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Mali: avant le référendum, les pour et contre la Constitution réaffirment leurs arguments

Au Mali, l’ensemble de la population est appelé à voter dimanche 18 juin pour ou contre une nouvelle Constitution, après le vote des militaires une semaine plus tôt. Pour les soutiens de la possible prochaine loi fondamentale, ce texte renforce le caractère démocratique de l'État malien, mais ses détracteurs estiment que la loi fondamentale proposée offrirait trop de pouvoirs au chef de l’État.

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Partisan de la nouvelle Constitution, Amadou Koïta, président du Parti socialiste Yelen Koura, avance que ce changement pourrait accélérer la fin de la transition : « Il y a des avancées, mais ce n’est pas parfait à 100 %. Ce qui est important pour nous, c’est une étape extrêmement importante pour la levée des sanctions, pour le retour à l’ordre constitutionnel. La première étape, c’était le référendum. Allons-y pour ce référendum et après on ira vers d’autres élections pour que le Mali puisse amorcer son retour dans le concert des nations. »

D’abord, il y a la création du Sénat, ça pourra quand même permettre une certaine légitimité traditionnelle de pouvoir participer à la gestion du pouvoir. Le texte permet également - dans l’application de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger - de connaître enfin un début d’exécution politique. Je crois que cela est extrêmement important. Le texte permet également de mettre fin à la transhumance politique, de créer les conditions pour que les élections puissent se passer dans des conditions idoines, notamment introduire soit la proportionnelle, soit d’autres modes de scrutin. Il y a également la création de la Cour des comptes, qui est quand même une norme dans la sous-région que nous avons cherchée [à mettre en place] depuis des années. Il y a également la possibilité pour tous citoyens maliens de saisir le Conseil constitutionnel. L’ouverture du Conseil supérieur de la magistrature à d’autres citoyens autres que les magistrats.

Pour Amadou Koïta, président du Parti Socialiste-Yelen Koura, la nouvelle constitution «n'est pas parfaite», mais «il y a des avancées»

Mais les détracteurs de la proposition de loi fondamentale estiment qu'elle offre beaucoup trop de pouvoirs au chef de l'État. Parmi eux, Djiguiba Keita dit « Prêt Pour la Révolution » (PPR), secrétaire général du parti Parena, qui affirme que ce nouveau texte n'est pas démocratique : « On a entendu dire qu’il y a une avancée parce que le président peut être démis de ses fonctions, mais là aussi, c’est de la poudre aux yeux parce qu’il a la mainmise sur l’Assemblée et surtout sur les sénateurs, un tiers des membres, et en général, la majorité de l’Assemblée avec lui. Pour que ce Parlement le démette, les conditions sont telles que ce n’est pas possible.

Quand il y avait des tentatives de révision, on se disait que le pouvoir du pénal était trop important. Il faut vraiment que les présidents descendent de leur piédestal, parce qu’ils sont trop puissants Malheureusement, toutes les critiques faites à la Constitution de 1992, pour dire qu’il faut diminuer le poids du président, cela s’est retrouvé enfoncé dans ce qui est proposé. Donc, nous avons un président hyper puissant qui est le vrai seul maître à bord, c’est un monarque. Il a la main mise sur l’exécutif totalement. Et les prérogatives qui sont dans la Constitution concernant le Premier ministre sont tombés comme peau de chagrin. Ensuite, le pouvoir judiciaire, le président est toujours le président du Conseil supérieur de la magistrature, mais ses pouvoirs sont évidemment augmentés à ce niveau-là. Et le poids de la magistrature dans les articles qui sont consacrés dans la Constitution ont moins de garanties que dans la Constitution de 1992.

Djiguiba Keita, secrétaire général du parti Parena, s'oppose à la nouvelle Constitution, qu'il juge donner trop de pouvoirs au président

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Confronté à la menace jihadiste, Nana Akufo-Addo tente de se rapprocher d’Ibrahim Traoré

Après avoir provoqué une crise diplomatique avec Ouagadougou, qu’il a accusé de collaboration avec le groupe paramilitaire russe Wagner, en décembre 2022, le président ghanéen a renoué les liens avec les autorités de transition burkinabè.

Mis à jour le 14 juin 2023 à 10:09
 
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Les jihadistes utilisent le Ghana comme point de transit pour transporter des munitions vers leurs différentes zones d’opérations, comme le Burkina Faso. Ici, des soldats ghanéens défilent place de l’Indépendance à Accra, en mars 2017. © Jordi Perdigo/Anadolu Agency via AFP

 

Il a dépêché des émissaires à Ouagadougou et à Bamako sous la houlette de son chef de la sécurité nationale, Albert Kan-Dapaah, puis il est allé rencontrer personnellement le capitaine Ibrahim Traoré, début mai.

Ces dernières semaines, Nana Akufo-Addo tente de recoller les morceaux après la dégradation des relations, jusque-là régulières et positives, entre le Ghana et le Burkina Faso. En décembre dernier, lors du sommet États-Unis-Afrique à Washington, le président ghanéen avait déclaré que les autorités de transition burkinabè avaient recours aux mercenaires russes du groupe Wagner pour lutter contre l’insurrection jihadiste dans leur pays et qu’elles leur avaient même offert une mine en contrepartie. Ouagadougou avait immédiatement démenti ces affirmations.

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« Il s’agit d’un geste d’Akufo-Addo pour tenter de réparer une relation endommagée avec le Burkina Faso, qui demeure un voisin proche dans la lutte contre cette menace », estime Mutaru Mumuni Muqthar, directeur exécutif du West Africa Centre for Counter-Extremism.

Le Burkina Faso et le Mali font face à des insurrections jihadistes alors qu’ils s’efforcent de gérer une instabilité politique consécutive à une série de coups d’État militaires ces deux dernières années. Le Togo, qui borde le Ghana à l’est, la Côte d’Ivoire, sur sa frontière ouest, ou encore le Bénin, autre pays côtier, ne sont pas non plus épargnés par les groupes jihadistes. « La région du Sahel, en Afrique subsaharienne, est aujourd’hui l’épicentre du terrorisme. En 2022, le Sahel a enregistré plus de décès liés au tourisme que l’Asie du Sud, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord réunis », indique le rapport Global Terrorism Index 2023.

« S’assurer de la bonne volonté de tous »

Selon ce rapport, le Sahel a représenté 43 % du total mondial des décès liés au terrorisme l’année dernière – en 2007, le total dans cette région n’était que de 1 %. Le Burkina Faso et le Mali ont enregistré à eux deux 73 % de ces décès.

D’après les experts, le Ghana est principalement menacé en raison de la porosité des frontières et des itinéraires de contrebande, les jihadistes profitant de l’instabilité politique pour étendre leurs frontières en Afrique de l’Ouest côtière à partir de leurs bases arrières du Sahel. Selon eux, pour que le Ghana reste en sécurité, il doit coopérer davantage avec ses voisins en matière d’échange de renseignements et mener des opérations antiterroristes conjointes à ses frontières. « Pour faire face à cette menace, il faut s’assurer de la bonne volonté et du soutien de tous les acteurs concernés. L’action d’Akufo-Addo vise à renforcer la confiance et la coordination entre eux », explique Mutaru Mumuni Muqthar.

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Dans le nord du Ghana, à Bawku, à environ une heure de route de la frontière avec le Burkina Faso, un conflit ethnique de plusieurs décennies entre les Mamprusi et les Kusasi s’est transformé en guerre impliquant, selon certaines sources, des combattants étrangers. Plusieurs experts craignent en effet que des groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, qui tentent d’étendre leurs rayons d’action du Sahel vers les pays côtiers, n’y alimentent l’instabilité pour construire une base au Ghana.

Selon les observateurs du conflit, les jihadistes pourraient également profiter de la situation instable à Bawku pour s’implanter à Dollar Power, une zone minière et agricole populaire dans le district de Bole, dans la région de Savannah, afin de financer leurs activités. « Il semble que nous soyons en train de perdre la lutte contre le terrorisme. Ils ont gagné beaucoup de terrain dans la sous-région », explique Adib Saani, analyste de la sécurité au Jatikay Centre for Human Security and Peacebuilding, basé à Accra.

LE GHANA CONTINUE D’ÊTRE UNE PLAQUE TOURNANTE LOGISTIQUE MAJEURE POUR LES TERRORISTES ET UN POINT DE REPLI AVANT DE REPARTIR COMBATTRE DANS D’AUTRES PAYS

D’après lui, « le Ghana se trouve à un carrefour important » car les jihadistes l’utilisent déjà comme point de transit pour transporter des munitions vers leurs différentes zones d’opérations, tel le Burkina Faso. « Le Ghana continue d’être une plaque tournante logistique majeure pour les terroristes. Du nitrate de potassium, des chargeurs d’explosifs et d’autres matériaux utilisés pour la fabrication d’engins explosifs improvisés ont été saisis au Burkina Faso, et l’enquête a révélé qu’ils provenaient du Ghana, explique-t-il. Ils n’ont pas attaqué le Ghana parce qu’il est utilisé à d’autres fins. Le pays est un point de repli. Ils organisent leurs attaques au Burkina Faso, au Togo et en Côte d’Ivoire et se retirent simplement au Ghana pour se réapprovisionner et repartir combattre dans d’autres pays. »

Faire plus qu’améliorer les relations

Face à cette menace jihadiste de plus en plus pressante, le Ghana mise sur l’initiative d’Accra, un mécanisme de coopération sécuritaire entre sept pays d’Afrique de l’Ouest. Ses membres recueillent des renseignements sur les activités des groupes jihadistes, forment les forces de défense et de sécurité, échangent des idées pour sécuriser leurs frontières et s’engagent dans des opérations militaires transfrontalières. L’armée ghanéenne a aussi déployé plus d’un millier de militaires à sa frontière nord avec le Burkina Faso après que des hommes armés ont tiré sur des agents de l’immigration à Bawku, faisant un mort en avril.

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Dans le cadre de l’initiative d’Accra, les pays membres ont mené des opérations militaires conjointes à leurs frontières, en 2018 et 2019, qui ont abouti à l’arrestation d’environ 700 jihadistes présumés et/ou membres de gangs, ainsi qu’à la saisie d’armes artisanales.

NOUS DEVONS FAIRE PLUS QUE LA VISITE DU PRÉSIDENT À OUAGADOUGOU CAR SANS LE BURKINA FASO, NOUS NE POUVONS PAS GAGNER LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME

Toutefois, des experts estiment que le fait de s’appuyer uniquement sur une approche sécuritaire pour contenir la menace jihadiste pourrait être contre-productif. « Nous semblons imiter ce qui s’est passé au Sahel en matière d’approche, analyse Mutaru Mumuni Muqthar. La sécurisation excessive de la lutte contre le terrorisme est l’un des principaux facteurs qui a conduit à l’échec que nous connaissons au Sahel. L’initiative d’Accra cherche à faire la même chose, notamment en achetant des véhicules blindés, des avions de chasse et en établissant une grande base à Tamale. Cela aura un effet contre-productif. »

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Selon lui, le Ghana doit faire davantage que simplement améliorer ses relations avec ses voisins, et en particulier le Burkina Faso, car ils sont des acteurs majeurs dans la guerre contre les groupes jihadistes. « Nous devons faire plus que la visite du président à Ouagadougou car sans le Burkina Faso, nous ne pouvons pas gagner la guerre contre le terrorisme ».

Interrogé par The Africa Report, des représentants du gouvernement ghanéen ont refusé de commenter les récentes visites au Burkina Faso et au Mali, au motif que ce sujet était « très sensible ».

La méga-raffinerie de Dangote au Nigeria, un projet qui change la face de l’Afrique

650 000 barils par jour, 57 000 employés, 12 000 MW d’électricité… Le complexe pétrochimique Dangote défie ce qui a déjà été fait de plus grand.

Mis à jour le 27 mai 2023 à 16:10
 
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L’usine d’engrais de Dangote, à Lagos. © Dangote

 

Longtemps premier producteur du continent, le Nigeria exporte son pétrole brut et importe du pétrole raffiné. Les quatre raffineries du pays contrôlées par le gouvernement sont moribondes. Et cela fait des décennies que ça dure.

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Cette situation est devenue de plus en plus insoutenable en raison de son coût et de l’épuisement des réserves de change qui s’élèvent à environ 36 milliards de dollars, alors qu’elles atteignaient 53 milliards de dollars en 2008.

Problème existentiel

Pour tenter d’y remédier, la question de la construction de raffineries locales efficaces a été au cœur des débats sur la politique énergétique au Nigeria depuis des années. De nombreuses entreprises ont tenté d’en construire, de tailles diverses, pour résoudre ce problème existentiel.

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Mais la raffinerie d’Aliko Dangote est, de loin, la plus grande et certainement la plus importante. Le gouverneur de la Banque centrale (CBN), Godwin Emefiele, a déclaré qu’elle, et les projets qui l’accompagnent – usine pétrochimique et usine d’engrais et d’urée – permettront au Nigeria d’économiser 41 % des devises étrangères consacrées actuellement à l’importation. Le début de la production pourrait également provoquer des discussions sur la suppression des subventions aux carburants.

Jeune Afrique décrypte, en cinq points, les raisons pour lesquelles ce projet est hors norme.

Géant

La raffinerie Dangote va devenir, tout simplement, la plus grande raffinerie d’Afrique, détrônant celle de Skikda, en Algérie (356 500 barils par jour, bpj). Avec 650 000 bpj, la capacité de la raffinerie de Lagos fait exploser les compteurs.

Unique, elle l’est aussi parce qu’elle est la plus grande à train unique du monde. Les raffineries à train unique utilisent une unité intégrée appelée unité de distillation du brut (CDU) pour extraire les produits pétroliers du pétrole brut, contrairement à de nombreuses autres grandes raffineries qui utilisent des unités de distillation multiples.

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D’une valeur de plus de 19 milliards de dollars, la raffinerie Dangote devrait également devenir la cinquième entreprise d’Afrique en termes de capitalisation boursière. Elle supplantera le géant mondial de la production de platine, Anglo American Platinum, dont la valeur est actuellement de 13,05 milliards de dollars.

Record d’électricité

Le complexe pétrochimique de Dangote permettra de produire jusqu’à 12 000 mégawatts (MW) d’électricité pour le Nigeria, un record rendu possible par la construction du plus grand gazoduc sous-marin du monde, d’une longueur de 1 100 kilomètres et d’une capacité de traitement de 3 milliards de pieds cubes standard de gaz par jour.

Cette puissance est bien supérieure à l’électricité consommée dans l’ensemble du pays qui dispose d’une capacité électrique installée totale de 10 396 MW, dont seulement 6 056 MW sont transmissibles, selon la Nigerian Electricity Regulatory Commission (NERC), l’autorité de régulation du secteur de l’électricité au Nigeria.

Toutefois, pour son fonctionnement, le complexe pétrochimique construit une centrale électrique d’une capacité de 570 MW qui le rendra indépendant du réseau national du pays.

Le plus gros employeur

Le groupe Dangote était déjà le premier employeur privé du pays, mais avec la raffinerie, il va – de loin – consolider cette position. Au moins 57 000 personnes travaillent déjà sur le site et à terme, ils seront 135 000 emplois permanents, et 300 000 emplois directs et indirects. Une aubaine dans ce pays où le taux de chômage touche 33 % des Nigérians en âge de travailler (63,5 % chez les jeunes).

Cela explique le vif intérêt et le soutien actif du gouvernement à l’égard de la raffinerie. La compagnie nationale des hydrocarbures, la NNPC, a par exemple choisi d’investir 2,76 milliards de dollars pour une participation de 20 % dans la raffinerie en 2021, en raison de ses avantages en termes de développement, tels que la réduction du chômage, la stabilisation de l’administration des devises étrangères et le renforcement de la sécurité énergétique.

Une ville en soi

Grand comme 457 terrains de football, le complexe s’étend sur plus de 2 635 hectares, bien plus que Victoria Island, le quartier riche et administratif de Lagos qui s’étend sur environ 800 hectares.

Il est une ville à lui tout seul, qui plus est, une ville auto-suffisante. On y trouve un parc de réservoirs de traitement des eaux de 440 millions de litres et une zone d’habitation pour 50 000 employés et leurs familles. Bien qu’elle soit située dans la zone franche de Lagos, avec un tout nouveau port en eau profonde, la raffinerie dispose de son propre port indépendant, avec six quais, dont un quai roulier pour sa construction et ses opérations.

Le complexe dispose également de la plus grande carrière de granit au monde, qui fournit à la raffinerie « des agrégats grossiers, des matériaux pour colonnes de pierre, des bases de pierre, de la poussière de pierre et des matériaux pour les brise-lames ». Sa capacité annuelle est de 10 millions d’unités.

Tourner la page de l’importation

Enfin, la mise en service de la raffinerie Dangote doit mettre fin à l’importation de carburant. Elle devrait raffiner 650 000 bpj, soit que la demande du Nigeria estimée à 465 000 bpj.

Elle couvrira les besoins locaux tout en disposant d’un excédent à exporter vers d’autres pays. La réduction de la facture des importations et l’augmentation des rentrées de devises provenant des exportations permettront, entre autres, d’alléger considérablement la pression exercée sur l’administration des devises du Nigeria.

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Parallèlement au brut, la raffinerie produira chaque jour quatre millions de tonnes de carburéacteur, trois milliards de pieds cubes standard de gaz, 65 millions de litres de supercarburant (essence) et 15 millions de litres de diesel pour la consommation locale et l’exportation. Elle exportera également 8 millions de tonnes de produits pétroliers par an.

Au Mali, le train Kayes-Bamako siffle de nouveau

La Société de patrimoine ferroviaire du Mali a annoncé la reprise du trafic voyageur, ce 9 juin. Mais ce n’est pas la première fois.

Mis à jour le 9 juin 2023 à 17:36

 

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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

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© Damien Glez

 

En cette période de reconquête souveraine au Sahel, le rail est tout à la fois le symbole du volontarisme révolutionnaire et le moyen de démontrer le lien fonctionnel entre les capitales et les régions enclavées. Au Mali, la ligne qui relie Bamako à Kayes, à 495 km au nord-ouest de la capitale, est fréquemment évoquée. C’est l’administration coloniale française qui fit de ce tronçon à voie métrique un élément de la ligne internationale ayant vocation à relier le Sénégal au Mali, puis au Niger. Depuis 2003, sur préconisation des institutions financières internationales et sous convention accordée par le Conseil des ministres, son exploitation est concédée à des sociétés.

Arlésienne

Créée par ordonnance en mars 2017, et gestionnaire actuelle de la ligne Bamako-Kayes pour une durée de trois ans, la Société de patrimoine ferroviaire du Mali (SPFM) a annoncé la reprise du trafic voyageur ce vendredi 9 juin. C’est en octobre 2019 que le Conseil des ministres avait adopté un plan d’urgence pour la relance du trafic ferroviaire, plan que se sont approprié les nouvelles autorités.

À LIREDakar-Bamako Ferroviaire compte sur Dangote pour se remettre sur les rails

Certes, la relance de cette ligne de chemin de fer ressemble à une arlésienne. En février 2018 déjà, la chaîne de télévision TV5 diffusait un reportage sur le renouveau du train de voyageurs Bamako-Kayes. Le trafic sera arrêté en mai suivant. Quatre ans et demi plus tard, c’est le site seneplus.com qui évoquait un « voyage test » sur le trajet Bamako-Kayes, « après plusieurs années d’arrêt ».

Caractère vital

Si le passage du train est déterminant pour le développement des zones traversées, la ligne peine à être rentable, notamment si l’on considère les lourds investissements qu’impliquent d’inévitables travaux de réhabilitation des voies, des gares, des ateliers centraux, des dépôts et des ponts. Et ceci sans parler de la formation des conducteurs, aiguilleurs et autres commis, ainsi que de l’acquisition de pièces de rechange pour la fiabilisation des locomotives.

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Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Le conseil des ministres du 31 mars dernier a examiné une communication relative aux modalités d’exploitation du trafic ferroviaire de voyageurs et de marchandises par la SPFM. La société a insisté sur le caractère vital du transport ferroviaire et sur le montant des investissements effectués depuis 2019. Pour la suite, le plan d’investissement est évalué à 6, 26 milliards de francs CFA sur deux ans.

Qui sont les Africains qui boivent le plus de champagne ?

Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne a dévoilé un classement des pays consommateurs dans lequel toute l’Afrique ne semble pas réduire sa consommation…

Mis à jour le 10 juin 2023 à 10:53
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

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© Damien Glez

 

Si le réchauffement climatique ne fait pas exploser la planète, c’est sans doute le creusement des inégalités qui fera imploser l’humanité. Alors que les organismes internationaux alertent sur les risques accrus de famine sur le continent, la frange aisée de ses habitants ne semble pas perturbée par l’inflation galopante ou l’insécurité ambiante. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les consommations nationales des produits de luxe qui, logiquement, devraient servir de variables d’ajustement.

Des millions d’euros de champagne

Symbole de ce luxe, le champagne est un baromètre du moral des élites africaines. Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC ou Comité Champagne) vient de publier son rapport annuel consacré, cette fois, aux statistiques de ventes de 2021. Un classement des pays plutôt éloquent. Si chacun sait, ou imagine, que le marché des boissons alcoolisées est florissant en Afrique, le succès de ce vin effervescent de la région française de Champagne est édifiant. Au-delà des valeurs absolues, ce sont les tendances qui attirent l’attention.

À LIREUn marché du « champagne » sud-africain en pleine effervescence

En 2021, les trois plus gros importateurs africains de champagne ont respectivement enregistré des hausses de volume importé de 62 %, 84 % et 61 %, par rapport à l’année précédente. Le premier, l’Afrique du Sud, 20e marché le plus important au monde du vin mousseux français, a acheté 1 million de bouteilles de 75 cl pour une valeur de 27,5 millions d’euros. Deuxième du continent, le Nigeria, 24e importateur mondial, a acquis 559 088 bouteilles pour 21,3 millions d’euros. Quant à la Côte d’Ivoire, troisième pays africain du classement et 33e au niveau mondial, elle a acheté, en 2021, 645 917 bouteilles pour un coût total de 12,7 millions d’euros.

Une hausse de la consommation du luxueux breuvage qui ne s’explique pas seulement par la croissance des revenus des classes moyennes des locomotives économiques sud-africaine, nigériane et ivoirienne. Avec 60 362 bouteilles pour 1 million de dollars, Maurice a pour sa part connu une augmentation de plus de 100 % de ses importations de champagne.

À LIREDian Diallo, une marque de champagne à la conquête de l’Afrique

En 2021, la RDC, quatrième plus gros importateur africain de la fameuse boisson, a doublé sa consommation avec 301 255 bouteilles. Toujours en Afrique centrale, le Cameroun, le Congo et le Gabon sont respectivement les cinquième, huitième et dixième importateurs africains du vin effervescent. En Afrique de l’Ouest, le Togo, le Ghana, le Burkina Faso et le Bénin sont quant à eux respectivement les sixième, septième, neuvième et onzième acheteurs de champagne du continent.

Pour ce qui est du Maghreb, le Maroc occupe le douzième rang continental, tandis que l’Algérie et la Tunisie n’arrivent respectivement qu’aux 27e et 31e places.