Mort de Gaëtan Mootoo, figure de la lutte
pour les droits humains en Afrique

Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest d’Amnesty International parle avec les déplacés du camp attaqué en mars 2012 et juillet 2012 par les combattants dozos.
© Amnesty International

Il était une figure de la lutte en faveur des droits humains sur le continent africain. Gaëtan Mootoo est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à 65 ans. Ce chercheur franco-mauricien travaillait depuis plus de 30 ans pour Amnesty international. Il a notamment été l'un des premiers à enquêter sur les exactions du régime d'Hissène Habré au Tchad.

Au tout début, dans les années 80, lorsque Gaëtan Mootoo descend sur le terrain rencontrer les victimes, le climat est pourtant hostile, se souvient Clément Abaïfouta, membre de l'Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré. « Je me rappelle les toutes premières heures, lorsque Amnesty International s’est intéressée au dossier. C’était une période où  personne ne pouvait parler. Gaëtan était là... »

... le contexte était difficile. Mais lui, il a tenu le cap. Il a tenu le cap avec une grande audace. Parce que à sa place, nous on n’oserait même pas faire ça, on vivait dans la grande psychose ! ».

Il avait travaillé à recueillir des documents sonores, écrits du régime d’Hissène Habré, c’était de l’audace.

Grand spécialiste de l'Afrique, chercheur pour Amnesty international, Gaëtan Mootoo a travaillé à dénoncer les violations des droits de l'homme dans de nombreux pays comme le Soudan, mais surtout en Afrique de l'ouest - Guinée, Mali, etc. Il a mené des enquêtes sur les exactions commises en période de conflit, en Côte d'Ivoire notamment mais aussi par exemple sur les mariages précoces au Burkina Faso, ou en Mauritanie sur l'esclavage.

Engagé et fidèle sont les mots qui viennent à l'esprit aujourd'hui de ceux qui l'ont cotoyé lors d'une ses innombrables missions sur le continent. Un homme très respectueux des victimes se souvient-on ainsi en Guinée, lorsqu'il est arrivé au lendemain du massacre du 28 septembre 2009 à Conakry pour donner la parole à des hommes et des femmes meurtris.

Gaetan Mootoo, étaient de ceux qui écoutaient et qui parlaient peu. Un homme discret « à la classe irréprochable », se souvient le directeur d'Amnesty International Belgique, « presque dandy », « même au coeur de la brousse ».

De retour du Niger, il devait partir cette semaine au Mali à Gao pour poursuivre un travail sur le droit à l'éducation dans le centre du Mali.