Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Vous êtes devant les hommes, mais il y a Dieu qui vous attend » (Me Mamadou Sombié)
Après le rejet par la chambre de la requête de Me Eliane Kaboré demandant une expertise sur la santé psychique de son client Yamba Élysée Ilboudo, l’audience de l’accusé s’est poursuivie cet après-midi.
Répondant aux questions de son avocate, Yamba Élysée Ilboudo a déclaré n’avoir pas tué Thomas Sankara et ses compagnons. Pour Me Eliane Kaboré, il plaide donc non coupable. Pourtant la veille, il avait reconnu les faits à lui reprochés. N’a-t-il pas fait de confusion entre « reconnaître les faits » et « reconnaître avoir été au conseil de l’Entente », ce jour fatidique du 15 octobre 1987 ? Selon l’avocate il ne sait ni lire ni écrire. Il n’a pas été à l’école hormis les cours du soir qu’il a payés de sa poche mais qu’il n’a pas poursuivis.
Poursuivant son interrogatoire avec son client, Me Eliane Kaboré fera remarquer que Yamba Élysée Ilboudo n’a reçu aucune gratification de la part du pouvoir qui a succédé à celui du Conseil national de la révolution puisque qu’il a fait ses premiers pas dans l’armée en tant que soldat de première classe et a été admis à la retraite en 2004 avec le même grade.
Après, c’était au tour de Me Mamadou Sombié de "cuisiner" l’accusé. Ce dernier a déclaré lors de l’instruction que son client Nabonsseouindé Ouédraogo faisait partie des trois militaires qui ont embarqué à l’arrière de son véhicule pour aller au conseil de l’Entente sur instruction de l’adjudant Hyacinthe Kafando. En revenant, sur les causes de l’accident dont Yamba Élysée Ilboudo a été victime en 1989, accident qui s’est déroulé de retour d’une mission de « Fada N’Gourma ou Tenkodogo », l’avocat a soutenu que le traumatisme crânien qu’a subi l’accusé n’a pas été relevé par l’instruction.
Pour Me Mamadou Sombié, contrairement aux déclarations de Yamba Élysée Ilboudo pendant l’instruction et à cette barre, son client Nabonsseouindé Ouédraogo lui maintient qu’il était en tenue de sport au pied-à-terre de Blaise Compaoré, prêt à se rendre à la séance de Sport de masse, instituée le 24 septembre 1984, par le Conseil national de la révolution.
A la décharge de son client, Me Sombié citera les noms de deux soldats de la garde rapprochée de Blaise Compaoré qui étaient eux aussi en tenue de sport prêts à prendre part à cette activité sportive. Malheureusement, ces deux soldats ne sont plus de ce monde. « Vous êtes devant les hommes, devant le tribunal mais il y a Dieu qui vous attend », a déclaré Me Mamadou Sombié avant de lancer à l’accusé « Vous êtes atteint d’un problème mental parce que vous variez dans vos déclarations. Mon client ne vous en veut pas. En 2015 et en 2016 j’ai attiré son attention sur votre déposition. Il m’a dit que vous être entre griffe ’’fou’’ ».
Les propos de l’avocat ont choqué le parquet qui dit ignorer que Me Sombié avait des qualités de médecin psychiatre. « Il dit que l’accusé est atteint d’un problème mental. Je crois, Monsieur le président, que vous avez rejeté la demande d’expertise sur la santé psychique de l’accusé. Mais on tente toujours de nous faire croire qu’il est malade. L’accusé n’est pas malade ». Et le procureur militaire de soutenir : « Il est bien cohérent. Même si on nous demande ce que nous avons fait avant-hier, nous allons oublier des détails. Mais ce n’est pas pour autant que l’on est atteint de démence. »
LeFaso.net