Le télescope James Webb a déployé son miroir, dernière étape cruciale

Les faits

Samedi 8 janvier, le télescope spatial James Webb a achevé le déploiement de son miroir principal. L’opération, qui avait commencé la veille, marque la dernière étape pour l’engin avant son arrivée à destination et le début des tests.

  • Audrey Dufour, 
Le télescope James Webb a déployé son miroir, dernière étape cruciale
 
Grosse fleur dorée composée de 18 segments hexagonaux, le miroir principal (en jaune) est actuellement plié comme un burrito.NASA GSFC/CIL/ADRIANA MANRIQUE GUTIERREZ

Cela fait désormais 14 jours que le télescope spatial James Webb a quitté la Terre pour rejoindre son point d’observation, à 1,5 million de kilomètres de là. La mise en place complète n’est pas prévue avant fin janvier, le temps de s’insérer dans l’orbite voulue, au point dit de Lagrange 2. Mais ce samedi 8 janvier, James Webb a achevé la dernière étape de son déploiement, avec celle du miroir principal de 6,5 mètres de diamètre, commencé la veille.

→ GRAND FORMAT. Télescope James Webb : à la recherche des origines de l’univers

Avant lui, le télescope a commencé par orienter ses panneaux solaires pour avoir l’énergie nécessaire à toutes les opérations. Ensuite, il a ouvert son bouclier thermique, cinq couches d’un matériau appelé Kapton, qui doivent protéger l’observatoire et les miroirs de la chaleur du soleil. Le miroir secondaire, accroché au bout d’un mât, avait été paradoxalement le premier à être déployé il y a quelques jours. Nettement plus petit, avec 74 centimètres de diamètre, il doit servir à « rassembler » la lumière collectée par le miroir principal.

Grosse fleur dorée composée de 18 segments hexagonaux, ce miroir principal est actuellement plié comme un burrito. Une disposition rendue nécessaire pour faire rentrer l’engin dans la fusée Ariane 5 qui a assuré son départ pour l’espace. Désormais, le dépliage des ailes est au programme. Les deux parties latérales doivent venir se mettre en position. Au cours du week-end, les actionneurs, des petits moteurs, devront se mettre en route pour ajuster légèrement les segments, corriger la courbure du miroir et s’assurer que la fleur fonctionne comme une seule surface continue pour collecter la lumière de l’Univers.

Une technologie reprise en ophtalmologie

« Chaque segment sera aligné avec une précision comparable à un dix-millième de cheveu, décrit Lee Feinberg, chargé de la partie optique du télescope à la Nasa. Pour cela, il a fallu inventer comment faire. » Comment vérifier la position de chaque élément ? Comment dire au moteur « pousse un peu vers la droite » dans l’espace, où par définition il n’existe ni droite ni gauche ni haut ni bas ? Comment savoir si le miroir est uniforme, loin là-bas au-dessus de nos têtes ?

Pour répondre au problème, les ingénieurs ont innové dans les algorithmes et les analyseurs de front d’onde, une technique qui permet de détecter d’éventuels défauts optiques. Sur Terre, ces recherches pour assurer un œil parfait à James Webb vont servir à améliorer les techniques médicales en ophtalmologie. Elles permettront d’obtenir des analyses plus fines des yeux humains, dans les cas de cataracte par exemple.

Dans l’espace, l’œil doré du James Webb doit servir à collecter la lumière diffuse des « âges sombres », pas les tout débuts mais presque de l’Univers. C’est à ce moment que se forment les premières étoiles et les premières galaxies, environ 300 à 400 millions d’années après la naissance de l’Univers. Les premiers résultats ne devraient toutefois pas arriver avant l’été, le temps pour l’équipe internationale qui coordonne le télescope de s’assurer que tout fonctionne bien.