[Chronique] Quand Joe Biden l’« afrophile » parle aux Africains

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Par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Damien Glez

Dans un message vidéo adressé à l’Union africaine, le nouveau président américain a promis respect, dialogue et cohérence. Et peut-être même une visite au prochain sommet de l’institution panafricaine.

Featuring de luxe au 34e sommet de l’Union africaine, qui s’est achevé ce dimanche : par visioconférence, le tombeur de l’acariâtre Donald Trump s’est adressé au gratin politique du continent noir. L’administration étasunienne fraîche émoulue avait déjà donné le « la » africaniste. C’est désormais la propre voix du commandant en chef, Joe Biden, qui porte le nouveau ton de la politique prévisionnelle des États-Unis en Afrique.

Promesses et généralités

Si « cohérente » se veut la nouvelle diplomatie « made in US », raccord fut le discours pixellisé avec l’ambiance classique de sommets de chefs d’État emphatiques : « dialogue dans un respect mutuel », « partenariats à reconstruire avec les institutions internationales », « promotion d’une vision commune d’un avenir meilleur », « commerce et investissements croissants », « santé », « sécurité », « climat »…

Les généralités qui n’engagent que peu, à ce stade, et le prêche d’autoproclamés convaincus ont été les deux piliers de cette adresse au continent sur une politique dont les deux mamelles, seront, selon Biden, la « prospérité » et la « paix ». C’est un engrenage vertueux entre partenariat économique et fin des insécurités que le président américain entend enclencher, par l’entremise de l’amélioration des niveaux sociaux.

À l’Ouest, rien de nouveau, donc. Surtout si l’on considère que cette intervention au sommet de l’UA n’était que la déclinaison d’un discours de la vieille sur la politique étrangère des États-Unis. Après tout, les gratins réchauffés ont encore meilleurs goûts, dit-on. Et nul n’est dupe d’un mot afro-personnalisé, sinon le comité qui avait bombardé Barack Obama prix Nobel de la Paix à la moindre écoute d’un « Salam aleikum » cairote.

Et maintenant ?

Ne pas susciter systématiquement une référence à l’un de ses prédécesseurs devrait d’ailleurs être une gageure pour Biden. N’être que « mieux que Trump qui insultait les présumés shithole countries » serait un peu court. N’être que le prolongement d’Obama –qui, rappelons-le, est tout de même son « petit frère » – ne lui permettrait pas non plus de marquer l’histoire. Déjà, ces derniers jours, la presse africaine s’est surtout fait l’écho de messages subliminaux dénichés dans une interview récente d’Obama à la radio France Inter, piques supposées à certains dirigeants africains qui refusent de quitter leur trône.

Les actes concrets de Biden en faveur de l’Afrique étant encore peu nombreux, il reste la symbolique et les sempiternels grains de sable. Côté symbolique afrophile, après un casting gouvernemental métissé, le nouveau président a fait un succès évident en souhaitant assister « en personne » au prochain sommet de l’UA.

Côté grains de sables, il faudra bien que son multilatéralisme glorifié se frotte aux relations bilatérales parfois conflictuelles et que sa promotion, par exemple, des « droits humains des personnes LGBTQ » s’attende à quelques réticences. Retour en Afrique ou néoingérence ? Chacun verra midi américain à sa porte africaine. Le discours : c’est fait. Et maintenant ?