« Maintenant il faut réparer », l’appel des chefs d’État africains à la COP26

Par  - envoyée spéciale à Glasgow
Mis à jour le 2 novembre 2021 à 12:40
 

 

A Glasgow, le 31 octobre 2021, dans le cadre de la COP26, ont débuté deux semaines de négociations internationales autour de l’urgence climatique. © DR

 


Le président nigérien Mohamed Bazoum et son homologue du Malawi se sont démarqués lors de l’ouverture du Sommet des chefs d’État et de gouvernement à la COP26. Faure Gnassingbé, Félix Tshisekedi et Umaro Sissoco Embaló doivent prendre la parole aujourd’hui.

Les coups ne sont pas venus de là où on les attendait. Parmi les chefs d’État et de gouvernement africains qui ont exprimé leur « national statements » (déclaration nationale) en ouverture de la COP26, la conférence internationale sur le climat, les plus petits pays en termes de produit intérieur brut (PIB) ou de superficie ont en effet tapé du poing sur la table plus fort que les autres.

Ainsi du président du Malawi, Lazarus McCarthy Chakwera, qui a directement pointé du doigt la responsabilité historique des pays développés dans le mauvais score de l’Afrique australe en matière d’émissions de carbone. L’Afrique du Sud est le plus grand émetteur de CO2 du continent et parmi les plus gros contributeurs mondiaux, avec près de 1,5 % des émissions mondiales.

NOUS NE DEMANDONS PAS DES DONS MAIS UNE TAXE DE NETTOYAGE

« Qui a laissé les pays africains sans aucun ustensile pour cuisiner ? Qui nous a laissés sans autre source d’électricité que le charbon pour s’éclairer ? », a-t-il demandé, faisant référence à l’embargo international lié au régime d’apartheid qui a conduit les autorités sud-africaines à transformer le charbon présent dans son sol en carburant et en combustible. « Maintenant, il faut réparer ! », s’est exclamé le président malawien. Avant de conclure : « Nous ne demandons pas des dons mais une taxe de nettoyage. »

Dans un autre registre, le président nigérien Mohamed Bazoum a, quant à lui, profité de la tribune de dix minutes qui lui était offerte pour appeler la « communauté internationale à constituer un fonds de soutien financier aux pays du Sahel dont les populations pastorales et les terres agricoles sont menacées par les sables ».

Au cœur de la région sahélienne, le Niger subit, du fait des changements climatiques grandissants provoqués principalement par les émissions de CO2 des pays développés, une désertification accrue de ses surfaces arables. Un phénomène qui « favorise le terrorisme dans la région », rappelle le président nigérien.

Gnassingbé, Tshisekedi et Embaló attendus

Ces interventions ont fait partie des sorties les plus marquantes du Sommet des quelque 120 chefs d’État et de gouvernement qui, réunis au Scottish Event Campus de Glasgow pour le début de la COP26, ont ainsi lancé deux semaines de négociations internationales.

Ali Bongo, Denis Sassou-Nguesso, Faustin-Archange Touadéra, Uhuru Kenyatta, Abdel Fattah al-Sissi, George Weah et Hakainde Hichilema se sont également exprimés lors de la première journée.

Ce mardi 2 novembre, on attend les interventions de Faure Gnassingbé, Nana Akufo-Addo, Félix Tshisekedi, Umaro Sissoco Embaló, Andry Rajoelina, João Lourenço ou encore Emmerson Mnangagwa.

L’enjeu des discussions : déterminer si l’ensemble des pays, développés et en développement, peuvent enfin mener à bien les actions urgentes nécessaires pour limiter les effets du changement climatique en cours.

Si les premiers débats en séance ou à l’occasion d’événements parallèles ont fait la part belle à la question du financement de ces actions ainsi qu’à l’adaptation des mesures aux différents pays, les interventions ne se sont pas envolées. Le contexte reste globalement pessimiste depuis la publication, en août, du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (Giec).

« Alerte rouge le G20 ! »

Le constat de ce rapport est sans appel : une température mondiale qui devrait augmenter de 1,5°C dix ans plus tôt que prévu, un réchauffement qui pourrait atteindre, selon les pays et les hypothèses, entre 3,3 à 5,7°C et une concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère à son niveau le plus haut jamais atteint…

Ce tableau sombre a conduit, plus tôt dans la matinée, la Première ministre de l’insulaire Barbade, Mia Mottley, à déclarer : « Alerte rouge le G7, alerte rouge le G20 ! Si nous ne limitons pas le réchauffement en deçà des 2°C, ce sera la disparition pure et simple de plusieurs pays de la surface du globe. »