Editorial
Le dimanche de Pâques, nous chantons ce verset tiré du Psaume 117 : « Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie ; alléluia ! » Voilà le sentiment qui m’habite et, en lisant les pages qui suivent, vous comprendrez pourquoi. Pas seulement dans le temps liturgique, mais aussi dans la vie d’un évêque et d’un diocèse il y a des moments de traversée du désert avant l’arrivée dans la terre promise, il y a la passion avant la résurrection.
Avant de détailler cela, permettez-moi de parler un peu de moi. En effet, je suis bien conscient que la tâche que le Seigneur m’a confiée, est de plusieurs numéros trop grande pour moi. Alors, j’ai développé une stratégie qui me permet de ne pas perdre le sommeil. Je la pratique depuis de nombreuses années. Le soir, au moment de me coucher, je rends le tablier au Seigneur en lui disant : « C’est toi, le maître de la vigne et de la moisson. Je ne suis qu’un gérant d’une petite parcelle. Comme j’ai besoin de dormir, je te demande de t’en occuper toi- même pendant quelques heures. » Puis je fais un grand signe de croix pour demander au Seigneur de garder tous ceux qu’il m’a confiés. Le matin, au réveil, je reprends le tablier en faisant un signe de croix bien plus petit et modeste et en disant au Seigneur : « A tes risques et périls. » Jusqu’ici, cela a toujours fonctionné ! Sauf qu’il ne faut pas être pressé avec Dieu et la patience n’est malheureusement pas mon fort.
Au lieu de regarder la façon de faire du Père dans l’histoire du peuple de Dieu et dans celle de ma vie, je m’impatiente et même je doute par moments, ce qui n’est pas bon pour ma santé ! J’oublie justement que la terre promise est au bout de la traversée du désert, que le prix à payer pour la résurrection est la passion.
Si l’Eglise de Mauritanie a comme tâche, d’être témoin de sa foi et de l’Amour de Dieu pour tous les hommes, alors, il faut des apôtres ! Au moins c’est ce qui me semble !
Tout en remuant ciel et terre pour en trouver, tout en craignant pour la survie même du Diocèse de Nouakchott, je me suis dit dans mon for intérieur : « Si le Seigneur veut que cela continue, il saura trouver les voies et moyens nécessaires, il saura trouver des ouvriers pour sa vigne. » C’est fort de cette conviction que j’ai construit une nouvelle maison pour les Filles de la Charité à Atar au moment où elles étaient obligées de fermer des communautés, faute de
personnel. C’est fort de cette conviction que je me suis investi pleinement dans la réhabilitation de la plus vieille église de la Mauritanie, celle de Rosso. Comme vous le lirez à l’intérieur de ces pages, le jour de la bénédiction, j’ai réuni des délégations de toutes les communautés chrétiennes et même j’ai invité le Maire de Rosso pour célébrer une grande fête et cela à un moment où la maison des sœurs était vide après le départ des SMSM en juin dernier et où le Père Spiritain qui reste seul apôtre à Rosso, est appelé à servir ailleurs.
C’est le Seigneur lui-même qui a récompensé cette folie : juste avant la célébration de la bénédiction de l’église rénovée, je reçois un courriel m’annonçant l’arrivée prochaine d’une communauté des Filles du Saint Cœur de Marie, congrégation sénégalaise à laquelle déjà mon prédécesseur avait demandé de venir en Mauritanie et que je sollicite depuis des années. Le même jour, le Supérieur des Spiritains de la Région me confirme l’arrivée d’un prêtre et d’un stagiaire pour la rentrée prochaine à Rosso.
Avant cela, le 19 mars, fête de Saint Joseph, l’abbé Victor Ndione, prêtre fidei donum en Mauritanie depuis 12 ans et originaire du diocèse de Thiès au Sénégal, a été incardiné dans le Diocèse de Nouakchott. En plus, il y a des signes annonciateurs qui disent qu’il ne restera pas seul prêtre diocésain de Nouakchott pendant des dizaines d’années comme avant lui le Père Yves Lesteven (qui se trouve dans sa Bretagne natale et prie pour nous).
Oui, la traversée du désert a été très dure pour moi. Je sais malheureusement que cela n’aura sans doute pas été la dernière. Mais aujourd’hui je vous invite à chanter avec moi le grand Alléluia de Pâques.
Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, Alléluia !
Père Partin Happe
Evêque de Nouakchott
JMJ Inter-territoriales
Les 7, 8 et 9 février, les jeunes du Diocèse de Nouakchott se sont préparés pour aller à Kaolack au Sénégal participer à la cinquième édition des rencontres prévues avec les jeunes chrétiens du Sénégal mais aussi du Cap-Vert, de la Guinée, de la Gambie, du Mali, de la Côte d’Ivoire, et même du Togo et du Bénin. Ce rassemblement national de la jeunesse catholique du Sénégal et de la sous-région avait pour thème : « Jeune chrétien, acteur de la Nouvelle Evangélisation. Viens, suis- moi. » (Mt 9, 9). Il a commencé par un accueil festif des délégations au cœur de la ville de Kaolack et s’est clôturé par la messe solennelle au stade Lamine Gueye de Kaolack.
Nous, jeunes de Nouakchott, étions au nombre de 13. Nous devions prendre nos dispositions, vu la distance (environ 450 – 500 km), si nous voulions prendre part à l’accueil prévu à Kaolack le 7 février à partir de 17 heures. Nous avons quitté Nouakchott à 4 heures du matin à bord de
2 véhicules et nous avions pour objectif d’arriver au barrage de Diama au petit matin; ce qui fut fait. Après les formalités à la frontière et un bon petit déjeuner, nous avons poursuivi notre route sans difficultés. Nous avons fait une petite halte déjeuner à Louga – dans une gargote - afin de rallier Kaolack à temps. Nous sommes arrivés à Kaolack qui grouillait de jeunes – quelque 25.000 - qui convergeaient au cœur de Kaolack par ses quatre points d’accès.
Rassemblés dans cet espace au cœur de Kaolack, c'est Monseigneur Benjamin Ndiaye, évêque du lieu qui nous a accueillis. Il nous a exhortés à boire cette eau vive offerte par Jésus pour devenir de bons disciples du Christ, pour fleurir et donner à la mission de belles moissons au Sénégal et dans toute la sous-région, mais aussi pour apaiser notre soif de vie. C’est ce que Jésus disait à la femme de Samarie :
« Quiconque boira de l'eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle. » (Jn 4, 13)
Monseigneur Ndiaye a ensuite offert du sel aux Pélerins : « Je vous offre ce sel ; car Jésus a dit : vous êtes le sel de la terre ; c’est le sel qui donne du goût aux aliments et Jésus veut que vous donniez le goût de l’évangile à votre vie et à votre milieu. »
‘‘Vous êtes dans le bassin arachidier, en vous offrant cette arachide, je veux vous interpeller afin que vous soyez solidaires de tous les travailleurs, et je prie pour que Jésus vous donne du travail, ce travail dont vous avez tant besoin pour vivre et développer votre pays’’, a-t-il expliqué. Une fois la cérémonie d’accueil terminée, chaque délégation a été invitée à regagner son site d’hébergement.
Après le dîner, nous avons commencé une veillée de prière qui a pris du retard et que, par conséquent, nous n’avons pas prolongée, car il se faisait tard et le programme du lendemain était bien chargé et nécessitait un repos. Nous nous sommes débrouillés tant bien que mal pour trouver un coin pour nous reposer de la fatigante journée passée.
Le samedi 8 février, au petit matin, pour les personnes qui le désiraient, une tente avait été dressée où on pouvait se recueillir devant le Saint Sacrement en attendant le début de la catéchèse qui devait être anikmée par Monseigneur Benjamin Ndiaye Entre autre point évoqué, un accent a été mis sur les apostasies – les chrétiens qui deviennent musulmans – qui se font de plus en plus fréquentes au Sénégal. Monseigneur Ndiaye nous a demandé de resserrer les rangs, de nous montrer solidaires entre nous, de soutenir le jeune qui commence à flancher.
Le programme du samedi a été également marqué, à partir de 15h 30, par un festival culturel qui s’est déplacé à travers les artères de la ville pour se terminer au Stade où ont eu lieu d’autres manifestations culturelles. Le Cardinal Théodore Adrien Sarr, en compagnie du Nonce Apostolique, Mgr Luis Mariano Montemayor, et plusieurs autres évêques de la conférence épiscopale ont assisté à ce temps fort des JMJ de Kaolack. Ce moment festif a été très stimulant et a été vécu comme une symbiose entre les différentes cultures du Sénégal et celles des pays de la sous-région (Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Mauritanie, Togo). Mgr Benjamin Ndiaye a souligné « le bonheur d’être ensemble avec le Chris qui nous réunit ». Il a rappelé au public que la fête du jour était dédiée, en ce 8 février, à Sainte Joséphine Bakhita. Née au Soudan, à 9 ans elle est arrachée à sa famille par des négriers. Vendue plusieurs fois comme esclave, avant d’être affranchie et confiée à des religieuses en Italie, cette femme devenue religieuse a été béatifiée avant d’être canonisée par Jean Paul II en l’an 2000. Elle est donnée en exemple aux jeunes afin qu’ils s’inspirent de son courage et de sa foi pour vaincre les obstacles de la vie.
Dimanche 9, jour de clôture des JMJ, nous avons convergé vers le stade où devait se dérouler la messe. Cette grande messe dans le stade Lamine Gueye a été un temps fort des JMJ de Kaolack. Elle a permis de rappeler les enseignements essentiels prodigués depuis trois jours à ces milliers de jeunes du Sénégal et de la sous- région, et même d’Espagne, de se rencontrer, d’échanger et surtout de se ressourcer dans la foi, en écoutant la parole de Dieu. Nous autres de la Mauritanie n’avons malheureusement pas pu prendre part à la fin de la messe. Nous avons dû quitter les lieux à 15 heures, c’était la seule alternative si nous voulions regagner Nouakchott le dimanche même ou tôt le lendemain. Les autorités militaires du Sénégal et de la Mauritanie nous ont facilité le passage et nous n’avons eu aucun souci en traversant la frontière par Diama malgré l’heure tardive (23 heures) à laquelle nous nous sommes présentés à elles. Nous sommes finalement arrivés à Nouakchott à l’aube lundi 10 février, très fatigués, mais le cœur léger d’avoir pu bénéficier des enseignements reçus ainsi que de se sentir plus forts vu le nombre impressionnant de jeunes chrétiens rassemblés en même temps pour partager leur joie de vivre l’amour du Christ.
Rendez-vous est pris dans 5 ans à Dakar, lieu choisi pour la tenue des prochaines JMJ inter-territoriales en 2019. INCHALLAH !!!