Burkina Faso : l’économiste Christophe Dabiré
nommé Premier ministre
Christophe Dabiré a été nommé Premier ministre par le président Roch Marc Christian Kaboré. Il prend la suite de Paul Kaba Thieba, qui a récemment présenté sa démission ainsi que celle de son gouvernement. L'économiste aura la lourde tâche de conduire un exécutif confronté à un contexte sécuritaire et économique délicat.
Roch Marc Christian Kaboré aura déjoué tous les pronostics. Après plusieurs jours de rumeurs sur les réseaux sociaux, l’identité du successeur de Paul Kaba Thieba – qui a présenté sa démission ainsi que celle de son gouvernement le 18 janvier – a été dévoilée sur la télévision nationale, le 21 janvier. À la surprise générale, le chef de l’État a choisi un économiste expérimenté pour conduire l’action gouvernementale : Christophe Joseph Marie Dabiré.
« J’ai confié à Christophe Dabiré la mission de conduire le gouvernement », a écrit Roch Marc Christian Kaboré sur Twitter, lui adressant par ailleurs « tous [ses] vœux de succès dans ses fonctions de Premier ministre ».
Un profil « intéressant »
Plusieurs fois ministre sous Blaise Compaoré, le nouveau Premier ministre sexagénaire avait notamment été commis au département de la Santé (de 1992 à 1997) et de l’Enseignement supérieur. Élu député sous la bannière du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) alors au pouvoir (1997-2002), puis également de 2002 à 2007, il avait été promu Commissaire chargé du Commerce de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) jusqu’en 2017.
Sa nomination incarne l’espoir d’un renouveau pour l’intérêt du Burkina Faso
« C’est un économiste d’un certain âge qui a l’avantage de la connaissance du terrain et de la sagesse. Sa nomination incarne l’espoir d’un renouveau pour l’intérêt du Burkina Faso », décrypte un cadre du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir.
« Le profil du nouveau Premier ministre est intéressant et prouve que le président veut continuer dans la gestion économique. Il faut maintenant voir quelles nominations politiques suivront dans la composition du gouvernement », glisse un proche du chef de l’État.
Des défis sécuritaire et économique
La nomination de Christophe Dabiré intervient trois jours après la démission de Paul Kaba Thieba, ainsi que celle de son gouvernement, acceptée par le président Roch Marc Christian Kaboré. Décrit par ses compagnons comme un homme politique averti et un technocrate modéré, il aura fort à faire à la tête du gouvernement. Relance économique, grogne des fonctionnaires et surtout lutte contre le terrorisme feront partie des priorités de la nouvelle équipe.
Depuis l’élection de Kaboré en novembre 2015, la question sécuritaire a rapidement été primordiale avec la première attaque jihadiste à Ouagadougou (30 morts), peu après sa nomination. Les attaques, présentes dans le nord du pays début 2015, se sont étendues à une large partie du territoire, devenant de plus en plus fréquentes et meurtrières.
Au total, les attaques contre les forces de sécurité et de défense ont fait près de 300 victimes. En dépit des critiques virulentes de l’opposition et même d’une frange de la majorité présidentielle, Paul Kaba Thieba avait cependant été reconduit deux fois à la tête du gouvernement après des précédents remaniements.
Dans un contexte d’explosion de la masse salariale – qui a bondi de 334,36 milliards de francs CFA en 2013 à plus de 700 milliards de F CFA l’an dernier -, le gouvernement de Christophe Dabiré devra également relancer l’économie et maîtriser l’équilibre budget. À commencer par l’investissement public, qui accuse une baisse de 5% à 258,725 milliards de F CFA dans le budget 2019.