Burkina Faso : une nouvelle Assemblée acquise à Ibrahim Traoré

Ce 11 novembre, 71 personnalités « qualifiées et compétentes » se réuniront pour la première session de l’Assemblée législative de transition, qui doit nommer son président.

Par  - à Ouagadougou
Mis à jour le 11 novembre 2022 à 10:05
 

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Parmi les 71 personnalités « qualifiées et compétentes » que compte l’assemblée, seulement dix femmes? © DR.

 

La secrétaire générale de l’Assemblée législative de transition, chargée de l’expédition des affaires courantes, Valérie Semporé/Soubeiga, a voulu anticiper. Pressée par les délais et sur instruction de l’exécutif, elle n’a pas attendu la fin des travaux de la commission de réception des dossiers des listes des membres de la nouvelle Assemblée législative de transition (ALT) pour convoquer une session de l’organe législatif.

La liste a finalement été rendue publique quelques heures plus tard par la Radiodiffusion télévision du Burkina. Conformément à la Charte de transition adoptée le 14 octobre lors des assises nationales, la chambre sera composée de 71 personnalités « qualifiées et compétentes », dont onze femmes seulement.

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Toutes répondent à des critères bien définis : être de nationalité burkinabè, être majeur, jouir de ses droits civiques et politiques, ne pas se trouver dans un cas d’incapacité prévu par la loi, n’avoir jamais fait l’objet d’une condamnation pénale pour crime ou délit touchant à l’honneur et à la probité, être intègre, impartial et de bonne foi.

La majorité pour le président « IB »

Les membres de l’ALT sont tous nommés dans le respect des quotas, qui permettent à Ibrahim Traoré, le président de la transition, de se tailler la part du lion en choisissant 20 députés sur les 71. Le capitaine ne devrait pas avoir de mal à s’assurer une majorité grâce aux 16 membres issus « des forces combattantes » nommés par les Forces de défense et sécurité (FDS). Le reste de l’ALT sera composé de 13 personnalités choisies représentantes des régions du Burkina Faso, de 12 représentants des partis et mouvements politiques et de 10 personnes issues des organisations de la société civile.

Comme cela avait été le cas sous le président Paul-Henri Sandaogo Damiba, renversé par un putsch le 2 octobre, chacun guette les choix que fera le président « IB », d’autant que c’est parmi ces députés que sera choisi le président de la chambre, assurent plusieurs sources.

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Damiba avait nommé un professeur d’université en sciences halieutiques très peu connu, le professeur Aboubacar Toguyeni – un « mauvais casting » selon des témoignages recueillis auprès de membres de l’ex-ALT. Aboubacar Toguyeni a même échappé à une motion de destitution à la mi-septembre 2022. Le président Damiba avait lui-même dû envoyer des émissaires auprès de l’Assemblée pour que le président de la chambre ne soit évincé.

Mesures populaires

Ibrahim Traoré fera-t-il un choix similaire ou, au contraire, tentera-t-il de séduire la rue, sur laquelle il a fondé son assise ? Déjà, la désignation des membres de l’ALT a créé des remous et de fortes rivalités dans plusieurs régions dont les Cascades, le Nord et l’Est. De même, la reconduction de certains membres de l’ex-ALT passent difficilement dans une opinion qui, dans sa majorité au moment des assises, n’était pas favorable à la mise en place d’une Assemblée législative de transition.

Certaines mesures populaires ont déjà été actées : contrairement aux membres de la précédente assemblée, les dépités ne percevront pas de salaire et se contenteront d’indemnités de session. Par ailleurs, comme le président de la transition et le Premier ministre, le président de l’ALT ne sera pas éligible aux élections présidentielles, législatives et municipales, prévues en 2024 pour mettre fin à la transition.