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Tourisme : la destination Sénégal reprend des couleurs

Balnéaire, business, écologie… Le pays de la Teranga veut concrétiser son potentiel touristique et vise les 3 millions de visiteurs par an d’ici à 2035, soit 1,2 million de plus que prévu cette année.

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Par  - envoyée spéciale à Dakar
Mis à jour le 18 avril 2023 à 11:43
 

 

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Hôtel Palm Beach de Saly. © Palm Beach

 

 

« Cela va être une année record, y compris par rapport aux bonnes saisons réalisées avant la pandémie de Covid-19, tant pour le tourisme d’affaires que de loisirs. » Tel est le pronostic de Mamadou Sow, le patron du Palm Beach, l’un des hôtels historiques de Saly, cité balnéaire située sur la Petite-Côte, à 1 h 30 au sud de Dakar. Actif dans le secteur depuis plus de trente ans, l’hôtelier sénégalais, également président du Syndicat national des agences de voyages et de tourisme (SAVT), n’est pas le seul à se montrer optimiste.

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« Depuis la mi-octobre, nous assistons à une véritable relance grâce au retour des visiteurs européens et à l’arrivée de nouveaux venus d’Amérique du Nord, avec un taux d’occupation de plus de 80 % », se félicite Solène Martin, à la tête du Lamantin, autre établissement phare de Saly, qui est passé à la fin de 2022 sous la gestion du groupe français Accor. Pour elle, aucun doute, « le tourisme au Sénégal a de très beaux jours devant lui ».

Potentiel sous-exploité

Si d’autres acteurs se montrent plus modérés, tous confirment le fort potentiel touristique du pays. Un atout identifié de longue date mais largement sous-exploité. Chantre de la Teranga (« hospitalité » en wolof), le Sénégal offre du soleil toute l’année et sans décalage horaire pour les Européens, tout en ayant développé le tourisme d’affaires et en présentant de belles perspectives d’écotourisme grâce à sa richesse naturelle, culturelle et patrimoniale.

« Il reste l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest qui peut offrir, en dehors du balnéaire, autant de produits écologiquement et culturellement riches », souligne Sokhna Sabara, à la tête du cabinet de conseil Africa Dreaming.

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Érigé en objectif prioritaire du Plan Sénégal émergent (PSE) par le président Macky Sall depuis 2013, l’essor du tourisme – secteur qui contribue à hauteur de 7,6 % au produit intérieur brut (PIB) – doit permettre de générer 750 milliards de F CFA (1,14 milliard d’euros) de recettes en 2022 via l’accueil de 1,8 million de visiteurs. Comptant quelque 1 100 établissements d’hébergement, plus de 330 agences de voyage et une capacité d’accueil de 41 500 lits, le pays, qui a accueilli en moyenne un million de touristes par an entre 2011 et 2015, vise la barre des 3 millions de visiteurs à l’horizon 2035, selon le ministère du Tourisme.

Reprise économique

Le violent coup d’arrêt provoqué par la pandémie de Covid-19 désormais passé, tous les voyants sont au vert. La forte croissance de l’économie – 8,3 % cette année selon le Fonds monétaire international (FMI) –, doit se poursuivre avec l’exploitation prochaine du pétrole et gaz, générant visites et besoins en hébergement.

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À l’heure où le tourisme d’affaires se relance avec la reprise des conférences en présentiel (voir encadré), les Jeux olympiques de la jeunesse prévus à Dakar en 2026 doivent booster le tourisme sportif autant que l’image du pays.

Les efforts de l’exécutif pour constituer des pôles touristiques (Dakar, Saint-Louis, Casamance, Sine Saloum, Sénégal oriental) et développer les infrastructures routières et aéroportuaires offrent de nouvelles possibilités de circuits aux voyagistes, sachant que le crédit hôtelier, mesure de soutien aux acteurs nationaux durant la pandémie, doit être prolongé.

Frénésie des investisseurs

Résultat, les investisseurs de tout bord se bousculent. Après la réouverture à la fin de 2021 du Club Med de Cap Skirring en Casamance (propriété de la société mauricienne Grit Real Estate Income Group), le groupe hôtelier espagnol Riu a lancé en avril 2022 un hôtel 5 étoiles all inclusive à Pointe-Sarène sur la Petite-Côte qui doit compter 1 000 chambres dans deux ans.

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Toujours sur le volet balnéaire, il y a la transformation du Lamantin en établissement Mövenpick à Saly par Accor (propriétaire de cette marque), ou encore la finalisation d’un Club Med à Nianing et d’un hôtel Aloft sur la pointe des Almadies à Dakar par l’entrepreneur Amadou Loum Diagne, et c’est sans compter les projets du patron du groupe Teyliom, Yérim Sow

On observe une même frénésie sur le tourisme d’affaires – avec les visées de l’américain Mariott à Dakar, de Yérim Sow et d’autres acteurs à Diamniadio, entre autres – et un fort dynamisme sur les créneaux montants : écohébergements (ecolodges) et parcs animaliers en dehors de Dakar, petite hôtellerie de luxe dans la capitale sénégalaise.

 

 

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Le Riu Baobab a été inauguré le 26 février 2022. Papa Matar Diop / Présidence du Sénégal

 

L’ombre de la stabilité politique

Malgré ce contexte porteur, plusieurs défis demeurent. « Les planètes sont alignées pour un bel essor sous réserve du maintien de la stabilité politique du pays et de l’absence de crises géopolitiques dans la région », met en garde Alain Noël, directeur général de Nouvelles frontières, agence de tourisme historique, aujourd’hui filiale de TUI Group, faisant écho à une crainte largement partagée au sein du secteur.

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« Si l’embellie est nette, elle doit être consolidée en renforçant la gestion paritaire État-acteurs privés qui est à l’œuvre et en poursuivant certaines réformes, dont l’augmentation du budget consacré à la promotion de la destination Sénégal et à l’établissement de statistiques touristiques solides », expose Mamadou Racine Sy, patron du King Fahd Palace et président des fédérations des organisations patronales du tourisme au Sénégal (Fopits) et au niveau de la Cedeao (Copitour). À cela, s’ajoutent trois autres chantiers : la modernisation du parc hôtelier, la formation de personnels qualifiés et l’accès au financement auprès de banques, publiques comme commerciales.

Des billets d’avion très chers

Tout en sachant qu’il reste un obstacle de taille à l’essor du tourisme au Sénégal, régulièrement pointé par les acteurs privés. Les prix élevés des billets d’avion, principalement en raison des taxes aéroportuaires, rendent le pays de la Teranga bien moins compétitif que le Maroc (qui a accueilli 10 millions de visiteurs en 2022), la Tunisie, l’Égypte ou encore le Cap-Vert.

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Si des discussions sont ouvertes depuis un certain temps, il y a toutefois peu de chance de voir l’exécutif infléchir sa position, tant sur les taxes – qui assurent le financement d’infrastructures comme l’aéroport international Blaise-Diagne –, que sur une éventuelle libéralisation du ciel – qui viendrait fragiliser le pavillon national Air Sénégal.

Pour réussir son pari, le pays, même s’il a la chance de disposer d’une offre touristique diversifiée, doit encore construire son propre modèle. Les codes du tourisme et de l’investissement ont bien été adoptés pour organiser l’essor du secteur, mais il reste au Sénégal à affermir sa stratégie sur deux principaux points.

À LIRESénégal – Hôtellerie : luxe, calme et bonnes affaires

D’une part, il lui faut conquérir davantage de visiteurs nationaux et africains – ils représentent 20 % du total selon Mamadou Racine Sy – afin d’éviter la trop forte dépendance aux flux de touristes balnéaires issus de pays développés. Ses efforts, symbolisés durant la pandémie par la campagne « Taamu Sénégal » (« je préfère le Sénégal » en wolof), méritent d’être renforcés.

D’autre part, alors qu’il entend booster l’écotourisme, il lui faut trouver des solutions pour concilier essor économique et préservation de l’environnement. L’exemple du lac Rose, site touristique historique en périphérie de Dakar aujourd’hui dégradé par l’arrivée des eaux de la capitale, montre que la tâche est ardue.

Le rôle moteur du tourisme d’affaires

Séminaires d’entreprise, conférences ouest-africaines, Forums mondiaux de l’eau et de l’économie sociale et solidaire, visites officielles de délégations étrangères, tournages de films… « Le tourisme d’affaires se porte bien », résume Mamadou Racine Sy, le patron du King Fahd Palace, l’un des hôtels de luxe de Dakar.

Abritant les sièges régionaux de nombre d’organisations des Nations unies, de sociétés internationales et d’organisations non gouvernementales (ONG), la capitale sénégalaise a su développer ce segment ces dernières années. Elle dispose d’une demi-douzaine d’établissements 5 étoiles (Pullman, Terrou-Bi, Novotel, Radisson Blu, en plus du King Fahd) et d’un solide portefeuille de 4 étoiles, n’ayant rien à envier à son concurrent sur ce créneau en Afrique de l’Ouest, la capitale économique ivoirienne, où Sofitel, Noom, Radisson, Pullman et Mövenpick sont présents.

Pour le public européen, il n’y a pas besoin de visa pour venir à Dakar, à l’inverse d’Abidjan. C’est un plus, sachant que la capitale sénégalaise bénéficie de davantage de liaisons aériennes vers l’Europe et les États-Unis que son compétiteur ivoirien », rappelle Alain Noël, le directeur général de l’agence de tourisme Nouvelles frontières, agence de tourisme historique, aujourd’hui filiale de TUI Group. Depuis la fin de la pandémie de Covid-19 et la reprise des événements en présentiel, l’essor du segment business se confirme, jouant un rôle moteur dans la relance du secteur.

Un tourisme d’affaires qui n’est plus seulement dakarois. La ville nouvelle de Diamniadio, qui compte un Radisson 5 étoiles, veut s’imposer sur ce créneau, quand la cité balnéaire de Saly accueille de plus en plus de clients venus dans le cadre de leur travail, ce qui incite les hôtels de la place à investir dans des salles de conférences modernes et modulables. Présents pour affaires, ces visiteurs restent souvent quelques jours pour le plaisir, illustration de la tendance observée au niveau mondial au développement du bleisure (combinaison de business et de leisure).

En Côte d’Ivoire, la bataille des prix dans les télécoms ne fait que commencer

Malgré la suspension du nouveau prix plancher par le gouvernement, les opérateurs de Côte d’Ivoire peinent à revenir à leurs anciennes offres.

Mis à jour le 14 avril 2023 à 12:54
 
 

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Boutique Orange dans le centre commercial le Playce-Marcory à Abidjan, le 27 avril 2016. © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

 

 

Depuis une semaine en Côte d’Ivoire, les opérateurs de télécommunications sont vivement critiqués sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux. En effet, la mise en application soudaine, le 6 avril, d’un nouveau prix plancher de 0,8 franc CFA par mégabits (Mbps) d’internet mobile a forcé les trois acteurs du secteur – Orange, MTN et Moov – à proposer de nouvelles offres. Problème : à prix égal, certaines d’entre elles proposent moins de crédit 4G.

Fronde

L’incompréhension des consommateurs s’est vite transformée en une fronde vivement alimentée dans les médias et sur les réseaux sociaux par quelques figures politiques. Face au tollé, l’Autorité ivoirienne de régulation des télécommunications (ARTCI) a bien tenté de s’expliquer : selon elle, ces nouvelles mesures sont le fruit d’une décision prise le 12 janvier dernier, après concertation avec les opérateurs « dans le souci de remédier à certains problèmes persistants de concurrence sur le marché de détail », explique l’institution dans un communiqué publié le 7 avril.

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En effet, depuis un an, le régulateur sonde les différents acteurs du secteur pour rééquilibrer un marché des télécoms qu’il estime fragilisé. En 2022, avec un chiffre d’affaires total (internet fixe et mobile, téléphonie fixe et mobile) de près de 1 479 milliards de francs CFA (plus de 2,2 milliards d’euros), le secteur a effectivement connu une contraction qui s’explique notamment par la perte de revenus sur la voix, et une situation identique sur le segment très concurrentiel du mobile money – depuis l’arrivée de Wave – que les revenus de la data peinent à compenser pour le moment.

Nouveau cycle de concertations

Malgré les explications de l’ARTCI, les critiques des consommateurs ont continué. Jusqu’à ce que le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, des Médias et de la Francophonie, Amadou Coulibaly, intervienne le 10 avril sur la RTI pour annoncer la suspension pure et simple des nouvelles offres, et l’activation d’un nouveau cycle de concertation entre l’ARTCI, les opérateurs et les représentants de la société civile. Selon nos informations, une réunion des différents acteurs s’est tenue le 13 avril.

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Si elle est applaudie par les pourfendeurs des nouveaux tarifs, cette suspension ne répond pas à tous les questionnements du secteur. Interrogés par Jeune Afrique, les opérateurs assurent ne pas être en capacité de revenir du jour au lendemain aux offres précédentes. « Nous avons changé la totalité de nos offres pour en créer de nouvelles et n’avons pas la capacité d’écraser ces dernières car les choses doivent être testées », confie une source au sein de MTN Côte d’Ivoire.

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« Retourner aux offres précédentes nous demande un délai de trois semaines minimum car cela implique de supprimer techniquement leur affichage sur notre application et le système USSD », indique pour sa part un cadre d’Orange Côte d’Ivoire qui précise que ces offres ont aussi fait l’objet d’un travail marketing de deux mois. Moov quant à lui, est l’acteur qui aurait la capacité de retourner le plus rapidement aux anciennes offres.

Flou règlementaire

Un flou réglementaire sur la question du prix plancher devrait également freiner le retour à la normale. Pour le comprendre, il faut revenir à septembre 2020, lorsque l’ARTCI décide, sans concertation, d’instaurer un prix plancher officiel d’1 franc CFA par Mbps. Estimant ce tarif trop élevé, les opérateurs s’entendent pour ne pas l’appliquer et décide d’instaurer leur propre prix plancher. Il demeure jusqu’ici confidentiel, mais selon nos informations, il était inférieur au 0,8 franc CFA annoncé le 6 avril, ce qui explique le couac de communication entre un régulateur qui annonce une baisse de 20 % du prix plancher et la hausse des tarifs des opérateurs qui en découle.

Des mesures peu commentées

En janvier 2022, l’ARTCI, qui souhaite faire respecter sa décision, change de méthode. Elle entame une campagne de concertation d’un an à l’issue de laquelle le prix de 0,8 F CFA le Mbps est adopté, et doit être appliqué sous peine de sanction. Sa mise en application était actée pour… le 6 avril 2023.

Dès lors, la question est de savoir à quel prix les opérateurs doivent revenir : à l’ancien prix officiel d’un franc CFA ? Ou à l’officieux pratiqué jusqu’ici ?

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Si le sujet du prix plancher retient toute l’attention, d’autres mesures – notamment le report des données non consommées et le relèvement des bonus de 100 à 200 % – interrogent elles aussi. « Nos clients vont rapidement s’habituer à ces nouveaux avantages, dont peu de monde a parlé au cours de cette polémique. Si telle devait être la décision, il sera compliqué de leur retirer », indique le représentant d’Orange. Les nouvelles concertations qui s’annoncent devraient pouvoir éclaircir ces points. Encore faut-il qu’elles aboutissent rapidement à des conclusions…

El Dama, la série algérienne entre polémique et carton d’audimat

En plein ramadan, la fiction « Le Jeu de Dames » est devenue un phénomène de société, non sans s’attirer son lot de critiques, elles-mêmes sources d’audience.

Mis à jour le 14 avril 2023 à 17:46

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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

 

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© Damien Glez

 

 

Qui dit ramadan dit jeûne, dattes et séries télévisées. Rendez-vous aussi incontournables que les films de Noël au pays de l’oncle Sam, les productions télévisuelles du « pays de l’oncle Salam » sont pourtant moins sirupeuses. Cette année, en Algérie, la série « El Dama » – »Le Jeu de Dames »– explose les compteurs d’audience. Diffusée par la télévision publique ENTV, la fiction dépeint avec un réalisme original la vie quotidienne dans le quartier algérois de Bab El Oued, loin de l’ambiance « telenovela » des programmes habituels du mois saint.

Langage cru et « valeurs nationales »

Des voix conservatrices ne pouvaient manquer d’exprimer leur embarras face au spectacle haletant de conflits de gangs, entre courses-poursuites effrénées, circulation de stupéfiants en établissements scolaires et règlements de comptes nocturnes, sur fond de trafic de drogue ou de contrebande d’or. Autant d’éléments dramaturgiques teintés de violence et de langage cru qui cadrent peu avec les stéréotypes habituellement recommandés pour la préservation des « valeurs et constantes nationales » qui encadrent la bonne morale algérienne.

Dans cette fresque d’ambiances viriles, le genre de la scénariste finit de satisfaire les aficionados d’ »El Dama ». Et le réalisateur Yahia Mouzahem d’enfoncer le clou de l’indépendance de ton, en précisant qu’une « série n’est pas une leçon de morale », mais plutôt une saine occasion « de discuter » sur des sujets sociaux.

L’Autorité de régulation de l’audiovisuel, elle, traque les détails. Le 30 mars dernier, l’ARAV s’émouvait du visionnage, dans la série, d’une « scène montrant un mur (…) sur lequel est écrit le nom d’un mouvement séparatiste classé comme terroriste ». Suivra une exégèse de la scène incriminée par la télévision publique et le réalisateur. Le feuilleton ne sera pas censuré, mais le ministre de la Communication annoncera la création d’une « cellule » au sein de son département, cellule dédiée au « suivi de la qualité des programmes du ramadan »…

Ramadan et controverse

Comme de bien entendu, les polémiques qui ne compromettent pas la diffusion d’un programme lui servent de promotion, notamment dans les diasporas qui guettent toute occasion de suivre « El Dama » en streaming, par exemple sur YouTube.

D’année en année, certaines séries du ramadan sont de plus en plus controversées. Au précédent jeûne, des Égyptiens découvraient avec étonnement la nouvelle saison de la série « Al-Ikhtiyar » à la gloire du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. En mars dernier, c’est le programme tunisien « Falloujah » qui faisait polémique. Comme dans « El Dama », des séquences représentaient des lycéens rebelles en proie au trafic de drogue…

Où va Africa Global Recycling, pionnier du recyclage au Togo ?

Nouveaux partenariats, réorganisation de la chaîne de collecte, déménagement, relance des productions… Après trois années éprouvantes liées à la pandémie de Covid et un conflit avec ses investisseurs, Edem d’Almeida, le pionnier togolais de la gestion et de la valorisation des déchets, remet son entreprise en selle.

Par  - À Lomé
Mis à jour le 13 avril 2023 à 15:07
 

 

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Edem d’Almeida, le fondateur et directeur général d’Africa Global Recycling (AGR), à Lomé. © DR

 

Trois ans après la crise sanitaire, Africa Global Recycling (AGR) semble avoir retrouvé sa dynamique. Dans son bureau situé au premier étage du siège de la société, à Noukafou, quartier du centre-ville de Lomé, Edem d’Almeida, le fondateur et directeur général de la société, enchaîne les rendez-vous. « AGR a certes été touchée dans sa structure par la crise sanitaire, comme bon nombre d’entreprises, mais sa motivation et sa philosophie ne sont pas pour autant fragilisées », confirme le quadragénaire, confiant quant aux actions qu’il a engagées pour réorganiser et relancer ses activités. AGR compte 20 employés permanents – contre 130 avant la pandémie, qui a ralenti, voire suspendu, les activités de ses clients et de ses fournisseurs.  

Un potentiel de développement considérable

Aujourd’hui, l’une des priorités du chef d’entreprise est de mobiliser de nouvelles ressources financières en participant à des appels à projets à même de faire (re)monter en puissance les activités de recyclage. Situé dans le quartier Wuiti, le centre de tri et de valorisation d’AGR, au départ spécialisé dans le recyclage des papiers et des cartons, traite désormais une quarantaine de type de déchets (plastiques, métaux, équipements électroniques, verre, etc.), arrivant de tout le Togo et de pays voisins. Ces déchets sont triés, traités et conditionnés comme de nouvelles matières premières, destinées à des industriels locaux ou exportées vers l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Amérique latine.  

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Depuis sa création en 2013, AGR a collecté, trié et valorisé environ 18 000 tonnes (t) de déchets. Reste que la capacité moyenne annuelle de traitement d’AGR, soit quelque 1 800 t, est une performance toute relative comparée aux besoins du terrain. Selon les données officielles, la seule agglomération de Lomé, avec plus de 2 millions d’habitants, produit quotidiennement quelque 900 t de déchets, dont 9 % de plastiques, soit plus de 320 000 t par an. Le volume de déchets restant à traiter est donc énorme… Et le potentiel de développement du marché du recyclage l’est tout autant. En particulier pour AGR qui, en 2018, a investi 300 000 euros dans l’acquisition de nouveaux équipements qui lui permettent de tripler sa capacité de traitement de son centre de Wuiti pour la porter à 35 t/jour. 

Côté business, côté associatif

Autre cheval de bataille d’Edem d’Almeida : la réorganisation de la chaîne de collecte des déchets, avec la mise en place de filières locales de transformation, tout en accompagnant les communes dans leur transition écologique. Ancien cadre de Suez environnement et, ex-courtier et négociant en déchets industriels à Nantes avant de créer AGR, Edem d’Almeida a toujours été très actif sur le front de l’éducation environnementale et continue de travailler d’arrache-pied à une prise de conscience collective sur les dangers des déchets pour l’environnement.  

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Côté business, le Franco-Togolais développe des activités de formation, de conseil et d’ingénierie en gestion des déchets, en particulier pour les jeunes entreprises qu’il accompagne en élaborant des solutions environnementales intégrées aux projets de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). 

Côté associatif, l’ONG Moi jeu tri, qu’il a créée en 2017, est présente en France, au Togo et en Côte d’Ivoire. Elle intervient en particulier auprès de groupes d’enseignants ou d’apprenants pour les initier aux gestes écologiques, à la gestion et à la valorisation des déchets ménagers. Plus de 100 000 bénéficiaires ont déjà participé aux actions de l’association. 

CE SOUTIEN FINANCIER EST LA RECONNAISSANCE D’UNE EXPERTISE TOGOLAISE, AVEC DES RÉPONSES TOGOLAISES ET AFRICAINES, À DES PROBLÈMES AFRICAINS

Avec Moi jeu tri, Edem d’Almeida met l’école, la formation et l’insertion professionnelle des jeunes au cœur des enjeux de la gestion et de la valorisation des déchets. En synergie avec AGR, l’association intervient sur les territoires, dont la ville de Lomé et celle d’Aného, dans la commune des Lacs1 (à 50 km au sud-est de la capitale). À Aného, Moi je tri et AGR, en partenariat avec Togocom, pilotent depuis bientôt deux ans le projet Ecobox, dans le cadre duquel des éco-collecteurs exploitent à la fois des points de rachat de déchets et des points de transfert d’argent et de vente de crédit de l’opérateur. À terme, l’objectif est de dupliquer ce modèle dans les 117 communes du pays, en y associant des entreprises, des collectivités et des services de l’État. 

Plus d’1 million d’euros de l’AFD 

L’ONG a par ailleurs conçu un projet de gestion de fin de vie des produits issus de la filière solaire et des éléments électriques et électroniques au Togo, qui, en janvier dernier, a été retenu par l’Agence française de développement (AFD), dans le cadre de son appel à projets Étude sur la facilité d’innovation sectorielle pour les ONG (Fisong). Un succès qui permet à l’ONG de bénéficier d’une subvention de plus de 1,125 million d’euros sur une période de trois ans pour mener à bien son projet, dont l’objectif est de valoriser au moins 1 000 t de déchets électriques et électroniques et de créer plus de 130 emplois.  

« Ce soutien financier est la reconnaissance d’une expertise togolaise, avec des réponses togolaises, africaines, à des problèmes africains, souligne Edem d’Almeida. Il servira à construire toute une chaîne de valeur autour de la filière, à renforcer les points de collecte, à créer des emplois, à acquérir des équipements et à faire appel à une expertise technique et industrielle supplémentaire. » 

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Son expérience professionnelle et associative, et son tempérament, font d’Edem d’Almeida « un motivateur » pour nombre de jeunes entrepreneurs, qu’il met un point d’honneur à encourager dans leurs projets, en particulier sur les réseaux sociaux. En mars dernier, il y a d’ailleurs créé un nouveau rendez-vous – « Des mots sur nos maux, parlons-en avec Edem ! » – qui permet d’échanger les expériences. Parmi les thèmes abordés : la diaspora et le choix de rentrer pour entreprendre, l’entrepreneur et le syndrome du super héros, le financement, etc. 

Si Edem d’Almeida reste le pionnier du recyclage au Togo, il est désormais talonné par de nouveaux entrepreneurs. C’est le cas de Bemah Gado, le fondateur de Green Industry Plast-Togo (GIP, créée en 2017), qui transforme les déchets plastiques, notamment les sacs en plastique noir et les bidons, en matériaux, tels que des pavés écologiques et des granulés de plastique. En mars dernier, GIP a remporté le premier prix de l’Afri-Plastics Challenge organisé par l’entreprise sociale Challenge Works, filiale de la fondation britannique Nesta. Cet award doté d’1 million de livres sterling (soit 748 millions de F CFA) va permettre à Bemah Gado d’accélérer lui aussi l’industrialisation de son activité.

La Côte d’Ivoire va fournir une « assistance humanitaire » à plus de 18 000 réfugiés burkinabè

Face à la forte augmentation du nombre de déplacés qui fuient les violences au Burkina Faso, le Conseil national de sécurité ivoirien a décidé d’organiser leur accueil, pour l’instant à titre provisoire.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 13 avril 2023 à 10:32
 
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Des réfugiés burkinabés dans un centre d’accueil à Tougbo le 22 janvier 2022. © Sia KAMBOU / AFP

 

 

La Côte d’Ivoire va aménager deux sites de transit pour accueillir les quelque 18 000 réfugiés du Burkina Faso fuyant les violences jihadistes qui frappent le nord du pays, a annoncé le Conseil national de sécurité (CNS), présidé par le président Alassane Ouattara, le 12 avril.

Le nombre de réfugiés a bondi

Le communiqué du CNS annonce l’ « aménagement en cours de deux sites de transit dans les départements de Ouangolodougou (nord) et Bouna (nord-est), destinés à accueillir provisoirement » 18 846 réfugiés, un nombre estimé par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le nombre de réfugiés a bondi en un peu plus d’un an : en février 2022, le HCR en dénombrait environ 7 000.

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Selon le CNS, les personnes recensées sont pour l’instant « accueillies par les communautés locales » dans le nord et dans le nord-est de la Côte d’Ivoire. Certains réfugiés ont été accueillis par des proches ou des parents dans cette région où les mêmes familles habitent parfois de part et d’autre des 620 km de frontière qui sépare les deux pays.

(avec AFP)