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REVUE DE PRESSE FRANÇAISE

À la Une: la contagion des coups d'État en Afrique

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Des centaines de partisans du coup d'État se rassemblant et devant l'Assemblée nationale dans la capitale Niamey, le 27 juillet 2023. © REUTERS / STRINGER

 

Le coup d'État au Niger occupe ce matin une place importante dans la presse française. C'est même la Une de Libération, avec la photo des putschistes lors de leur intervention à la télévision nigérienne. Des hommes en treillis, debout derrière leur chef, assis en uniforme bleu. « Niger, la contagion du putsch », titre Libé, pour qui « après le Mali et le Burkina Faso, le coup d'État en cours à Niamey est un nouveau signe de recul démocratique au Sahel et fragilise encore un peu plus la présence française dans la région ».

Le journal rappelle que « des moyens aériens et 1500 militaires français environ sont stationnés au Niger, depuis les putschs au Mali et au Burkina Faso ». « Deux pays, poursuit Libérationoù les récents coups d'État s'étaient accompagnés de l'expression d'un fort sentiment antifrançais ». « Le sujet n'avait pas été évoqué, à Niamey, jusqu'à ce que les putschistes accusent la France d'être passée outre leurs injonctions de fermeture des frontières, en faisant atterrir dans la capitale nigérienne un avion de transport militaire. »

Menace de déstabilisation

« Le chaos au Niger achève de déstabiliser les pays du Sahel », titre de son côté Le Figaro, qui fait lui aussi allusion aux coups d'État au Mali et au Burkina Faso. «Pour la France, estime le journal, cet exemple presque parfait de la vieille théorie des dominos est une nouvelle particulièrement mauvaise. Les secousses à Niamey illustrent surtout sa perte d'influence dans une région auprès d'ex-colonies où elle pensait pouvoir encore servir de modèle. »

« Au Niger, le retour des généraux », constate L'Humanité. Qui ne nourrit aucune illusion à l'égard des putschistes : « Le coup d'État perpétré par des officiers issus de l'ancien régime n'a pour fondement que "l'assouvissement d'ambitions personnelles" », estime le journal. Enfin, La Croix elle aussi s'inquiète d'une menace de déstabilisation du Sahel. « Si le putsch venait à aboutir, ce pays parmi les plus pauvres de la planète basculerait vers encore plus d'instabilité, déjà miné par les groupes liés à l'État islamique et al-Qaïda. »

Le géant Léon Marchand

Autre grand titre de la presse française ce matin, les exploits répétés de Léon Marchand aux Championnats du monde de natation. Photo en Une d'Aujourd'hui en France : « Marchand de rêves », se réjouit le journal, alors que le nageur français de 21 ans a remporté sa 3ᵉ médaille d'or aux Mondiaux. Aujourd'hui en France ne se satisfait pas de cette moisson en or et se projette déjà vers les Jeux olympiques de 2024 : « Il a tout pour être LA star des Jeux de Paris ». Même ses aînés rêvent de le voir grandir encore. « Je suis déjà excité à l'idée d'être dans un an à Paris », confie ainsi Michael Phelps. Des espoirs qui forment une lourde pression sur les épaules du jeune nageur : « Je dois m'y faire parce qu'à Paris ce sera pire, explique Léon Marchand. En fait avant, j'avais des moments à moi, seul, mais je ne suis jamais tout seul. Il y a toujours quelqu'un qui me regarde, qui me prend en photo ou qui me filme et je n'ai pas trop l'habitude de ça. C'est la première fois que je le vis vraiment ».

L'Équipe s'enthousiasme pour « Le Roi Léon ». En Une, le jeune nageur à l'arrivée de sa dernière course, bonnet blanc et lunettes dorées, lève la main avec trois doigts en l'air pour marquer sa 3ᵉ médaille d'or. « C'est Léonissime », renchérit son père, lui-même ancien nageur. Le jeune homme « est d'une humilité rare » assure L'Équipe, « mais il connaît sa valeur, l'investissement qu'il est prêt à engager pour assouvir ses rêves les plus fous ».

Enfin, Le Figaro lui aussi voit déjà un très bel avenir olympique à Léon Marchand. « Les JO 2024 seront la scène idéale de la nouvelle star des bassins », il sera « un fabuleux porte-drapeau ». Le quotidien s'y voit déjà : « La génération Paris 2024 pourra s'appuyer sur des exemples : Antoine Dupont, Kylian Mbappé, Victor Wembanyama et Léon Marchand. Pour aller plus vite, viser plus haut, voir plus loin ».

Coup d’État au Niger : qui est le général Tchiani qui défie Mohamed Bazoum ?

Suspecté d’être derrière la mutinerie contre le président nigérien, le commandant de la garde présidentielle est une figure controversée de l’armée.

Mis à jour le 27 juillet 2023 à 15:04
 
 

Lorsqu’Issoufou était au pouvoir, la garde présidentielle était « particulièrement choyée », affirme une source bien introduite. Afin, notamment, de se prémunir de toute tentative de coup d’État dans un pays qui en a déjà connu quatre depuis son indépendance, en 1960. Elle compterait aujourd’hui environ 700 hommes bien équipés et entraînés, ainsi qu’une vingtaine de blindés.

 

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Des manifestants se rassemblent à Niamey, le 26 juillet 2023, en soutien au président nigérien, Mohamed Bazoum, victime d’une tentative de coup d’État militaire. © Photo by – / AFP

 

 

À la tête de la garde présidentielle depuis 2011, Abdourahmane Tchiani est un général controversé au sein de l’armée nigérienne. Issu des rangs de l’armée de terre, il a été promu sous la présidence de Mahamadou Issoufou, dont il serait un « fidèle parmi les fidèles », assurent de bons connaisseurs de l’appareil sécuritaire nigérien.

À LIREAu Niger, l’armée affirme avoir renversé Mohamed Bazoum
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Lorsqu’il cède le pouvoir à Mohamed Bazoum, en 2021, Mahamadou Issoufou plaide pour le maintien de l’essentiel de son cercle de sécurocrates, Tchiani inclus. De quoi compliquer la gestion de la grande muette pour son successeur, tiraillé entre le souhait d’imprimer sa marque, tout en prenant soin de ne pas brusquer les militaires, et le désir de ménager les sensibilités d’Issoufou et du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).

Mauvaises relations avec la hiérarchie militaire

Selon nos informations, Mohamed Bazoum avait pourtant décidé que l’armée nigérienne devait opérer une mue profonde. En avril 2023, le président a ainsi remplacé le chef d’état-major des armées et le patron de la gendarmerie nationale. De quoi s’attirer, selon plusieurs analystes sécuritaires, la défiance de nombreux officiers.

À LIRENiger : des renseignements à l’armée, les sécurocrates de Mohamed Bazoum

C’est finalement sa volonté d’écarter le général Tchiani du commandement de la garde prétorienne qui, selon des sources concordantes, vaut aujourd’hui à Mohamed Bazoum de voir certains éléments de la garde présidentielle se retourner contre lui. Selon nos informations, le chef de l’État avait pourtant personnellement décidé de maintenir le patron de la garde présidentielle à son poste en 2022, lorsque ce dernier devait partir en formation.

Le nom du controversé général avait déjà été cité dans l’affaire du coup d’État manqué de 2015. Certains des soldats arrêtés avaient alors accusé Abdourahmane Tchiani. Sa culpabilité n’a jamais été prouvée et le gradé n’a jamais été officiellement inquiété après ces accusations.

Selon l’entourage du dirigeant nigérien, l’essentiel de l’armée est restée, à l’heure où nous écrivons ces lignes, loyale à Mohamed Bazoum. Plusieurs unités d’élite ont d’ailleurs été envoyées en renfort depuis Tillabéri, Ouallam et Dosso pour tenter de faire plier les mutins.

Certains observateurs voient en cette loyauté l’effet des mauvaises relations entretenues par le général Tchiani avec la hiérarchie militaire. Certains lui reprocheraient son ascension accélérée sous Mahamadou Issoufou, d’autres d’avoir écarté – voire incarcéré – un certain nombre d’officiers au cours de sa carrière.

Assimi Goïta et Ibrahim Traoré affichent leur proximité avec Vladimir Poutine au sommet Russie-Afrique

Plusieurs présidents africains assistent au sommet Russie-Afrique, qui s’ouvre ce 27 juillet à Saint-Pétersbourg. Parmi eux, les chefs des juntes malienne et burkinabè, pourtant peu enclins à quitter leur pays.

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Ibrahim Traoré, à l’aéroport de Ouagadougou, s’apprêtant à s’envoler pour Saint-Pétersbourg, le 25 juillet 2023. © Présidence du Faso

Ses déplacements à l’étranger sont assez rares pour être soulignés. Le 25 juillet, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition burkinabè, en treillis, ganté et armé, foule le tapis rouge de l’aéroport de Ouagadougou avant de s’envoler pour Saint-Pétersbourg, où va s’ouvrir la deuxième édition du Sommet Russie-Afrique (27-28 juillet).

Après le sommet réussi de Sotchi, en 2019, et un an et demi après le début de la guerre en Ukraine, ce grand raout est un test diplomatique et économique pour Vladimir Poutine. Parmi les chefs d’État qui ont répondu présent, Ibrahim Traoré, donc, mais aussi son aîné malien, le colonel Assimi Goïta.

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Déplacements exceptionnels

Depuis son coup d’État, le 2 octobre 2022, Traoré n’a franchi qu’une seule fois les frontières burkinabè : le 2 novembre de la même année, pour une « visite d’amitié et de travail » à Bamako, marquant le début d’un rapprochement entre le Mali et le Burkina Faso. Au palais de Koulouba, Assimi Goïta et son hôte avaient évoqué la coopération militaire et sécuritaire bilatérale, ainsi que leurs relations avec la Russie.

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De son côté, le président de la transition malienne n’est guère enclin à voyager : depuis son deuxième coup d’État, en mai 2021, il n’a pas quitté son pays. Après avoir fait de la Russie son nouvel allié et protecteur, Assimi Goïta se devait de participer à ce sommet de Saint-Pétersbourg, au cours duquel Vladimir Poutine va compter ses partenaires africains. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés, mais ils ont eu deux échanges téléphoniques, en août 2022 et en juin 2023.

Wagner au Mali, mais pas au Burkina

Régulièrement en contact avec Ibrahim Traoré, le chef de la junte malienne œuvre depuis plusieurs mois à un rapprochement entre Moscou et Ouagadougou. En décembre 2022, les autorités maliennes avaient ainsi facilité le discret voyage en Russie d’Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, le Premier ministre burkinabè. Un avion de l’armée de l’air malienne était venu le chercher à Ouagadougou pour l’amener à Bamako, d’où il avait rallié Moscou.

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Lors de ce voyage, la possibilité d’un déploiement des mercenaires du groupe Wagner au Burkina Faso ainsi que l’acquisition de matériel militaire avaient été évoquées. Si Goïta n’a pas hésité à faire venir des hommes de Prigojine, cela n’a, jusqu’à présent, pas été le cas de Traoré.

Un souverainiste sous pression

« Wagner ne peut pas entrer dans le schéma de la coopération avec la Russie, estimait Zéphirin Diabré, ex-chef de file de l’opposition burkinabè, à la fin de 2022. La seule option valable pour endiguer le terrorisme, c’est l’engagement des Burkinabè. » Une orientation pleinement assumée par Ibrahim Traoré, qui joue à fond la carte souverainiste depuis son arrivée au pouvoir, en privilégiant la reconquête du territoire national par les seules forces burkinabè. « Le combat pour l’indépendance totale a commencé », avait-il déclaré dans son discours à la nation, en décembre 2022.

Sous la pression des attaques jihadistes, qui se multiplient et endeuillent le pays, le chef de la transition burkinabè, en quête de soutiens, assume s’être rapproché de la Russie, qui, en mars, lui a fourni des armes et des hélicoptères d’attaque. Toujours à la recherche de financements pour mener sa guerre contre le terrorisme, Ouagadougou parle aujourd’hui d’une « coopération voulue et affirmée » avec Moscou.

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Forte délégation malienne

Soucieux de trouver « des solutions pour la sécurité et le développement du Burkina Faso […] dans un nouveau partenariat mutuellement bénéfique avec la Russie », Ibrahim Traoré serait donc en quête de nouveaux accords économiques et militaires à Saint-Pétersbourg. Le risque de déstabilisation de son régime étant réel et dans tous les esprits, son voyage en Russie n’a été annoncé qu’au tout dernier moment.

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Assimi Goïta, lui, avait prévu de se rendre à Saint-Pétersbourg il y a longtemps, et a confirmé sa venue dès le mois de février. Pour le chef de la junte malienne, l’enjeu est double : montrer qu’il est un chef d’État respectable — alors que beaucoup le suspectent de vouloir se présenter à la présidentielle, censée se tenir en 2024 –, et poursuivre la coopération économique et militaire avec la Russie.

À ses côtés, une délégation de 80 personnes, dont plusieurs ministres : Abdoulaye Diop (Affaires étrangères), Sadio Camara (Défense) et Alhousseini Sanou (Économie). « Nous nous attendons à ce que plusieurs accords soient signés. La Russie est le partenaire le plus stratégique du Mali », a déclaré un porte-parole de l’ambassade malienne à Moscou à l’agence de presse russe Tass, le 18 juillet.

« Transactions secrètes »

Outre les accords militaires en cours, des livraisons de blé à prix réduits ont déjà été signalées au Mali, Moscou étant à la recherche de débouchés depuis sa rupture avec les marchés européens. Pour Thierry Vircoulon, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), d’autres « transactions secrètes », qui permettraient à la Russie de contourner les sanctions internationales, pourraient être au cœur des discussions à Saint-Pétersbourg.

Comme l’a indiqué, en mai, le département d’État américain, le Mali est par ailleurs soupçonné de fournir aux Russes des armes et des munitions, officiellement acquises pour sa propre armée. Elles auraient « vocation à être utilisées en Ukraine », selon les autorités américaines.

Ouattara, Gbagbo, Drogba… À Abidjan, les rues « ivoirisées »

À l’issue d’une vaste opération d’adressage lancée par le gouvernement, les rues, avenues et boulevards du district d’Abidjan ont été rebaptisés au nom de célèbres personnalités ivoiriennes.

Mis à jour le 26 juillet 2023 à 18:29
 

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Le plateau, quartier des affaires d’Abidjan. © Guillaume Binet pour JA.

Abla Pokou, Marie Koré, Félix Houphouët-Boigny ou Marie-Thérèse Houphouët-Boigny… À Abidjan, plusieurs boulevards et avenues portent désormais les noms d’illustres Ivoiriennes et Ivoiriens. Dans le cadre du Projet d’adressage des voies et lieux publics du district d’Abidjan (Pada), piloté par le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, 32 boulevards, 211 avenues et plus de 14 000 rues ont été recensés et, pour nombre d’entre eux, renommés.

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Mis en œuvre par le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD), ce projet a pour objectif de mettre en place un système d’adressage complet garantissant la localisation et le référencement sur le réseau routier du district d’Abidjan.

La dénomination, étape importante dans ce processus d’adressage, a longtemps fait débat dans la sphère politique et civile ivoirienne. Pour trouver des noms de rues acceptés de tous, le BNETD s’est associé avec les chercheurs de la Cellule d’analyse de la politique économique (Capec) du Centre ivoirien de recherches économique et sociale (Cires), affiliés à l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan.

Démarche participative et inclusive

« Nous avons rassemblé des propositions de noms dans une démarche participative et inclusive, explique Germain Kramo, chercheur au Capec. Nous avons soumis un questionnaire à 939 ménages, ainsi qu’à 14 212 usagers du réseau routier, afin de définir des critères qui nous ont permis de rédiger une charte de toponymie. »

Un socle sur lequel le BNETD, la Capec et la Commission nationale de toponymie se sont appuyés pour nommer les artères du district d’Abidjan. « Cette charte est née de la classification des voies en voies primaires, secondaires et tertiaires, poursuit le chercheur. Il a ensuite fallu collecter les noms proposés aux municipalités du district. Et enfin, parcourir les livres historiques et les archives d’État afin de valider ces noms choisis. »

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Plus grande est la voie, plus la personnalité choisie doit être d’envergure. Les boulevards recevront ainsi les noms de présidents ou de vice-présidents de la République ivoirienne, comme Félix Houphouët-Boigny, ou de dates charnières dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, comme celle de son indépendance (le 7 août 1960). Des concepts fondateurs de la nation – la paix, le dialogue, ou encore l’unité nationale… – ont aussi été retenus.

Dominique Ouattara pour remplacer Mitterand

Ainsi, le boulevard Valéry-Giscard d’Estaing est rebaptisé boulevard Félix-Houphouët-Boigny, le boulevard Est-Ouest devient le boulevard Robert-Gueï, le boulevard du 4e pont devient le boulevard Laurent Gbagbo, et l’avenue Percée-Reboul devient le boulevard Alassane Ouattara. Le boulevard Mitterrand est désormais le boulevard Dominique Ouattara, quant au boulevard de France, il est rebaptisé boulevard Marie-Thérèse Houphouët-Boigny.

Viennent ensuite les avenues, reprenant les noms d’anciens ministres, présidents d’institution, gouverneurs, ambassadeurs, Premières dames… Abla Pokou donne ainsi son nom à une avenue de la commune de Treichville, et Marie Koré dans celle de Port-Bouet.

L’ANCIEN INTERNATIONAL DIDIER DROGBA VOIT SON NOM ATTRIBUER À UNE AVENUE DE BINGERVILLE

Des contributeurs à l’économie nationale, mais aussi des personnalités étrangères remarquables ont aussi été choisis, tout comme des personnalités non-politiques qui ont marqué leur époque, notamment des musiciens et des sportifs. À défaut d’avoir été élu à la tête de la Fédération ivoirienne de football, l’ancien international Didier Drogba voit son nom attribuer à une avenue de Bingerville.

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Enfin, les rues des quartiers recevront le nom de personnalités locales, de dates marquantes de la commune, de domaines d’activités dominantes dans la zone, d’édifices culturels, voire d’éléments naturels. Après cette première liste de dénominations divulguée, « la mission continue », garantit Germain Kramo.

Tentative de coup d’État au Niger : qui est le général Tchiani qui défie Mohamed Bazoum ?

Suspecté d’être derrière la mutinerie contre le président nigérien, le commandant de la garde présidentielle est une figure controversée de l’armée.

Mis à jour le 27 juillet 2023 à 06:55
 
 

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Des manifestants se rassemblent à Niamey, le 26 juillet 2023, en soutien au président nigérien, Mohamed Bazoum, victime d’une tentative de coup d’État militaire. © Photo by – / AFP

 

 

À la tête de la garde présidentielle depuis 2011, Abdourahmane Tchiani est un général controversé au sein de l’armée nigérienne. Issu des rangs de l’armée de terre, il a été promu sous la présidence de Mahamadou Issoufou, dont il serait un « fidèle parmi les fidèles », assurent de bons connaisseurs de l’appareil sécuritaire nigérien.

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Lorsqu’Issoufou était au pouvoir, la garde présidentielle était « particulièrement choyée », affirme une source bien introduite. Afin, notamment, de se prémunir de toute tentative de coup d’État dans un pays qui en a déjà connu quatre depuis son indépendance, en 1960. Elle compterait aujourd’hui environ 700 hommes bien équipés et entraînés, ainsi qu’une vingtaine de blindés.

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Lorsqu’il cède le pouvoir à Mohamed Bazoum, en 2021, Mahamadou Issoufou plaide pour le maintien de l’essentiel de son cercle de sécurocrates, Tchiani inclus. De quoi compliquer la gestion de la grande muette pour son successeur, tiraillé entre le souhait d’imprimer sa marque, tout en prenant soin de ne pas brusquer les militaires, et le désir de ménager les sensibilités d’Issoufou et du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).

Mauvaises relations avec la hiérarchie militaire

Selon nos informations, Mohamed Bazoum avait pourtant décidé que l’armée nigérienne devait opérer une mue profonde. En avril 2023, le président a ainsi remplacé le chef d’état-major des armées et le patron de la gendarmerie nationale. De quoi s’attirer, selon plusieurs analystes sécuritaires, la défiance de nombreux officiers.

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C’est finalement sa volonté d’écarter le général Tchiani du commandement de la garde prétorienne qui, selon des sources concordantes, vaut aujourd’hui à Mohamed Bazoum de voir certains éléments de la garde présidentielle se retourner contre lui. Selon nos informations, le chef de l’État avait pourtant personnellement décidé de maintenir le patron de la garde présidentielle à son poste en 2022, lorsque ce dernier devait partir en formation.

Le nom du controversé général avait déjà été cité dans l’affaire du coup d’État manqué de 2015. Certains des soldats arrêtés avaient alors accusé Abdourahmane Tchiani. Sa culpabilité n’a jamais été prouvée et le gradé n’a jamais été officiellement inquiété après ces accusations.

Selon l’entourage du dirigeant nigérien, l’essentiel de l’armée est restée, à l’heure où nous écrivons ces lignes, loyale à Mohamed Bazoum. Plusieurs unités d’élite ont d’ailleurs été envoyées en renfort depuis Tillabéri, Ouallam et Dosso pour tenter de faire plier les mutins.

Certains observateurs voient en cette loyauté l’effet des mauvaises relations entretenues par le général Tchiani avec la hiérarchie militaire. Certains lui reprocheraient son ascension accélérée sous Mahamadou Issoufou, d’autres d’avoir écarté – voire incarcéré – un certain nombre d’officiers au cours de sa carrière.