Lorsqu’Issoufou était au pouvoir, la garde présidentielle était « particulièrement choyée », affirme une source bien introduite. Afin, notamment, de se prémunir de toute tentative de coup d’État dans un pays qui en a déjà connu quatre depuis son indépendance, en 1960. Elle compterait aujourd’hui environ 700 hommes bien équipés et entraînés, ainsi qu’une vingtaine de blindés.
Des manifestants se rassemblent à Niamey, le 26 juillet 2023, en soutien au président nigérien, Mohamed Bazoum, victime d’une tentative de coup d’État militaire. © Photo by – / AFP
À la tête de la garde présidentielle depuis 2011, Abdourahmane Tchiani est un général controversé au sein de l’armée nigérienne. Issu des rangs de l’armée de terre, il a été promu sous la présidence de Mahamadou Issoufou, dont il serait un « fidèle parmi les fidèles », assurent de bons connaisseurs de l’appareil sécuritaire nigérien.
Lorsqu’il cède le pouvoir à Mohamed Bazoum, en 2021, Mahamadou Issoufou plaide pour le maintien de l’essentiel de son cercle de sécurocrates, Tchiani inclus. De quoi compliquer la gestion de la grande muette pour son successeur, tiraillé entre le souhait d’imprimer sa marque, tout en prenant soin de ne pas brusquer les militaires, et le désir de ménager les sensibilités d’Issoufou et du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).
Mauvaises relations avec la hiérarchie militaire
Selon nos informations, Mohamed Bazoum avait pourtant décidé que l’armée nigérienne devait opérer une mue profonde. En avril 2023, le président a ainsi remplacé le chef d’état-major des armées et le patron de la gendarmerie nationale. De quoi s’attirer, selon plusieurs analystes sécuritaires, la défiance de nombreux officiers.
C’est finalement sa volonté d’écarter le général Tchiani du commandement de la garde prétorienne qui, selon des sources concordantes, vaut aujourd’hui à Mohamed Bazoum de voir certains éléments de la garde présidentielle se retourner contre lui. Selon nos informations, le chef de l’État avait pourtant personnellement décidé de maintenir le patron de la garde présidentielle à son poste en 2022, lorsque ce dernier devait partir en formation.
Le nom du controversé général avait déjà été cité dans l’affaire du coup d’État manqué de 2015. Certains des soldats arrêtés avaient alors accusé Abdourahmane Tchiani. Sa culpabilité n’a jamais été prouvée et le gradé n’a jamais été officiellement inquiété après ces accusations.
Selon l’entourage du dirigeant nigérien, l’essentiel de l’armée est restée, à l’heure où nous écrivons ces lignes, loyale à Mohamed Bazoum. Plusieurs unités d’élite ont d’ailleurs été envoyées en renfort depuis Tillabéri, Ouallam et Dosso pour tenter de faire plier les mutins.
Certains observateurs voient en cette loyauté l’effet des mauvaises relations entretenues par le général Tchiani avec la hiérarchie militaire. Certains lui reprocheraient son ascension accélérée sous Mahamadou Issoufou, d’autres d’avoir écarté – voire incarcéré – un certain nombre d’officiers au cours de sa carrière.