Sommet de l’UA : en coulisses, avec les chefs d’État

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 8 février 2022 à 16:29
 

 

Faustin-Archange Touadéra et Abdoulaye Diop, en marge du sommet de l’UA, le 7 février. © GDongobada/Twitter

En marge du programme officiel, les grand-messes de l’Union africaine (UA) sont souvent le théâtre d’un intense lobbying. À Addis-Abeba, les 5 et 6 février, les réunions informelles se sont multipliées.

Mikhaïl Bogdanov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, a profité de sa présence à Addis-Abeba pour pousser la candidature de Moscou à l’Exposition universelle de 2030. Il a ainsi multiplié les entretiens avec les chefs d’État : Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Denis Sassou Nguesso (Congo), Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique), Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe), Mohamed Abdullahi Mohamed, dit « Farmajo » (Somalie), et Mohammed el-Menfi (président du Conseil présidentiel libyen).

Il a également évoqué ce sujet avec le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Choukri, dépêché sur place par Abdel Fattah al-Sissi. Le maréchal-président assistait quant à lui à l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, en présence notamment de Vladimir Poutine.

Coopération CPI-Afrique

Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) depuis juin 2021, Karim Khan n’avait pas encore fait connaissance avec les présidents du continent. Également invité par l’UA, il a pu se présenter et discuter coopération avec Félix Tshisekedi (RDC), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et Mohamed Bazoum (Niger) – qu’il a notamment sondé sur la possibilité de juger les jihadistes devant la CPI. Il a également échangé avec Faustin-Archange Touadéra, alors que plusieurs dossiers d’ex-membres de la Séléka sont en cours de traitement à La Haye et que celui de Joseph Kony (toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt international) et de la LRA (Armée de résistance du Seigneur), dont la base arrière se situe en partie en Centrafrique, refait surface.

Karim Khan s’est entretenu par ailleurs avec le Premier ministre tchadien, Albert Pahimi Padacké, ainsi qu’avec le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, et son homologue sud-africaine, Naledi Pandor.

Zlecaf et infrastructures

À Addis-Abeba, les présidents africains ont quant à eux plaidé en faveur de leurs propres dossiers. Mohamed Bazoum a obtenu la tenue au Niger, du 20 au 25 novembre 2022, d’un sommet extraordinaire des chefs d’État africains sur l’industrialisation et la diversification économique. L’idée est aussi de rentabiliser les infrastructures de Niamey (Radisson Blu Hôtel et Centre international de conférences Mahatma Gandhi) que gère l’Agence nationale de l’économie des conférences, dirigée par le ministre conseiller à la présidence Mohamed Saidil Moctar. En vue d’organiser cet évènement, le président nigérien a échangé à Addis-Abeba avec les représentants de plusieurs organisations :  Vera Songwe, la secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique et Ibrahim Mayaki, le directeur exécutif du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).

Dans cette optique, Bazoum compte aussi sur la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), dont il a rencontré le secrétaire général, Wamkele Mene, à Niamey. Présent en tant qu’invité et président de sa fondation, Mahamadou Issoufou a d’ailleurs présenté un rapport sur l’état d’avancement de ce dossier, qui fut son sujet de prédilection à la fin de son mandat.

En parallèle de ses rencontres bilatérales avec ses homologues (Alassane Ouattara, Félix Tshisekedi…), Denis Sassou Nguesso a avancé ses pions en faveur du développement des infrastructures sous-régionales. Il en a notamment discuté avec Gilberto Verissimo, le président de la Commission de la CEEAC.

Transitions en quête de soutiens

Enfin, les représentants des transitions africaines ont tenté d’obtenir des soutiens. Albert Pahimi Padacké a ainsi veillé à rassurer les sceptiques et à expliquer le report au 10 mai du dialogue national, initialement prévu le 15 février. Il a réaffirmé que le président Mahamat Idriss Déby respecterait bien le calendrier pour l’organisation de la présidentielle.

Alors que le Mali a été lourdement sanctionné par la Cedeao, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, s’est bien sûr entretenu avec Shirley Ayorkor Botchwey, la cheffe de la diplomatie du Ghana – son président, Nana Akufo-Addo, préside l’organisation sous-régionale – mais aussi avec le Rwandais Vincent Biruta. Alors que Faure Essozimna Gnassingbé et Assimi Goïta entretiennent de très bonnes relations, il a échangé avec son homologue togolais, Robert Dussey. Enfin, Faustin Archange Touadéra a tenu à lui exprimer sa « solidarité ». Comme une preuve d’union sur le front russe.