Côte d’Ivoire : le néerlandais FrieslandCampina sort le chéquier et muscle sa stratégie

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 29 septembre 2021 à 18:11


En Côte d’Ivoire, FrieslandCampina est connu pour sa marque de lait en poudre « Bonnet rouge ». © www.frieslandcampina.com

Le spécialiste des produits laitiers va investir 40 millions d’euros dans ses installations ivoiriennes. Dans quel but ? Le décryptage de Jeune Afrique.

Le groupe laitier néerlandais FrieslandCampina accentue sa présence en Côte d’Ivoire pour renforcer ses activités dans quatorze pays d’Afrique de l’Ouest et du centre hors Nigeria, soit plus de 300 millions de consommateurs.

Le néerlandais aux 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires a investi 40 millions d’euros à Abidjan dans le développement de son siège régional et dans la modernisation de son usine de transformation de produits laitiers d’une capacité annuelle de 30 000 tonnes. La production de cette usine est essentiellement destinée au marché local – en forte croissante –, même si une part résiduelle ira au Burkina Faso et au Mali.

Une forte dépendance aux importations de produits laitiers

Pour diriger son bureau régional, FrieslandCampina a recruté l’Ivoirien Roger Adou, ancien directeur général adjoint de la Société de limonaderies et de Brasseries d’Afrique (Solibra), filiale de Castel, géant français des boissons. Le manager ivoirien pilotera et coordonnera les activités et les opérations dans quatorze pays d’Afrique subsaharienne sous la supervision de Ben Langat, le directeur Afrique basé en Afrique du sud.

FRIESLANDCAMPINA VA INVESTIR DES DIZAINES DE MILLIARDS DE F CFA AU COURS DES PROCHAINES ANNÉES

La filière laitière ivoirienne dépend fortement des importations, l’industrie locale fournissant à peine 20 % des besoins nationaux. Les Ivoiriens consomment environ 11 litres de lait par an, comparativement à certains pays de la sous-région qui atteignent 44 litres par habitant. Le secteur réalise un chiffre d’affaires global de 120 milliards de F CFA (180 millions d’euros) et plus de 60 milliards de F CFA de valeur ajoutée selon Souleymane Diarrassouba, ministre ivoirien du Commerce et de l’Industrie.

L’un des plus grands défis du secteur réside dans la chaîne logistique. Et à cette fin, les opérateurs présents dans l’industrie font preuve de créativité. FrieslandCampina s’appuie sur une société locale, Logis, pour la distribution de ses produits. L’entreprise qui se refinance via son holding néerlandais a cependant un modèle local pour soutenir ses partenaires. « Nous sollicitons les banques locales pour financer nos distributeurs afin de soutenir l’activité. Le groupe investira des dizaines de milliards de F CFA au cours des prochaines années », explique Roger Adou.

Au Nigeria, FrieslandCampina a créé un Centre pour le développement de l’industrie laitière nigériane (CNDD).


www.frieslandcampina.com

Transfert de technologies

Les autorités ivoiriennes – au premier rang desquelles le Premier ministre Patrick Achi – insistent pour un transfert de technologies en Côte d’Ivoire par la duplication du modèle nigérian. Chez le géant ouest-africain, FrieslandCampina a mis en place une technique de croisement de zébus du Niger et de races européennes pour la production de lait. Toute la production au Nigeria est locale et ne dépend pas des importations, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire.

L’entreprise néerlandaise s’est engagée à conclure des partenariats avec des fermiers locaux pour réaliser les projets qui se mettront en place au cours des cinq prochaines. « Nous développerons de nombreux projets dans l’élevage au cours des prochaines années pour impacter nos frais d’approche et créer de la valeur ajoutée locale pour réduire puis stopper les importations d’intrants » a poursuivi Roger Adou. En Côte d’Ivoire, FrieslandCampina est le leader sur le segment des produits laitiers en poudre et en liquide avec sa marque centenaire la plus connue « Bonnet Rouge ». Une position que le géant nord-européen souhaite consolider.