Sénégal : concert de Burna Boy, un festival de désinvolture
Prévu le 25 décembre dernier, puis le 1er janvier, puis le 12 février, le concert dakarois de Burna Boy a finalement eu lieu le 13 février, après de longues heures de retard. Les Sénégalais ont de quoi être blasés…
Une star sans caprice, est-ce vraiment une star ? Et le plaisir d’en rencontrer une n’est-il pas décuplé, lorsque l’heure H a joué les prolongations ? Toute patience a tout de même des limites, surtout quand les excuses floues virent à la mystification. La promo du dernier concert dakarois de la star nigériane Burna Boy aurait-elle dû mettre la puce à l’oreille des fans ? Des affiches et sites de réservation de tickets du spectacle du 12 février annonçaient la date, les tarifs – minimum 10 000 francs CFA – et le lieu – l’esplanade du musée des Civilisations noires –, mais pas… l’heure.
Panne de jet
C’est finalement le 13 février à 2h45 du matin que le chanteur s’est produit. Certes, un proverbe ouest-africain enseigne que « C’est celui a dormi qui sait qu’il y a de la bière de mil d’hier ». Mais ce n’est pas qu’un retard de quelques heures qu’avait accusé le musicien. Initialement prévu le 24 décembre 2021, son concert avait été reporté au 1er janvier « Inch’allah si Dieu le veut », selon les organisateurs locaux évoquant alors « quelques problèmes techniques » non précisés.
Une présumée panne d’avion, selon certaines sources. Une star sans jet privé ne serait-elle que l’ombre d’elle-même ? Dieu n’aura pas voulu non plus du premier jour de l’an et c’est ce 12 février, au matin, que les journalistes accrédités étaient finalement convoqués à l’aéroport pour accueillir la star.
A 9 heures, point de chanteur ; pas plus à midi ; pas davantage de Burna Boy sur la scène au basculement de samedi à dimanche, le jet n’ayant pas encore achevé son atterrissage. C’est donc à trois heures moins le quart du matin que les plus chevronnés des spectateurs, certains présents depuis 19 heures, verront le chanteur monter sur scène. Celui-ci quittera finalement le Sénégal sans contact avec la presse…
Le mépris
Ce sont des mélomanes africains échaudés qui finissent par craindre l’eau froide des mépris de stars. Le 9 décembre 2017, c’est l’Ivoirien DJ Arafat qui refusait de monter sur scène à la Place du souvenir africain de Dakar, jugeant le public insuffisant.
BOOBA CRÉERA LA POLÉMIQUE EN REPOUSSANT BRUTALEMENT UN JEUNE FAN
Quelques mois plus tôt, ce sont des propos et des gestes du rappeur français d’origine sénégalaise Booba qui avait choqué à Dakar. « B2o » avait accusé une heure et demie de retard à son rendez-vous avec la presse, avant d’enclencher la machine à clashs qui fait sa réputation, qualifiant la scène hip hop sénégalaise de trop « peu connue », « comme le rap polonais », pour justifier une collaboration. À un concert qui suivra sur la place du monument de la Renaissance africaine, Booba créera la polémique en repoussant brutalement un jeune fan…
Booba, DJ Arafat ou Burna Boy ont-ils la même désinvolture, lorsqu’ils doivent « prester » dans une grande capitale occidentale ? En France, le premier ne se gêne pas pour critiquer les autres rappeurs, pas seulement sénégalais ni polonais. Quant à feu « Arafat », il traînait des casseroles en Europe, comme un concert retardé et inachevé dans la fameuse salle parisienne du Bataclan. Coupé-décalé décalé et loupé…