Burkina : Roch Marc Christian Kaboré sous bonne garde

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 31 janvier 2022 à 20:49
 

 

Roch Marc Christian Kaboré, lors du sommet du G5 Sahel à Nouakchott, le 30 juin 2020. © Ludovic Marin /Pool via REUTERS

 

Le sort de l’ancien président, toujours en résidence surveillée, sera au cœur des discussions lors du sommet de la Cedeao, le 3 février.

Disparu des écrans radars depuis le coup d’État du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dirigé par Paul-Henri Sandaogo Damiba, Roch Marc Christian Kaboré se trouve toujours en résidence surveillée dans une villa ministérielle située dans le quartier de Ouaga-2000. L’un de ses aides de camp est à ses côtés. Selon nos informations, ses conditions de vie se sont récemment durcies.

Gendarmes chassés

Les mutins ont chassé les gendarmes qui assuraient sa sécurité afin de le garder eux-mêmes. Ses téléphones – il était, entre autres, en contact régulier avec plusieurs de ses anciens homologues, dont Alassane Ouattara, Macky Sall et Mohamed Bazoum – lui ont été retirés.

Si son épouse, Sika, ne loge pas avec lui, elle peut lui rendre visite, tout comme leurs deux enfants. Contrairement aux rumeurs, ses anciens collaborateurs (ministres, hauts gradés…) n’ont pas été arrêtés. Ils sont tous libres, y compris l’ancien patron des renseignements, le colonel-major François Ouédraogo, démis ce 31 janvier de ses fonctions. Ce dernier se trouve à son domicile, dans le quartier de la Patte-d’Oie.

Impatient de démissionner

Dans la nuit du 23 au 24 janvier, Roch Marc Christian Kaboré a été exfiltré sous le crépitement des balles qui sifflaient autour de son domicile privé. Les quatre gendarmes blessés étaient dans le convoi de diversion, alors que le président circulait à bord d’un véhicule banalisé. Selon un proche du MPSR, un refus d’obtempérer serait à l’origine des tirs. Les victimes ont été prises en charge à l’infirmerie du camp Sangoulé Lamizana, où elles se trouvent toujours.

Au matin, Kaboré a personnellement demandé à être remis à une autorité morale, afin que son intégrité physique soit garantie. Sa garde rapprochée a alors décidé, de concert avec les jeunes officiers présents autour de Damiba, de se rendre chez le cardinal Philippe Ouédraogo. Il a ensuite été placé en sécurité dans la résidence ministérielle où il réside toujours.

Toujours selon nos informations, il a lui-même demandé à signer sa démission, que des soldats se chargeaient de préparer au camp Sangoulé-Lamizana afin qu’il n’ait plus qu’à y apposer sa signature. Mais, impatient, il a fini par réclamer une feuille blanche sur laquelle il a lui-même écrit l’intégralité de sa lettre, a confié à Jeune Afrique un témoin des événements. Plusieurs proches de l’ancien président burkinabè évoquent d’ailleurs son « soulagement » à cet instant précis. Il évitait ainsi un affrontement entre les putschistes et sa garde rapprochée.

Nana Akufo-Addo particulièrement impliqué

Il sera beaucoup question du sort de Roch Marc Christian Kaboré lors du prochain sommet de la Cedeao, le 3 février à Accra. Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, dont la ministre des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchway, séjourne actuellement à Ouagadougou dans le cadre d’une mission ONU-Cedeao, est particulièrement impliqué dans les discussions. Objectif : obtenir la libération de l’ancien chef de l’État.

 

La lettre de démission de Roch Marc Christian Kaboré.

 

La lettre de démission de Roch Marc Christian Kaboré. © DR