Air Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara à la manœuvre pour renforcer les liaisons de la compagnie

Sollicité par plusieurs de ses homologues souhaitant voir atterrir des avions ivoiriens dans leurs pays respectifs, le chef de l’État procède à des arbitrages pour préparer l’ouverture d’une ligne ralliant Paris.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 15 avril 2022 à 17:33
 
 
 ouattara

 

Alassane Ouattara, lors de l’inauguration du nouvel Airbus A320 de Air Côte d’Ivoire, lors d’une escale à Ouagadougou, en 2017. © ABIDJAN.NET

 

Selon nos informations, Air Côte d’Ivoire prévoit l’ouverture de nouvelles liaisons dans les prochains mois, à des fins diplomatiques et économiques à la fois. Mi-mai, le pavillon ivoirien devrait d’abord lancer une ligne entre Abidjan et Bissau. Le président Umaro Sissoco Embaló a personnellement sollicité son homologue Alassane Ouattara pour qu’il l’aide à désenclaver son pays. Plusieurs études réalisées par la compagnie ivoirienne ayant montré que ce projet ne pouvait être rentable, le chef de l’État bissau-guinéen a consenti à prendre en charge 50 % des pertes.

Abidjan-Johannesburg

Air Côte d’Ivoire ouvrira par ailleurs en juin une liaison entre Abidjan et Johannesburg, via Kinshasa, avec son Airbus A320neo de 148 sièges. Cette desserte n’existait plus depuis son abandon par South African Airways. Un dossier que le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, avait évoqué avec Alassane Ouattara lors de sa visite en Côte d’Ivoire fin 2021. D’autres ouvertures ou réouvertures de lignes, cette fois avec la Centrafrique et la Sierra Leone, sont également en discussions avec les chefs d’État Faustin-Archange Touadéra et Julius Maada Bio.

La compagnie ivoirienne, qui a stabilisé ses finances et attend la mise en œuvre d’un plan de compétitivité validé par le palais présidentiel, nourrit surtout l’ambition de rallier Paris. Le projet a été validé par son conseil d’administration. Selon une source proche du dossier, les premiers vols ne sont pas prévus avant 2024. « Dans cette perspective, multiplier les lignes régionales fait sens. Il s’agit de renforcer la position de hub régional de l’aéroport Félix-Houphouët-Boigny pour faire le plein de passagers à destination de la France », indique notre interlocuteur.

Concurrence française

La compagnie étudie actuellement la possibilité d’acheter un long-courrier. Elle privilégie l’achat d’un Airbus A330-900, mais elle n’a pas encore l’accord de l’État pour le financement. Un appareil du même type sera en outre loué pour assurer l’exploitation pendant les périodes de maintenance du premier.  Ces deux avions pourront également voler vers Johannesburg.

Le général Abdoulaye Coulibaly, président du Conseil d’administration d’Air Côte d’Ivoire, devrait par ailleurs obtenir d’Abidjan qu’il limite la concurrence sur cette future liaison. Air France et Corsair qui relient actuellement les deux capitales, devraient se partager à terme le même nombre de vols que ceux exploités par la compagnie ivoirienne.

Se posera enfin la question de la sortie d’Air France du capital du pavillon ivoirien. La compagnie française, qui a voté en faveur du plan de développement d’Air Côte d’Ivoire, avait indiqué lors du lancement de cette dernière qu’elle ne resterait pas au tour de table si Abidjan exploitait des vols vers Paris.