Présidentielle au Burkina Faso: pourquoi un électeur sur deux n'a pas voté
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Le taux de participation de l'élection présidentielle du 22 novembre, qui a vu Roch Marc Christian Kaboré être reconduit, s'établit à 50,79%. Un électeur sur deux n'a donc pas voté, sans compter les Burkinabè qui n'étaient pas inscrits. RFI leur donne la parole.
Avec notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Carine Frenk
Selon des sources concordantes, le Burkina Faso devrait compter environ 10 millions d’électeurs, et pas seulement 6,5 millions. Parce qu’ils n’ont pas leur carte nationale d’identité, parce qu’ils n’ont pas pu s’enrôler à cause de l’insécurité, ou bien parce qu’ils ne voient pas l’intérêt de voter, ou pour toutes ces raisons à la fois, de nombreux citoyens restent au bord de la route. Le vote pour la présidentielle du 22 novembre s'est fait sans eux.
C’est le cas de Bibi, un petit commerçant du centre-ville. Il n’a jamais voté et il s’en porte bien. Car il n'en voit pas l'intérêt : « Je ne voterai jamais. Je n'ai jamais voté. J'ai 38 ans et je ne sais pas comment on vote. Je ne suis pas prêt pour voter. »
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« Je ne crois pas en leurs promesses »
Clara tient un kiosque à journaux. Elle aurait pu voter à Fada, mais comme elle était à Ouadadougou le jour des élections, elle s’est donc abstenue : « Ça ne m'a pas gênée. Parce que parmi les 13 candidats, je ne savais pas qui choisir. Personne ne dit la vérité dans son programme. D'autres ont promis des choses qu'ils ne peuvent pas faire. Ils ont fait tout ça seulement pour avoir le fauteuil. Je ne crois pas en leurs promesses. »
Le taux de participation s’établit à 50,79%. Il est même de 46% si l’on se réfère aux 6,5 millions d’électeurs inscrits. 600 000 électeurs ont, en effet, été exclus de la base de calcul par la Céni, leur bureau de vote n’ayant pas pu ouvrir en raison de l'insécurité.
Réélu président dès le premier tour, Roch Marc Christian Kaboré a reçu les félicitations de plusieurs opposants, vendredi 27 novembre. Parmi eux, Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition, mais aussi Tahirou Barry, Ablassé Ouedraogo, Monique Kam Yeli, Gilbert Noel Ouedraogo, le professeur Augustin Loada, président du Mouvement Patriotique pour le Salut, ou encore Do Pascal Sessouma.
Le président Kaboré a salué cette démarche qui, selon lui, témoigne de la maturité de la démocratie au Burkina Faso. On attend désormais les résultats provisoires des législatives. Le Conseil Constitutionnel proclamera les résultats définitifs.