Un jeune aspirant Missionnaire d'Afrique a participé au forum social mondial qui s'est tenu à Bamako du 19 au 24 janvier 2006 . Voici son commentaire.
Convaincus qu'« un autre monde est possible », les altermondialistes se sont retrouvés à Bamako du 19 au 24 janvier dernier; il s'agissait pour eux, in fine, de décrier les effets pervers du néo-libéralisme, du capitalisme sauvage qui, tel un rouleau compresseur, écrase impitoyablement des milliers de vies humaines à travers le monde.
Ils ont surtout manifesté leur volonté de rejeter la résignation et la fatalité, entendant ainsi tirer la sonnette d'alarme et attirer l'attention de la conscience collective sur le fait que le monde est aujourd'hui plus que jamais menacé :
- menacé par des appétits hégémoniques sans bornes,
- menacé par des gloutonneries sans précédent de la part des sociétés capitalistes transnationales,
- menacé par des goûts effrénés du pouvoir,
- menacé par des inégalités sociales créées et entretenues à tort au nom de je ne sais quoi.
Le monde est menacé, disons-nous, à telle enseigne que l'homme est devenu pour l'homme un bien meuble dont il peut disposer à sa guise.
En somme, le machiavélisme a pris le pas sur l'humanisme. Mais alors, Machiavel serait-il en train de régenter le monde par ses préceptes politiques depuis sa tombe ? est-on en droit de se demander. Et la recherche du profit, serait-elle dépourvue d'humanisme? Ces questions méritent d'être posées quand on sait que la quasi-totalité de nos fameuses conventions et traités internationaux de tout acabit sombrent indéniablement en léthargie et ce, au grand dam de l'homme tout court !
Que sont devenues les tonitruantes déclarations et engagements de l'ONU relatifs aux concepts tels que:
* le développement à visage humain
* l'égalité de traitement entre les sexes
* le respect des libertés fondamentales et des droits élémentaires (droit à la vie, à l'éducation pour tous, à la souveraineté alimentaire, etc.) consacrés par d'imminents textes onusiens?
Et que font nos fameuses institutions internationales onusiennes et interétatiques chargées, semble-t-il, de mettre en oeuvre les déclarations et engagements (profondes aspirations des peuples) ci haut cités et qui, conscientes du fait que le monde subit depuis lors des mutations certaines, s'obstinent à ne point s'y adapter ?
C'est fort de ces malheureuses constations et d'un déplorable diagnostic des maux dont souffre notre planète aujourd'hui, mais surtout animés d'un espoir renouvelé pour l'avenir, qu'à l'instar de Martin Luther KING les altermondialistes ont cru devoir faire un « rêve », un véritable et réaliste rêve (« I have a dream », disait-il) pour un monde plus juste et plus humain, un monde où la non-violence active prônée par GHANDI pourrait arriver à bout de nos contradictions.
Ce forum social mondial, tribune par excellence de la voix des sans voix, a connu, au milieu d'innombrables anonymes personnalités, la présence entre autres de : Samir AMIN, José BOVE, Danielle MITTERRAND, Jacques BERTHELOT, Suzanne GEORGE, Maurice OUDET, François HOUTART, Jeanne ZOUNDJIWEKPON, Aminata TRAORE, etc.
Ensemble, nous avons réfléchi sur des questions relatives à la nécessité de la réforme des Nations Unions, à la lutte sans merci contre les Organismes Génétiquement Modifiés, véritables dangers planétaires, en passant par le combat contre le trafic transfrontalier des enfants et leur maltraitance, la nécessité pour tous les peuples de jouir d'une souveraineté alimentaire, gage d'un équilibre social, condition indispensable d'une paix véritable et durable. Pour y parvenir, il est urgent de conjuguer nos efforts : en la matière, nul ne sera de trop ! La responsabilité de ceux qui ont une parcelle de pouvoir à cet effet est hautement engagée devant l'histoire.
Quant à nous, nous n'entendons point faillir à notre rôle de veilleurs. « La forêt peut bien cacher l'oiseau, mais elle ne peut jamais couvrir sa voix », dit un proverbe de chez-nous.
Vivement que cette voix soit entendue par qui de droit !
Maxime AGOUA
Aspirant Missionnaire d'Afrique