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L’exclusion de Laurent Gbagbo des listes électorales suscite la polémique

En Côte d’Ivoire, l’ancien président reste radié de la liste électorale pour les prochaines locales, prévues en septembre. Une décision qui provoque l’ire de ses partisans et l’incompréhension des autres opposants.

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 24 mai 2023 à 08:16
 
 
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L’ancien président ivoirien et président du PPA-CI, Laurent Gbagbo, lors d’une cérémonie à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan, le 31 mars 2023. © Sia Kambou / AFP

 

Sans grande surprise, le nom de Laurent Gbagbo n’est pas apparu sur la liste électorale publiée ce samedi 20 mai par la Commission électorale indépendante (CEI). Cette exclusion de l’ancien président avait été anticipée par sa formation, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), qui a boycotté la réunion de l’organe électorale en signe de protestation. « Nous trouvons cela injuste », avait alors regretté Sébastien Dano Djédjé, l’un des lieutenants de l’ex-chef de l’État.

Face aux critiques des pro-Gbagbo, Ibrahim Kuibiert Coulibaly, le président de la CEI, a tenté de justifier la démarche de son institution : « Le président Gbagbo a été radié de la liste électorale en 2020. Son avocat a saisi la Commission électorale pour nous demander des comptes. Nous leur avons expliqué qu’une décision de justice a été mise à la disposition de la Commission, laquelle stipule que le président Gbagbo est déchu de ses droits civiques et politiques. Le tribunal du Plateau les a déboutés. Voilà pourquoi il ne se trouve pas sur la liste. »

Condamné à vingt ans de prison

Bien qu’acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), qui le jugeait pour crimes contre l’humanité commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Laurent Gbagbo reste sous le coup d’une condamnation à vingt ans de prison par la justice ivoirienne dans l’affaire dite du casse de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 2011.

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Des arguments rejetés en bloc par le PPA-CI qui, depuis samedi, mène une offensive médiatique tous azimuts. « Je mets au défi toute personne détentrice de la décision de justice qui dit que Laurent Gbagbo est déchu de ses droits civiques de la publier afin que les Ivoiriens voient. Nous, nous n’en avons pas connaissance », martelait Me Habiba Touré, avocate et cheffe de cabinet de l’ancien président, lors d’un récent débat télévisé. « Le fait d’être adversaire politique ne doit pas retirer à son opposant les droits élémentaires attachés à sa citoyenneté. »

Entre ceux qui estiment que la CEI n’a fait que respecter la loi et les partisans de l’ancien président, les positions semblent irréconciliables. Car derrière la radiation de Gbagbo des listes électorales se joue aussi son éventuelle candidature à la présidentielle de 2025.

Une « coutume politique ivoirienne »

Lors d’une conférence de presse organisée samedi, Justin Katinan Koné, le porte-parole du PPA-CI, était monté au créneau pour « exiger le rétablissement du droit de vote » de l’ancien président. Quand il avait (déjà) été radié des listes électorales en 2020 et que sa candidature à la présidentielle avait été rejetée, les proches de Laurent Gbagbo avaient saisi la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP).

Celle-ci avait demandé à l’État ivoirien de « prendre toutes mesures nécessaires en vue de lever immédiatement tous les obstacles empêchant le requérant (Laurent Gbagbo) de s’enregistrer sur la liste électorale ». Face au maintien de sa radiation, le PPA-CI a donc rappelé cette décision en estimant qu’elle s’impose toujours à la Côte d’Ivoire. « Nous rendons le gouvernement entièrement responsable des risques de troubles que la décision de rejet de l’inscription du président Laurent Gbagbo fait courir au pays », a insisté Justin Katinan Koné.

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Pour l’analyste politique et essayiste Julien Kouao, « l’exclusion électorale est une coutume politique ivoirienne ». « Alassane Ouattara avait été exclu du jeu électoral pour raison de nationalité, Henri Konan Bédié a été quant à lui exclu de la présidentielle de 2000 pour non présence en Côte d’Ivoire et aujourd’hui, c’est Laurent Gbagbo qui l’est pour des raisons judiciaires. Tout ceci n’honore pas le personnel politique », déplore-t-il.

Sur la scène politique, cette décision fait également beaucoup réagir. Lors d’une conférence de presse, Soumaïla Bredoumy Kouassi, le porte-parole du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a demandé la réintégration de l’ancien président sur les listes et a affirmé que son parti était « contre toutes les injustices ». « Le pays entre dans une phase de stress et d’incertitudes. (…) Nous n’avons pas intérêt, dans le contexte actuel, à mettre de l’huile sur le feu », a-t-il ajouté.

Tensions accrues

Après l’échec de leur « désobéissance civile » à la présidentielle de 2020, le PDCI et les pro-Gbagbo avaient noué des alliances pour les législatives de 2021 et remporté plusieurs dizaines de sièges. Pour les locales – municipales et régionales – prévues le 2 septembre, les formations politiques des deux anciens présidents travaillent à de nouveaux accords.

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La radiation de Laurent Gbagbo des listes électorales aura-t-elle une incidence sur la participation de son parti à ces scrutins ? Pour l’heure, aucune décision n’a été annoncée. Contacté par Jeune Afrique, Justin Katinan Koné a confié que le comité politique du parti s’était réuni lundi 22 mai et que sa stratégie sera définie dans les jours à venir, après consultation des différentes instances.

La marge de manœuvre de Gbagbo semble relativement étroite. « Pour qu’il retrouve ses droits civiques, il lui faut bénéficier d’une loi d’amnistie. L’amnistie peut être prise par le parlement, mais également par le président de la République à travers une ordonnance, explique Julien Kouao. Dans le cas de Laurent Gbagbo, la solution n’est pas juridique, elle est politique. »

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L’opposition a beau marteler que l’acquittement de l’ancien président et des autres prisonniers dans le cadre de la crise post-électorale fait partie des résolutions du dialogue politique initié par le pouvoir, cette option ne semble pas encore être à l’ordre du jour.

Le 6 août dernier, lors de son discours à la nation, Alassane Ouattara avait accordé une grâce à son prédécesseur. Dans la foulée, il avait également annoncé d’autres mesures d’apaisement du climat politique, dont le dégel des avoirs de Laurent Gbagbo. Depuis, plus rien ou presque, et des tensions ressurgissent à l’approche des élections locales. Le PPA-CI donc, mais aussi le PDCI ou encore le Mouvement des générations capables (MGC) de Simone Gbagbo que le PPA-CI dénoncent la partialité de la CEI, le découpage électoral et émettent déjà des doutes sur la transparence du scrutin.

L’opposition togolaise va-t-elle faire son grand retour ?

De Jean-Pierre Fabre à Gerry Taama, en passant par Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, à l’approche des législatives – qui doivent se tenir d’ici au début de décembre – la plupart des leaders politiques entrent en campagne, y compris ceux qui avaient boycotté le scrutin de 2018.

Par  - À Lomé
Mis à jour le 19 mai 2023 à 09:20

 

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Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson (g.) et Jean-Pierre Fabre (d.) lors d’un rassemblement organisé le 8 septembre 2017 à la résidence du leader du Parti national panafricain (PNP) Tikpi Atchadam, à Lomé. © REUTERS

Cinq ans après le boycott des précédentes législatives par l’alliance C14, qui regroupait 14 partis d’opposition, celles prévues d’ici à la fin de l’année vont constituer un véritable test pour les partis politiques et leurs leaders. La compétition s’annonce rude et les résultats pourraient être serrés.
Depuis le début de l’année, les meetings ont repris à travers le pays et les principaux partis de l’opposition togolaise commencent à battre la campagne, espérant souffler la majorité dans l’hémicycle au parti présidentiel, l’Union pour la République (Unir), qui a obtenu sans surprise la majorité absolue en 2018, avec 59 sièges sur 91, contre 14 à l’opposition et 18 aux indépendants, dont les positions sont acquises au parti au pouvoir.

Mobilisation générale

Pour l’heure, les regards sont tournés vers la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui travaille d’arrache-pied pour organiser les législatives d’ici au 8 décembre, au plus tard. Elle s’est aussi attelée à la préparation des élections régionales. Ces dernières, reportées depuis deux ans, ont d’abord été annoncées pour le premier semestre 2023, mais aucune date n’est encore fixée. Certains évoquent un scrutin couplé avec celui des législatives. Pour le moment, la Ceni met les bouchées double afin que le recensement pour les deux scrutins soit organisé et tenu dans les temps, entre 29 avril et le 3 juin 2023.

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Sur un air de précampagne, les états-majors des partis se (re)mobilisent. Ceux représentés à l’Assemblée nationale, comme le Nouvel engagement togolais (NET, de Gerry Taama), l’un des rares partis actuellement présents à l’Assemblée (3 sièges), avec le Parti des démocrates panafricains (PDP, 1 siège) et l’Union des forces du changement (UFC, 7 députés), de Gilchrist Olympio – lequel est désormais proche de la majorité présidentielle. Mais aussi les partis dits extra-parlementaires, ex-membres de la coalition C14, comme l’Alliance nationale pour le changement (ANC, de Jean-Pierre Fabre), le Comité d’action pour le renouveau (CAR, de Dodji Apévon), la Convention démocratique des peuples africains (CDPA, de Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson) et l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (Addi, d’Aimé Gogué).

Pendant plus deux ans, le gouvernement a interdit les manifestations publiques d’abord en raison de la pandémie de Covid-19 survenue en mars 2020, puis de la menace terroriste. Les partis ont donc été contraints de tenir leurs réunions en comités restreints. Jusqu’au rassemblement organisé en novembre dernier à Vogan, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Lomé, par la Dynamique monseigneur Kpodzro (DMK), alliance formée de sept partis d’opposition et de six organisations de la société civile, qui a soutenu l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo à la présidentielle de février 2020. Cette rencontre a permis à la DMK, dirigée par la secrétaire générale de la CDPA, Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson – et rebaptisée Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) en avril dernier –, de renouer le contact avec la base.

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L’ANC a quant à elle tenu son meeting à Agoè-Nyivé, dans la banlieue nord de Lomé, le 12 février. « Nous sommes en pleine mobilisation pour les prochaines élections. Nous avons déjà invité nos militants à s’inscrire sur les listes électorales pendant la période de recensement, et nous les exhortons à ne pas baisser les bras devant ce que nous pouvons considérer comme un échec. Nous devons aller de l’avant », explique Jean-Pierre Fabre. Sorti fragilisé de la présidentielle de 2020, où il n’a obtenu que 4,68 % (contre 35 % en 2015 et 33 % en 2010), le président de l’ANC en a fini avec la stratégie de la chaise vide, déplorant que, ces cinq dernières années, il n’y a eu « aucun député pour porter la contradiction » face à la majorité Unir.

« Les législatives de 2018 ont donné à l’hémicycle une configuration qui a « calmé » la vie partisane… Ce qui a fait plus de mal que de bien, car le débat politique a régressé, laissant place à la délation et à des débats inutiles sur les réseaux sociaux », souligne Senyéebia Yawo Kakpo, enseignant-chercheur en sciences juridiques et politiques à l’université de Kara. « Une activité partisane intense est un ferment pour la consolidation de la démocratie, ajoute-t-il. Aussi, le retour des principaux partis de l’opposition [à l’Assemblée] pèsera, lors des délibérations législatives, pour la vitalité de la démocratie togolaise. »

S’unir contre l’Unir ou faire cavalier seul

Les questions qui se posent avant chaque scrutin au Togo n’en restent pas moins formulées. D’abord en ce qui concerne la possibilité de fragiliser la position dominante de l’Unir, dont le président, Faure Essozimna Gnassingbé, a remporté la présidentielle de 2020 pour un quatrième mandat, avec un résultat record de 70,78 % des suffrages exprimés (contre 58,77 % en 2015 et 60,9 % en 2010 %). Ensuite quant à la capacité des partis à nouer des alliances plutôt que de se combattent entre eux.

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Selon Richard Tindjo, le vice-président du parti des Démocrates socialistes africains (DSA), l’opposition n’a pourtant pas d’autre choix que de former des alliances pour combattre l’Unir dans certaines circonscriptions électorales, si elle espère « gagner plus de sièges et réussir le pari d’obtenir la majorité » à l’Assemblée nationale. « La révolution électorale ne sera possible aux législatives que si des blocs se forment, assure-t-il. Les échecs aux élections ne viennent pas seulement du régime en place. Nous faisons des erreurs. Car nous pouvons parvenir à l’alternance par les élections. C’est une question de bon sens, d’engagement et de volonté. »

Sûr d’être réélu dans l’Est-Mono – préfecture des Plateaux, qui l’a adopté –, le député Gerry Taama, fondateur et président national du NET, n’est favorable à aucune union et compte bien voir son parti remporter au moins 10 sièges lors des prochaines législatives pour peser davantage dans les débats.

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L’UFC, de Gilchrist Olympio, se prépare aussi. Il joue sa survie. Considéré comme chef de file de l’opposition en raison des 7 sièges qu’il a remportés en 2018, le parti reste cependant empêtré dans une guerre de succession et en perte de vitesse au sein de l’opinion, depuis l’accord qu’il a conclu avec l’ex-Rassemblement du peuple togolais (RPT, devenu Unir en 2012), il joue sa survie.

Position radicale

Quelques leaders de partis restent en retrait de l’effervescence pré-électorale. C’est le cas de Nathaniel Olympio, cyber-activiste et président du Parti des Togolais (PT), qui préconise une ouverture du pouvoir à un changement démocratique, plutôt que d’organiser des élections sans enjeu pour l’opposition. Le leader du Parti national panafricain (PNP), Tikpi Atchadam, qui a ébranlé le régime par de gigantesques manifestations en 2017, semble sur la même longueur d’onde. Depuis son exil, il assimile les élections à des « rituels de remise en œuvre de la dictature ». De fait, tous deux appellent le peuple à « arracher sa liberté confisquée depuis des années et achever la lutte ».

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Une position radicale qui ne fait pas l’unanimité. L’ex-député Aimé Gogué, président de l’Addi, qui a boycotté les législatives en 2018, pose désormais un regard critique sur cette stratégie qu’il estime contre-productive, parce qu’elle a effacé l’opposition de la vie politique. « Nous devons tirer des leçons des boycotts pour savoir si nous avons évolué ou pas, insiste-t-il. Si nous laissons le parti Unir aller seul aux élections, nous lui laissons la voie libre et il peut faire ce qu’il veut. »

Au Sénégal, Ousmane Sonko veut des garanties pour se rendre au tribunal

L’opposant sénégalais a réclamé vendredi soir que certaines conditions sur sa sécurité personnelle soient remplies pour être présent à son procès pour viols présumés, à trois jours d’une nouvelle audience à Dakar.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 20 mai 2023 à 11:58
 
 

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L’opposant Ousmane Sonko s’adresse aux journalistes alors que son convoi est arrêté sur la route vers son procès, à Dakar le 16 mars 2023. © GUY PETERSON / AFP

 

 

Ousmane Sonko a un nouveau rendez-vous le mardi 23 mai avec la justice, susceptible de causer de nouvelles tensions dans le pays, après un procès pour viols présumés ouvert le 16 mai en son absence puis renvoyé le même jour. « Le jour où on me donnera des garanties, je viendrai à Dakar et mardi je serai au tribunal. Si toutes les conditions [de sécurité] sont remplies, je répondrai présent », a-t-il déclaré dans une interview dans la nuit de vendredi à samedi à la télévision.

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À Dakar, les forces de l’ordre « m’ont fait subir des violences, des brutalités. Ma maison est barricadée et on a tenté de m’assassiner« , a-t-il dit en langue ouolof, accusant le pouvoir. « Je suis pourchassé partout. J’ai été blessé [lors d’une intervention des forces de l’ordre]. Mes militants reçoivent des bombes lacrymogènes ou sont arrêtés par centaines. L’institution judiciaire ne doit pas être le bras armé de l’exécutif pour éliminer un candidat à la présidentielle » de 2024, a ajouté l’opposant, candidat à ce scrutin.

« Aucune convocation »

Ousmane Sonko, président du parti Pastef-les Patriotes et troisième de la présidentielle en 2019, a toujours clamé son innocence et crié au coup monté du pouvoir pour l’empêcher de concourir à la présidentielle de 2024. Le président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, reste muet sur ses intentions.

Ousmane Sonko a en outre affirmé n’avoir reçu de la justice « aucune convocation » pour son procès pour « viols et menaces de mort » présumés. Il a dénoncé un dossier « vide » fait d’accusations proférées par « une fille qui ment » et à laquelle les autorités ont « fait des promesses d’argent et de passeports » pour partir à l’étranger.

À LIREOusmane Sonko contre Adji Sarr : de l’effervescence populaire à l’inertie judiciaire

La ville de Ziguinchor (sud), dont il est le maire et où il s’est retiré depuis quelques jours, a été en proie lundi et mardi à des affrontements entre les forces de l’ordre et de jeunes supporteurs de l’élu. Des troubles ont également eu lieu à Dakar et ailleurs. Les autorités ont fait état de trois morts, sans que le rapport avec les heurts soit toutefois clairement établi.

(avec AFP)

Élections en Mauritanie: le pays toujours dans l'attente des résultats par la Ceni

 

Samedi 13 mai dernier, 1,8 million d’électeurs étaient appelés à choisir leurs députés, maires et conseillers régionaux. Tous les regards sont tournés vers la Commission électorale indépendante (Ceni), qui annonce les résultats au compte-goutte depuis ce dimanche 14 mai.

Avec envoyé spécial à Nouakchott, Sidy Yansané

Ce triple scrutin est crucial pour le parti au pouvoir El Insaf du président Mohamed Ould Cheikh el-Ghazouani, qui fait face au jugement des urnes pour la première fois depuis son élection en 2019. Le premier concurrent d'El Insaf est le parti islamiste Tawassoul, qui veut confirmer son statut de première force d’opposition. Le militant anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, qui est arrivé deuxième lors de la présidentielle, a rejoint le parti Sawab qui espère bénéficier de sa popularité.

Après les multiples dysfonctionnements observés durant le scrutin de samedi, et dénoncés par de nombreux partis, dont la formation au pouvoir, la Ceni se sait attendue sur l’annonce des résultats. Depuis hier matin, ses membres se relaient à la télévision, et égrènent en direct les scores moughataa par moughataa, le nom donné aux circonscriptions mauritaniennes.

Un désir de transparence

Son porte-parole, Mohamed Taghioullah Led’hem, apparait régulièrement pour indiquer le niveau d’évolution des dépouillements sur l’ensemble du territoire. Et renvoie les populations vers le site myceni.com, qui compile les résultats en temps réel. Tout cela dans un but de transparence, assure le porte-parole, qui a diffusé un communiqué dans la soirée, rappelant l’importance d’attendre la fin du dépouillement, conformément à la loi; même si des candidats ont tout de même revendiqué leur victoire dans certaines municipalités, provoquant parfois des klaxons et des sifflets dans les rues durant la soirée.

La Ceni veut montrer qu’elle s’active pour mener à bien sa mission, d’autant que les responsables politiques, ainsi que le chef de l’État Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, ont tous salué la sérénité du scrutin. 

► À lire aussi :Mauritanie: un triple scrutin test pour le pouvoir à un an de la présidentielle

Réforme sur la promotion immobilière au Burkina : Des employés craignent pour leur emploi et le manifestent

Accueil > Actualités > Société • LEFASO.NET • dimanche 14 mai 2023 à 22h45min 
 
Reforme sur la promotion immobilière au Burkina : Des employés craignent pour leur emploi et le manifestent

 

Le gouvernement burkinabè a, depuis quelques mois, lancé un processus de réformes foncières et de promotion immobilière qui, constate-t-on, suscite des inquiétudes chez nombre d’acteurs du secteur, dont le Syndicat national des travailleurs de l’immobilier et assimilés (SYNTIA), qui affirme que cette réforme envisagée par le gouvernement expose       33 327 travailleurs directs et 43 300 travailleurs indirects. C’est pourquoi, ce samedi 13 mai 2023 à la Bourse du travail de Ouagadougou, le syndicat a sonné la mobilisation de ses membres par un meeting, dont l’objectif principal est de, selon ses responsables, rassembler les préoccupations des employés en vue d’une rencontre à venir avec l’Assemblée législative de transition (ALT).

 

Depuis janvier 2022, le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme a entrepris un projet de reformes de la promotion immobilière, explique le premier responsable du Syndicat national des travailleurs de l’immobilier et assimilés (SYNTIA), Félix Lankoandé. « Nous regrettons que dans toutes les étapes, le ministère ne nous ait pas associés dans le processus, alors que sur 275 sociétés immobilières, le nombre de travailleurs directs est de 33 327 et de 43 300 travailleurs indirects. C’est regrettable que dans un secteur où il y a tant de personnes, on associe certains acteurs et qu’on oublie les travailleurs. Ce n’est pas suffisamment inclusif », soulève le porte-parole des travailleurs.

« Heureusement, et c’est l’occasion pour nous de féliciter les membres de l’ALT (Assemblée législative de transition), à travers le président, Dr Bougouma (Ousmane), nous avons reçu une lettre d’invitation entrant dans le cadre des échanges avec les travailleurs du secteur », salue-t-il ensuite, justifiant ainsi la tenue du meeting qui vise à récolter l’ensemble des préoccupations des travailleurs pour cette rencontre avec le législateur.

 

 

A en croire Félix Lankoandé, il s’agit de récolter l’ensemble des préoccupations par rapport à cette volonté du gouvernement de réformer le secteur des sociétés immobilières, faire un état des lieux des difficultés que traversent les travailleurs dans les entreprises. « Il y a des menaces sérieuses sur la survie de nos emplois. En réalité, le projet de loi, s’il passe en l’état, beaucoup de sociétés vont fermer. Et qui dit société dit patron et employés. Cela va donc dans l’intérêt des travailleurs d’attirer l’attention de l’autorité. Certes, c’est un projet de loi, donc qui vient du gouvernement, mais ce sont les députés qui vont décider. Nous pensons qu’ils doivent se rappeler que derrière le projet de loi, il y a des emplois en jeu et la loi en tant qu’outil de développement doit prendre en compte la préservation des acquis des travailleurs.

 

 

Notre principale préoccupation à l’heure actuelle, c’est de dire que l’urgence n’est pas la réforme de la loi 057 portant promotion immobilière au Burkina Faso ; l’urgence se trouve ailleurs. Les députés, dans leur mission de contrôle de l’action gouvernementale, nous les invitons humblement à procéder à une enquête parlementaire, précisément au niveau du ministère de l’Urbanisme, sur l’état des lieux du traitement des dossiers déposés par les sociétés immobilières ; parce que c’est là-bas que le problème se situe, le problème n’est pas dans l’application de la loi. Et même si c’était dans l’application de la loi, c’est au ministère et non au niveau des promoteurs. Et c’est pour cela qu’on parle de passif.

 

 

Le passif est constitué de l’ensemble des dossiers déposés par les sociétés de promotion immobilière, depuis 2016 jusqu’à aujourd’hui, et qui traînent. Comment des sociétés reconnues et agréées introduisent des dossiers qui doivent être traités en un mois, mais de 2016 à aujourd’hui… nous sommes à combien de mois ? Et vous voulez reformer la loi ! Que faites-vous des dossiers qui sont empilés dans le ministère ? Donc, l’urgence se trouve à ce niveau, et seule une enquête peut éclairer suffisamment les députés pour qu’ils soient en mesure de voir quelles sont les priorités à prendre en compte dans l’adoption de la loi, pour améliorer les procédures (si les délais posent problème, il faut les revoir) et aussi voir derrière chaque société immobilière, qu’est-ce qui ne va pas et parallèlement à la survie des emplois », s’est étalé le porte-parole des travailleurs, Félix Lankoandé.

Pour illustrer la pertinence de leur démarche, le responsable syndical rappelle aux autorités que « le taux de chômage au Burkina Faso est élevé, le dernier recensement général des populations de 2022 parle de 7,1% de la population active en chômage ». De son avis, cela est une raison de plus pour ne pas mettre dans un secteur d’activité des chômeurs, et dans un pays où les recrutements ne sont pas faciles.

O.L
Lefaso.net