Sommet de l'Union africaine: la taxe pour financer l'UA sur les rails
Il faut avancer mais pas trop vite : voilà quelle est la stratégie que les chefs d'Etats africains semblent avoir adopté hier, mardi 4 juillet, au terme du sommet de l’Union africaine, sur la question de l'auto financement de l'organisation qui était l'un des dossiers au coeur de ce rendez-vous.
Il y a un an, les chefs d’Etat africains ont adopté le principe d’une taxe de 0,2% sur les importations des produits non africains pour financer l’organisation, afin de la rendre moins dépendante des donateurs étrangers qui contribuent encore à hauteur de 73% au budget de l’Union africaine. Un an après, seulement une dizaine des 55 Etats de l’Union serait prête à mettre en œuvre cette taxe.
Un comité ad-hoc mis sur pied
On sait maintenant de quels pays viennent les résistances à la création de cette nouvelle taxe pour financer l’UA. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud, de l’Angola et de l’Egypte. De vrais poids lourds qui ne veulent pas contrarier, sans doute, leurs partenaires commerciaux non africains.
Aussi pour ne pas les brusquer, l’Union africaine met en place un comité réunissant dix ministres africains des Finances qui seront chargés de trouver des accommodements.
Dans leur grande majorité, les Etats africains sont cependant favorables à cette nouvelle taxe. Et aujourd’hui le mouvement est lancé. Une idée à l’origine portée par le Rwandais Paul Kagame. Or c'est le Rwanda, où se tient une élection présidentielle dans un mois, qui présidera l’Union africaine l’an prochain.
La Côte d'Ivoire donne l'exemple
La nouvelle taxe risquant d'entraîner une hausse des produits de grande consommation, la Côte d’Ivoire a choisi de prélever les 0,2 % destinés à l’Union africaine sur une taxe qui existe déjà.
L’Union économique et monétaire Ouest-africaine est en partie financée aujourd’hui par une taxe de 1 % sur les importations que lui versent chacun de ses huit Etats membres.
La Côte d’ivoire récolte ainsi, selon les années, entre 5 et 9 milliards de francs Cfa au profit de l’UEMOA. Un cinquième de cette contribution reviendra désormais à l’Union africaine. C’est officiel depuis le 1er juillet, donc depuis cinq jours.
Mais il faudra un temps d’adaptation aux services ivoiriens, notamment les douanes, pour que le prélèvement de la part destinée à l’organisation continentale soit effectif. Une décision qui fera perdre à l’UEMOA au moins 1 à 1,8 milliard de francs Cfa.
Les sept autres pays membres de cette organisation sous régionale suivront-ils l’exemple ivoirien ? Les yeux sont tournés vers chacun des chefs d’Etat, aussi bien de l’espace monétaire ouest-africain que du reste du continent.
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