L'agriculture africaine entre choc et résilience face au Covid-19
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Pertes de débouchés, problèmes logistiques… Le Covid-19 constitue un choc pour les exportations agricoles africaines, estiment deux études. Mais la pandémie pourrait être une chance pour les cultures vivrières locales.
L’impact du Covid-19 sur les cultures de rente en Afrique est largement négatif. Alors que les cours des produits tropicaux étaient déjà faibles, la demande a chuté et va continuer de chuter en Europe et en Amérique du Nord, avec le confinement qui a changé les habitudes de consommation dans les pays occidentaux.
Les pertes pourraient se monter, selon le cabinet McKinsey, à 2 milliards de dollars pour les pays africains exportateurs de cacao, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, à 600 millions de dollars pour les pays exportateurs de fleurs, comme le Kenya, qui a en outre dû payer deux fois plus cher les expéditions, les capacités de fret aérien étant réduites de 75 %, puisque les vols de passagers étaient supprimés.
Une exception : le thé
Les exportateurs de fruits et légumes et de noix pourraient perdre 500 millions de dollars. La noix de cajou, en particulier, ne part encore que très peu vers les usines de décorticage de l’Inde, qui sort à peine de son confinement. Les pertes liées aux exportations de café, évaluées à 100 à 200 millions de dollars sont plus marginales, mais le secteur emploie 7 millions de personnes sur le continent.
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En tout, la baisse des revenus liés aux ventes de produits tropicaux pourrait atteindre 5 milliards de dollars. Seul le thé d’Afrique de l’Est semble avoir bénéficié du Covid-19. Le confinement en Inde a provoqué une chute de production du géant asiatique de 7 %, ce qui a encouragé les exportations de thé du Kenya, particulièrement dynamiques au mois de mars dernier.
Opportunité pour les cultures vivrières ?
Mais la pandémie pourrait être avant tout une opportunité pour les cultures vivrières en Afrique, juge Patrick Dugué, agronome au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Si elles parviennent à s’imposer davantage face aux produits importés. Le Maroc n’exportant plus autant d’oignons ou d’oranges vers l’Afrique subsaharienne, les fruits et légumes locaux pourraient en profiter.
En Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Sud, les récoltes de maïs, de manioc, de plantain, d’igname, de sorgho ont été abondantes. Les nouveaux semis et les distributions d’engrais ont été réalisés avant l’irruption de l’épidémie, qui a très peu touché les populations rurales. Avec les stocks de sécurité constitués par certains États, les producteurs du Bénin ont par exemple pu vendre à un prix très acceptable leur récoltes 2019/2020 qu’ils avaient toujours en stock en avril.
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