglise et des explorateurs. Climat, fatigue, maladies seront cause de mort prématurée pour beaucoup.
Léon XIII demande au Cardinal Lavigerie de mener une campagne antiesclavagiste. Aussitôt, il parcourt les villes d’Europe (en diligence) pour défendre la dignité humaine. Le même pape lui demande de rallier les catholiques français à l’institution établie de la République. Sachant que cet engagement risque de détruire les œuvres qu’il a fondées, Lavigerie obéit : c’est le toast d’Alger. Épuisé, il meurt en 1892. Il n’a que 67 ans. Ses missionnaires, Pères, Frères, Sœurs, ses fils et ses filles, continuent…
Lavigerie : "Ma dernière recommandation, celle sans laquelle toutes les autres seraient inutiles, c'est la recommandation du vieil apôtre d'Ephèse : 'Aimez-vous les uns les autres. Restez unis de cœur, unis de pensée. Formez véritablement une seule famille... Soyez non pas seulement unis, mais un' ".
Texte tiré de la revue Les Missionnaires d’Afrique du Cardinal Lavigerie, collection La Tradition vivante, pp. 7-8.