Le pape met en garde contre « une religion conventionnelle » qui « ne change pas la vie »
Célébrant la messe de l’Épiphanie à Saint-Pierre de Rome, jeudi 6 janvier, le pape François a encouragé les croyants à entamer le « voyage de la foi ». « Nos paroles et nos rites déclenchent-ils dans le cœur des gens le désir d’aller vers Dieu ou sont-ils une “langue morte” ? », a-t-il interrogé.
La foi est un voyage et non une armure pour se protéger. C’est, en substance, le message délivré jeudi 6 janvier par le pape François, lors de la messe de l’Épiphanie, célébrée à Saint-Pierre de Rome.Devant environ 1 500 fidèles, le pape François a longuement commenté le parcours des Mages, partis d’Orient pour se prosterner devant l’enfant né dans la crèche. « Ils avaient de nombreuses excuses pour ne pas partir », a ainsi commenté François.
« Où en sommes-nous dans le voyage de la foi ? »
Avant de dresser un parallèle entre la situation de ceux que la tradition désigne comme « les Rois mages » et les croyants d’aujourd’hui. Et de désigner les barrières d’aujourd’hui : la « consommation », la « foi répétitive et fatiguée » ou encore « la peur de nous mettre en danger, de nous engager pour les autres et pour le bien ».
→ EXPLICATION. Pourquoi y a-t-il plusieurs dates pour l’Épiphanie ?
« Où en sommes-nous dans le voyage de la foi ?, a ainsi interrogé François. Ne sommes-nous pas bloqués depuis trop longtemps, parqués dans une religion conventionnelle, extérieure, formelle, qui ne réchauffe plus le cœur et ne change pas la vie ? »
« La vraie richesse [des mages] ne consiste pas dans la renommée et le succès, mais dans l'humilité »
— KTOTV (@KTOTV) January 6, 2022
Le #Pape François lors de l'#Angélus de l'#Epiphanie.
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Puis François a poursuivi ses questions à l’intention de ceux qui l’écoutaient : « Nos paroles et nos rites déclenchent-ils dans le cœur des gens le désir d’aller vers Dieu, ou sont-ils une “langue morte”, ne parlant que d’elle-même et à elle-même ? »
« Il est triste de tomber dans le fonctionnalisme clérical »
« La foi n’est pas une armure qui immobilise, mais un voyage fascinant, un mouvement continu et inquiet, toujours à la recherche de Dieu », a insisté François, qui a souligné l’importance du “désir” de connaître Dieu. « Désirer, c’est garder vivant le feu qui brûle en nous et qui nous pousse à chercher au-delà de l’immédiat, au-delà du visible », a développé François.
« Il est triste qu’un prêtre ferme la porte du désir. Il est triste de tomber dans le fonctionnalisme clérical », a-t-il déploré. Pour le pape, les croyants doivent au contraire prendre en compte « la joie envahissante et inconfortable de l’Évangile ».
« Regarde l’étoile et marche », a-t-il encouragé un peu plus tard, au cours de son Angélus prononcé place Saint-Pierre, en présence de plusieurs milliers de personnes réunies sous une petite pluie fine.
Le pape, qui a invité à « rêver, chercher, adorer », a aussi encouragé les catholiques à « marcher ensemble dans l’écoute, pour que l’Esprit Saint nous suggère des voies nouvelles ». « C’est l’un des devoirs du Synode », a-t-il insisté, faisant allusion au Synode sur l’avenir de l’Église lancé en octobre 2021, et devant se conclure par une réunion d’évêques à Rome en octobre 2023.
Une manière, a insisté François, de trouver « des chemins pour apporter l’Évangile au cœur de celui qui est indifférent, loin, de celui qui a perdu l’espérance mais qui cherche ce que les Mages ont trouvé : une très grande joie ».