Mali : pourquoi la médiation de Goodluck Jonathan piétine
L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, le 23 juillet 2020 à Bamako,
où il conduit une médiation pour tenter de sortir de la crise. © MICHELE CATTANI / AFP
La tentative du médiateur de la Cedeao, Goodluck Jonathan, de réunir le président Ibrahim Boubacar Keïta et les leaders du mouvement de contestation a échoué. La mission de l’ancien président nigérian s’achève sans grandes avancées. Explications.
De retour de Nioro (non loin de la frontière mauritanienne), où il a échangé avec le chef religieux Bouyé Haïdara le 12 août, Goodluck Jonathan a poursuivi sa tentative de médiation à Bamako, où il a rencontré des représentants de la majorité présidentielle ainsi que des leaders du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui réclame toujours la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Une liste de conditions
Selon nos sources, le médiateur de la Cedeao a notamment proposé aux opposants de rencontrer le lendemain, soit le 13 août, le chef de l’État malien. Mais, toujours selon nos informations, ceux-ci n’ont pas souhaité accéder à sa requête. S’ils n’ont pas refusé le principe d’une rencontre, ils ont décidé, au cours d’une réunion du comité stratégique du M5-RFP, de poser plusieurs conditions préalables à une rencontre.
Ce 13 août dans l’après-midi, une délégation de deux membres du Comité stratégique du M5-RFP – Mountaga Tall et Souleymane Koné – a ensuite rencontré Goodluck Jonathan pour lui soumettre lesdites conditions.
Selon nos sources, les opposants à IBK ont posé un préalable à toute rencontre et toute discussion avec le président : la mise en place d’enquêtes transparentes sur les événements ayant eu lieu lors des manifestations des 10, 11 et 12 juillet, qui avaient fait plusieurs morts. Plusieurs jeunes manifestants avaient été arrêtés, dans des conditions que le M5-RFP juge expéditives.
Choguel Maïga décline l’invitation
De discrètes rencontres ont également eu lieu dans l’optique de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le Premier ministre, Boubou Cissé, a ainsi rencontré Choguel Maïga (un des leaders du Front de sauvegarde de la démocratie, qui regroupe des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile) le 5 août pour solliciter son implication et celle du M5-RFP dans le dialogue pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
Selon des sources au sein du Mouvement, Maïga a pour le moment décliné l’invitation. Mais celui-ci n’a pas pour autant coupé les ponts avec certains leaders de la majorité présidentielle, qu’il a rencontrés de façon informelle. Ces derniers jours, il a notamment reçu à son domicile Tiémoko Sangaré, président de l’Adema, parti allié au Rassemblement pour le Mali (RPM, au pouvoir).
En outre, l’imam Mahmoud Dicko, figure de la contestation, est quant à lui arrivé à Nioro ce jeudi 13 août, au lendemain du passage du Nigérian Goodluck Jonathan. Il doit lui aussi y échanger avec le chérif Bouyé Haïdara au sujet de la crise socio-politique actuelle.