Présidence de l’Uemoa : les dessous de la nomination de Mohamed Bazoum

À la surprise générale, le chef de l’État nigérien a été désigné président de l’organisation sous-régionale, le 5 décembre à Abidjan. Patrice Talon, son homologue béninois, était pourtant pressenti depuis plusieurs mois. Que s’est-il passé en coulisses ? Explications.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 8 décembre 2022 à 23:09
 

 

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Les présidents Macky Sall, Alassane Ouattara et Umaro Sissoco Embaló à Abidjan, le 5 décembre 2022. © Facebook Presidence CI

 

Le 5 décembre à Abidjan, le nouveau président de l’Uemoa était absent. Mohamed Bazoum était en effet à Paris avec son gouvernement, dans le but de faire financer le Plan de développement économique et social 2022-2026 du Niger. Patrice Talon, pressenti depuis plusieurs mois, n’avait pas non plus fait le déplacement.

Le chef de l’État béninois avait conditionné sa prise de fonction à l’attribution du poste de président du Conseil des ministres à son pays et donc, à son ministre de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni. Cette proposition inédite faisait débat. Elle a donc été officiellement discutée, avant l’ouverture officielle du sommet, lors du huis clos qui a duré une quarantaine de minutes, entre les trois seuls présidents présents : Alassane Ouattara (ADO) bien sûr, mais aussi Macky Sall et Umaro Sissoco Embaló.

Discussions entre présidents

Chargée d’étudier la question, la Commission de l’Uemoa dirigée par le Sénégalais Abdoulaye Diop a tranché : elle a confirmé que cette demande est incompatible avec les textes et donc, non réglementaire. Ces derniers mois déjà, selon nos informations, Alassane Ouattara et Macky Sall avaient initié des discussions à ce sujet.

Si toutefois la proposition de Patrice Talon n’était pas jugée conforme aux règles, le nom de Faure Essozimna Gnassingbé avait d’abord été évoqué pour prendre la présidence de l’Uemoa et celui d’Adama Coulibaly, le ministre ivoirien de l’Économie et des Finances, pour prendre celle du Conseil des ministres. Mais c’est Mohamed Bazoum qui a finalement fait consensus auprès de ses homologues.

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Alassane Ouattara a ensuite délégué la gestion de ce dossier à Tiémoko Meyliet Koné, son vice-président et ancien gouverneur de la BCEAO, très au fait des rouages de l’organisation. Lors de son déplacement à Charm el-Cheikh début novembre pour participer à la COP27, ce dernier a porté un message d’ADO au président nigérien, présent en Égypte tout comme Macky Sall et Umaro Sissoco Embaló. Le 25 novembre, cette fois à Niamey en marge du sommet de l’Union africaine, Tiémoko Meyliet Koné a une nouvelle fois sollicité Mohamed Bazoum.

Ce dernier a finalement donné son accord et le sommet du 5 décembre a pu être convoqué. Quant à lui, le mandat du Togolais Sani Yaya à la tête du Conseil des ministres a été prolongé.