Les Africains fuiront-ils bientôt plus le changement climatique que la guerre ?
En 2022, les catastrophes climatiques ont provoqué 7,4 millions de déplacés internes supplémentaires en Afrique subsaharienne. Un chiffre record qui pourrait continuer à croître en l’absence de mesures concrètes.
Le chiffre est alarmant : en 2050, un migrant climatique interne sur deux sera Africain, d’après les prévisions de la Banque mondiale. En 2022, pour la première fois en Afrique subsaharienne, les catastrophes climatiques ont même provoqué presque autant de déplacements internes que les conflits, pourtant eux aussi en nette augmentation.
Sur la seule année dernière, les inondations, les sécheresses et les ouragans ont forcé 7,4 millions d’Africains à quitter leur foyer selon un rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) publié jeudi 11 mai. Quels sont les pays les plus touchés ? Quel est le lien entre l’activité humaine et ces déplacements ? Décryptage en infographies.
La mobilité a toujours existé. Pendant des siècles, des millions de personnes ont par exemple traversé l’Afrique de l’Ouest pour fuir la saison sèche ou diversifier leurs moyens de subsistance. Mais la destruction des écosystèmes par l’homme a déjà accentué ces flux migratoires, et ce sont les populations les plus vulnérables qui en sont les premières victimes.
Cercle vicieux
Pour ne rien arranger, les personnes déplacées ont tendance à se réinstaller dans des zones exposées aux phénomènes météorologiques extrêmes, dans les banlieues des villes à l’urbanisation anarchique ou sur les rives de fleuves, en zones souvent inondables. Le cercle vicieux est enclenché.
S’il n’existe pas encore de définition précise et harmonisée pour catégoriser ces « déplacés climatiques », tant les motifs migratoires sont complexes, il est impératif de comprendre comment les activités humaines vont transformer les dynamiques de mobilité existantes pour mieux s’y adapter. Sur le continent, la Cedeao a intégré la mobilité humaine à son plan climat 2022-2030. Déjà gravement touché par les crises écologiques, le Niger a mis en place dès 2006 un programme d’action pour l’adaptation au changement climatique. L’Organisation internationale pour les migrations a, de son côté, publié en février 2022 une étude détaillée sur les liens entre migration, environnement et changement climatique dans le pays.
Mais le chemin est encore long. Alors que les pays industrialisés rechignent à ouvrir le droit d’asile aux réfugiés climatiques par crainte d’une « submersion migratoire », les milliards de dollars promis aux pays africains pour s’adapter à ces bouleversements, auxquels ils n’ont que peu contribué, se font toujours attendre.