La célébration d’un mariage demande beaucoup de disponibilité et du temps depuis la première rencontre pour des informations. Viennent ensuite l’inscription, la constitution du dossier, les cours de préparation au mariage, les publications. Ce sont autant des rencontres à prévoir avec le couple qui demande à s’unir à l’église. Nous recevons aussi des couples des autres paroisses qui désirent célébrer leur mariage dans notre église pour différentes raisons pratiques.
Dans notre paroisse Jean XXIII, à Ouagadougou, beaucoup de mariages sont célébrés tout au long de l’année. Le samedi est un jour choisi pour cela : parfois jusqu’à trois célébrations avec deux ou trois couples à la fois. Certains couples choisissent de célébrer le jeudi matin, sans organiser de fête comme le font la plupart.
Célébrer dans la foi
En 2008, nous avons célébré 144 mariages. En 2009, 125 couples se sont mariés dans notre église, en 2010, 140 couples, et en 2011, 132 couples. Cela fait une moyenne de trois couples qui se marient chaque semaine, pour la seule paroisse Jean XXIII. Ces chiffres sont significatifs de l’engouement des gens à unir leur destinée à l’église en plus de le faire devant l’administration civile dans la ville de Ouagadougou. Nous remarquons un regain de foi chez les fidèles dans toutes ces célébrations de mariage et nous nous en réjouissons.
Il y a les mariages entre chrétiens, c’est la grande majorité, les mariages mixtes (entre catholiques et protestants), les mariages avec disparité de culte (entre chrétiens et musulmans). En 2008, une enquête démontre que sur les 144 couples qui se sont mariés chez nous, il y en a 89 entre chrétiens et 55 avec dispense et disparité de culte (avec des protestants ou des musulmans).
Préparation au mariage
Dans l’archidiocèse de Ouagadougou, l’accent est mis sur la préparation au mariage. Elle est plus ou moins longue. Nous demandons au couple de réserver du temps pour cette formation. Nous exigeons que l’inscription se fasse deux mois avant la célébration du mariage. Dans le diocèse, nous organisons aussi un cours intensif pour ceux qui ne sont pas régulièrement à Ouagadougou pour raison de service. Le cours comprend huit séances à raison d’un thème par séance.
Les thèmes sont les suivants : le sacrement du mariage, la vie à deux en famille, dans l’Église et la société, l’amour entre les conjoints, la manière de gérer un temps de crise, le pardon et la réconciliation dans le couple, l’éducation des enfants, la gestion des biens de la famille, le planning familial et le sida. Cette formation est bien appréciée par les couples. Ils affirment que les conseils et les informations qu’ils reçoivent les aident à bien se préparer à leur nouvelle vie de couple.
Difficultés à s’unir devant l’Église
Certains couples qui désirent s’unir devant l’Église rencontrent des difficultés. Le premier obstacle que les couples rencontrent est le coût de la fête où il faut toujours inviter un grand nombre de personnes et donc les nourrir. Aujourd’hui, dans une ville comme Ouagadougou, avec la cherté de la vie, organiser un mariage suppose des moyens financiers conséquents. Amasser cet argent devient un véritable parcours du combattant. Il est difficile d’organiser simplement les choses. La pression sociale exige d’inviter les gens sans aucune discrimination et que tout le monde reparte satisfait.
Au Burkina, la dot n’existe généralement pas comme telle, mais la tradition exige de faire des démarches auprès de la famille de la fiancée, notamment les présentations, les salutations, où l’on offre des cadeaux symboliques. Offrir ces cadeaux peut parfois coûter cher, sans compter les frais de déplacement et autres dépenses.
Réticences envers le sacrement de mariage
Ils sont devenus rares les jeunes qui demandent le sacrement de mariage avant d’avoir cohabité ensemble pendant deux ou trois ans et même plus. Certains demandent même le baptême de leur enfant au cours de la célébration de leur mariage. Les raisons avancées pour justifier cela sont, la plupart du temps, le manque de moyens financiers et matériels pour organiser le mariage, le besoin de temps pour approfondir leur connaissance mutuelle avant de s’engager ensemble pour toute leur vie. Les chrétiens qui viennent se marier à l’église font en même temps le mariage civil à la mairie. Bref, nous pouvons dire, selon l’expression de l’Église, qu’il s’agit plus de régularisation que de vrais mariages.
Nous encourageons les jeunes à se marier à l’église avant de cohabiter ensemble et à faire la fête le plus simplement possible, en évitant trop de dépenses. Les gens en sont conscients, mais le poids des relations sociales est très fort et empêche les couples de faire ce qu’ils désirent.
Des échecs sont inévitables
Dans tout état de vie, des échecs sont inévitables. Pour le mariage, nous parlons de divorces et de séparations de corps. Il arrive qu’il y ait des divorces parmi ceux qui se marient à l’église et à la mairie. Le taux est estimé à 40 % si on se fie aux statistiques d’une mairie de Ouagadougou. Par contre, beaucoup de couples persistent dans leur union. Nous célébrons souvent des jubilés (10, 15, 20 ans de vie conjugale). Les causes de divorce ou de séparation sont souvent une incompatibilité d’humeur, d’où un climat malsain dans la famille. Elles peuvent aussi être l’absence de soutien mutuel, l’adultère ou la découverte d’une relation extra-conjugale ou “deuxième bureau”, la stérilité, etc. Un problème à résoudre est d’arriver à pardonner et réparer, surtout s’il y a un enfant conçu hors mariage.
Raphaël Lubala, M.Afr
Paroisse Jean XXIII, archidiocèse de Ouagadougou
Tiré du Petit Echo N° 1032 2012/06