le Père Ignatius Anipu, ProvincialAu mois de mai 2011, à la fin d’une réunion du Conseil provincial, nous disions au revoir à Theo et à Patient qui terminaient leur mandat. Nous leur exprimions notre reconnaissance en tant que première équipe provinciale de la Province de l’Afrique de l’Ouest (la PAO). Un porte-documents fut donné au Provincial et à son assistant sur lequel est gravé “la PAO, c’est bien parti”. Cette phrase n’était pas un simple slogan ; la réaction spontanée de joie par une longue ovation de ceux qui étaient présents montrait bien sa véracité. Et pourtant, nous sommes passés de trois circonscriptions à une seule en peu de temps. Le Burkina avait deux régions et le Mali formait une région. Déjà en 1990, les deux circonscriptions Burkina Est et Burkina Ouest avaient été regroupées pour former la Région Burkina (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger et Tchad). Par la suite, les Provinces Burkina et Mali ont été restructurées pour créer en 2008 la Province de l’Afrique de l’Ouest (PAO).

Les démarches pour créer la PAO ont été longues, lentes et progressives. Il s’agissait d’y arriver après une grande consultation de tous les confrères. Cela a commencé par l’organisation de certaines activités accomplies ensemble (retraites annuelles, sessions de formation, les activités de différentes commissions, etc.), et par la participation aux Conseils provinciaux des uns et des autres. Tout cela dans le but de se connaître mutuellement, de s’apprivoiser et de fraterniser en vue d’une plus grande intégration.

La deuxième étape comprenait différentes concertations en vue de la restructuration de deux Provinces en une seule. Un travail préalable est fait au niveau de deux Conseils provinciaux. Une rencontre interprovinciale mène une réflexion pour savoir comment procéder et aborder le sujet avec les confrères. Une lettre est adressée en 2001 à tous les confrères présents ou originaires des deux Provinces pour les sensibiliser à l’idée d’un possible regroupement. Personne ne nie cette possibilité, mais les réactions sont assez timides.

Dans la même perspective, “Lavigerie Infos”, une publication interprovinciale, voit le jour. Le premier numéro a été publié en avril 2006 et le cinquième et dernier numéro, en novembre 2008. Elle sera remplacée par “Baobab Échos” qui a fait son apparition en mars 2009. Dans un grand souci d’une meilleure transparence, deux forums furent organisés où la possibilité d’un regroupement fut abordée. Les débats étaient très ouverts, francs et transparents. À part quelques hésitations et oppositions, les confrères ont été acquis à l’idée de réunir les deux Provinces en une seule.

Le Père Theo Caerts et le frère Patient NshomboLe moment était propice pour lancer la nouvelle Province, mais quelques questions subsistaient encore, à savoir le nom et le lieu d’implantation du siège de la nouvelle Province, son fonctionnement, etc. Si les deux premières interrogations, celles concernant son nom et l’implantation de son siège, ont été vite résolues par consensus, son fonctionnement était la plus grande pierre d’achoppement et par conséquent a pris plus de temps et de concertation. Finalement, on est arrivé à la rédaction finale de sa charte et à son approbation par les confrères en janvier 2008. Le Conseil général donnera sa bénédiction à cette charte en février 2008.

Dans un grand ensemble comme la jeune Province de l’Afrique de l’Ouest, les difficultés ne manquent pas. Les décisions se prennent à un rythme plus accéléré que les personnes ne s’habituent. Pour arriver à une conscience de l’appartenance à la nouvelle Province, cela demandera encore beaucoup de temps et de patience. D’ailleurs, l’habitude de s’adresser directement au Provincial, aggravée par les grandes distances à parcourir, complique le service des confrères. Malgré le fait que notre temps est caractérisé par la médiacratie, la communication entre les différentes instances (supérieurs délégués et l’équipe provinciale, avec les communautés, avec les confrères) est encore à améliorer.


De plus, à cause des grandes distances, l’esprit familial et fraternel en prend un coup. Pour palier à ce handicap, nous organisons chaque année les sessions de janvier et, à un rythme régulier, un forum prière de vêpres à l'occasion d'un forumprovincial. Au cours de ces assemblées provinciales, nous traitons de sujets et de thèmes d’intérêt commun.
La publication provinciale “Baobab Échos”, le site web (www.mafrwestafrica.net ) et les différents échos des rencontres du Conseil provincial viennent renforcer les liens familiaux entre nous. Un grand effort de communication est mis en route, mais ce domaine doit être encore amélioré pour une plus grande fraternité dans la PAO.

Le manque de personnel et les difficultés liées à la gestion de nos maigres ressources humaines ont pour conséquence qu’un Supérieur délégué peut se trouver en même temps curé d’une grande paroisse, ce qui ne facilite pas l’animation des confrères. Des problèmes se posent au niveau pastoral et juridique quand le découpage de nos secteurs les amène à chevaucher plusieurs pays et diocèses. Par conséquent, un grand travail d’adaptation est laissé à la discrétion de chaque communauté. Les communautés doivent apprendre à travailler à plusieurs échelons par rapport aux différentes directives, orientations et niveaux de responsabilité.

La charte de la PAO prévoit la division de cette Province en quatre secteurs. Chaque secteur a un Supérieur délégué, un conseiller, un suppléant et un assistant économe. Si les différents rôles sont bien clairs dans la charte, il faut que chacun à son niveau se les approprie pour un meilleur fonctionnement de l’ensemble de la Province. Par rapport au passé, les membres du Conseil provincial (les supérieurs délégués et les conseillers) ont davantage de responsabilités dans l’animation des confrères et dans la représentation de la Société devant l’Église locale. Il y a une meilleure répartition des services des confrères dans le sens de la décentralisation et de la subsidiarité.

Selon le contexte et les besoins de secteur, le Provincial délègue certaines responsabilités au Supérieur délégué. Ce dernier assure surtout l’animation des confrères de son secteur par des visites régulières. C’est lui aussi qui convoque et anime les réunions de secteur. Le Supérieur délégué et son conseiller proposent les communautés de son secteur susceptibles d’accueillir un jeune confrère ou un stagiaire. Une réflexion est en cours pour préciser leur rôle dans l’accompagnement des stagiaires.

De son côté, l’assistant économe de secteur prépare et gère le budget de son secteur. Pour aller plus loin, il devient nécessaire que chaque secteur arrive à élaborer son projet apostolique et missionnaire et que le Conseil provincial étudie la possibilité d’un Conseil de secteur où le Supérieur délégué avec le conseiller, le suppléant et l’assistant économe se concerteront pour une meilleure animation de leur secteur.

Oui, on peut le dire : la PAO, c’est bien parti !

                                                                                                    Ignatius Anipu


Tiré de "Petit Echo" n° 1039 de mars 2013.