[Tribune] La dette africaine est soluble dans le développement

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Ambassadeur de Chine au Maroc

La Chine, loin d'avoir poussé l'Afrique dans le piège du surendettement comme certains l'en accusent, œuvre concrètement à la sortir du sous-développement.

Si, parmi les grands dossiers internationaux, la question de la dette demeure d’une actualité brûlante, on remarque, ces derniers temps, que les préoccupations autrefois centrées sur l’Europe se déplacent vers l’Afrique. Sur ce point, certains pays ont même des approches surprenantes, puisqu’au lieu de se demander comment prévenir ou faire face au problème ils agitent des thèses complotistes, allant même jusqu’à accuser la Chine d’avoir poussé l’Afrique dans le piège du surendettement.

Non seulement c’est aussi cocasse que d’entendre un pickpocket crier « au voleur ! », mais, en plus, cela révèle indirectement le ressentiment que leur inspire le dynamisme de la coopération sino-africaine.

Un problème de développement

En vérité, le problème de la dette africaine est fondamentalement un problème de développement. Un rapport du FMI souligne clairement que la dette africaine est due à la combinaison d’un effondrement économique causé par la persistance de conflits régionaux et par le ralentissement de l’économie mondiale, qui tire les prix des produits de base à la baisse. Force est donc de constater que cette dette est une conséquence indissociable d’un ordre économique international inéquitable. À qui la faute ? Les Africains le savent bien. Certains autres pays aussi.

Le Jubilee Debt Campaign britannique, après avoir suivi l’évolution de la dette de 48 pays africains, a publié un rapport en octobre 2018, montrant que les crédits chinois représentaient environ 20 % de la dette extérieure des pays africains et que, au sein des seize pays identifiés comme « à risque » par le FMI, cette proportion en moyenne ne dépassait pas 15 % de leur dette totale et était même inférieure à 10 % pour dix d’entre eux.

C’est cette sincérité qui rend les pays africains plus enclins à choisir la Chine et ses capitaux

La réalité est plus convaincante que les discours, et je suis persuadé que n’importe qui doté d’un minimum d’honnêteté intellectuelle comprendra parfaitement la signification de ces chiffres. La Chine n’a jamais imposé de conditions politiques à la coopération avec l’Afrique et a toujours veillé à ce que la coopération soit mutuellement avantageuse.

C’est cette sincérité qui rend les pays africains plus enclins à choisir la Chine et ses capitaux pour muscler leur développement. La Chine pratique une économie de marché socialiste, et les projets de crédits consentis par nos institutions financières font l’objet de procédures d’examen et de contrôle rigoureuses. Les Chinois, certes, savent tendre la main à ceux qui sont dans le besoin pour soulager leur peine. Ainsi, à plusieurs reprises, le gouvernement chinois a réduit ou effacé la dette de pays africains.

La Chine prête à aider le continent

En tant que pays en développement, la Chine est particulièrement consciente de l’importance des capitaux en phase initiale de développement. C’est pourquoi la Chine est disposée, comme elle le fait déjà, à intensifier ses investissements en Afrique et, dans la mesure de ses moyens, à aider le continent à améliorer ses capacités de développement économique et social, notamment par des projets de construction d’infrastructures et d’outils de production.

La Chine sera toujours au côté de l’Afrique sur la voie de sa diversification et de son développement durable

L’expérience chinoise l’a pleinement démontré : sans infrastructures, il ne peut y avoir de développement. C’est la principale raison qui explique la concentration de nos investissements dans ce secteur. Tous les chantiers entrepris ont été bénéfiques à l’Afrique, tant par les emplois qu’ils ont générés que par les technologies qu’ils ont drainées.

Si l’on se tourne vers l’avenir, c’est dans le développement que se trouve la solution du problème de la dette africaine. La Chine sera toujours au côté de l’Afrique sur la voie de sa diversification et de son développement durable. Nous poursuivrons nos efforts pour aider le continent à se fortifier et à mieux gérer la soutenabilité de sa dette, en améliorant ses capacités de développement autonome et en créant un cercle vertueux sur les plans économique et social. Souhaitons que la communauté internationale s’intéresse également au sort de l’Afrique et s’y implique davantage pour, ensemble, mieux résoudre ses problèmes de financement et de développement, pour le bien de ses populations.