Dans le journal "La Croix" paru le 31 mai 2016, cet article au sujet de l'Eglise d'Algérie
L’Église d’Algérie attend plusieurs nominations
Mgr Claude Rault, évêque de Ghardaïa (sud de l’Algérie), qui avait prévenu assez tôt de sa démission pour raison d’âge, constate dans un éditorial que son dossier est « pris dans les méandres de l’administration romaine ». L’Église d’Algérie attend aussi depuis plusieurs mois la nomination d’un nonce et d’un archevêque à Alger.
Mgr Claude RAULT en 2008. / Corinne SIMON/CIRIC/
Dans son billet mensuel paru dans le numéro de mai 2016 de la revue diocésaine, Mgr Claude Rault, évêque de Laghouat et Ghardaïa, s’inquiète de sa succession, qui tarde. « Où en sont les choses ? Voici deux années que j’ai rédigé ma lettre pour demander que ma démission et mon remplacement soient effectifs pour mes 75 ans, soit en novembre dernier. La réponse qui m’avait été donnée par le cardinal préfet de la congrégation romaine dont je dépends me laissait penser qu’elle allait être effective à cette date. Et je suis toujours là ! », écrit-il.
Ce Père blanc, souvent surnommé « l’évêque des sables », se dit dans ce court texte toujours « heureux dans (s) a tâche » mais conscient aussi qu’il n’a « plus l’énergie de 2004 », lors de sa nomination. « Et je ne voudrais pas que vous souffriez de mes limites qui ne font que s’accentuer », confesse-t-il à ses diocésains.
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« Sans amertume, mais avec une certaine tristesse de voir que parfois on tient si peu en considération les personnes », Mgr Claude Rault observe que son « dossier sommeille, comme bien d’autres,’sous la pile’, attendant le bon vouloir du chargé de son suivi ». « Me voilà toujours pris dans les méandres de l’administration romaine. Et je ne suis pas le seul », écrit-il, rappelant au passage que « d’autres nominations sont en attente et urgentes, et c’est notre Église qui en souffre aussi ».
Église en attente
Depuis le départ fin 2015 (à 73 ans) de l’ancien nonce en Algérie et Tunisie, le Taïwanais Thomas Yeh Sheng-nan, l’Église d’Algérie est effectivement en attente.
Elle attend d’abord un nouveau représentant du pape. En effet, seule la présence d’un nonce en Algérie – chargé de communiquer à Rome une liste de trois noms (« la terna ») – permettrait de débloquer la nomination d’un successeur pour Mgr Claude Rault à Ghardaïa, mais aussi pour Mgr Ghaleb Bader, l’ancien archevêque d’Alger, nommé nonce au Pakistan il y a plus d’un an, le 23 mai 2015.
Alors que le Maroc voisin a vu arriver un nouvel ambassadeur du Vatican en décembre 2015 après trois mois seulement de vacance du poste, l’Église d’Algérie ne s’explique pas ces délais. « Peut-être est-ce lié à la complexité des dossiers à traiter, du contexte politique ? », s’interroge un de ses membres. « En tout état de cause, l’absence de nonce et d’archevêque à Alger n’est pas un bon signal adressé aux autorités algériennes ».
Consultation diocésaine
Cette situation est aussi difficile à vivre pour les catholiques d’Alger, comme le reconnaissent même des religieux.
Lors de leur visite ad limina à Rome du 1er au 8 mars 2015, les évêques de la Conférence des évêques de la Région Nord de l’Afrique (Cerna) avaient rencontré le cardinal Marc Ouellet, préfet de la congrégation pour les évêques. « Dans la perspective du renouvellement prochain de plusieurs évêques de la CERNA, nous avons demandé l’amélioration des procédures de consultation diocésaine », écrivait leur président, Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat (Maroc) dans un communiqué commun.