Côte d’Ivoire : ce qu’Albert Mabri Toikeusse a dit à Alassane Ouattara
Pour la première fois depuis un an et demi et la brouille entre les deux hommes, le chef de l’État a reçu son ancien allié passé à l’opposition, le 22 mars. Jeune Afrique vous dévoile les coulisses de cet échange.
Plus d’un an et demi après avoir quitté la coalition présidentielle, Albert Mabri Toikeusse a été reçu par Alassane Ouattara au palais, mardi 22 mars, dans l’après-midi. Une première depuis la brouille politique entre les deux hommes.
Sans intermédiaire
Le rendez-vous entre Alassane Ouattara et Albert Mabri Toikeusse a été organisé sans intermédiaire et à l’initiative du président de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI). Dimanche 20 mars, celui-ci a appelé le président ivoirien pour lui faire part de sa volonté de le rencontrer. Alassane Ouattara lui a expliqué qu’il n’était alors pas à Abidjan mais qu’il allait lui proposer une date, ce qu’il a fait dès le lundi.
Albert Mabri Toikeusse a d’abord été reçu par Fidèle Sarassoro, le directeur de cabinet du président, qui l’a ensuite conduit auprès de lui. Lors de leur tête-à-tête, les deux hommes ont passé en revue les conclusions du dialogue politique, qui s’est clos début mars. Rouvert sous la houlette du Premier ministre Patrick Achi, il préconisait notamment que le chef de l’État s’entretienne avec les principaux leaders politiques.
La question de la réforme de la Commission électorale independante (CEI) a été abordée. Albert Mabri Toikeusse s’est également dit préoccupé du fait que son groupe parlementaire ne soit pas représenté dans le bureau de l’Assemblée nationale. Il a été rassuré par le président, qui lui a confié avoir un point de vue similaire. L’UDPCI pourrait faire son entrée dans le bureau de l’Assemblée lors de la prochaine session parlementaire prévue en avril.
Enfin, Mabri a saisi l’occasion pour aborder avec le chef de l’État la question du statut du général Robert Gueï, qui avait chassé Henri Konan Bédié du pouvoir lors du coup d’État de Noël 1999. Il a plaidé pour sa « réhabilitation par la République ».
Fortes tensions
Cordiale, cette rencontre marque un rapprochement entre les deux hommes, qui s’étaient brouillés trois mois avant la présidentielle d’octobre 2020. Déjà opposé à la candidature d’Amadou Gon Coulibaly à l’élection, Albert Mabri Toikeusse était devenu, après le décès du Premier ministre, un des fervents détracteurs du troisième mandat d’Alassane Ouattara. Il avait refusé de dissoudre l’UDPCI pour rejoindre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Juste après le scrutin, au plus fort des tensions entre le pouvoir et l’opposition, Albert Mabri Toikeusse avait même fui Abidjan. Recherché par la justice, il était entré en clandestinité et n’était réapparu qu’en janvier 2021. Les relations entre le chef de l’État et son ancien ministre – qui se connaissent depuis plus de trente ans et ont maintes fois travaillé ensemble – s’étaient depuis quelque peu réchauffées. Ces derniers temps, des messages étaient passés entre eux.