Côte d’Ivoire : l’usine de la Mé, nouvel espoir des Abidjanais
La Côte d’ivoire abritera, à partir du premier semestre 2023, la plus grande infrastructure de production d’eau potable d’Afrique de l’Ouest. Baptisée projet de la Mé, du nom du fleuve qui en sera la source d’approvisionnement.
L’usine de traitement d’eau potable de la Mé. © DR
Lancés en 2018, les travaux de construction de l’usine de traitement d’eau potable de la Mé ne se sont jamais arrêtés et ce même au plus fort de la pandémie de Covid-19. Ce projet d’ampleur installé sur 9 hectares et situé à 35 kilomètres d’Abidjan, sur les rives du fleuve Mé, fait partie de la stratégie du gouvernement pour combler le déficit d’approvisionnement en eau potable de la capitale économique ivoirienne et de son agglomération. L’urbanisation accélérée d’Abidjan au cours de ces dernières années aura, en effet, créé de nouveaux besoins en eau.
Malgré la croissance économique soutenue du pays (7 % en 2021, et 6,4 % environ à moyen terme), Abidjan connaît des périodes de pénurie en eau potable qui affectent une partie de ses habitants. Selon les prévisions du gouvernement ivoirien, la production en eau potable de la ville d’Abidjan devrait atteindre les 800 000 m³ par jour environ à l’horizon 2025 – contre 640 000 m³ par jour actuellement. Un chiffre qui ne cessera de croître d’ici à 2030, pour représenter 1 million de m³ en 2030.
Développé par PFO Construction
Pour l’heure, on constate donc un déficit – entre production et besoins en eau potable – de l’ordre de 220 000 à 460 000 m³ par jour. Un écart qui pourrait se creuser encore davantage avec la démographie galopante d’Abidjan. En effet, sur plus de 29 millions d’habitants en Côte d’Ivoire, 15 millions vivent en ville et Abidjan concentre, à elle seule, 36 % de la population urbaine du pays.
Ainsi, le projet d’usine de la Mé, fruit d’un partenariat public-privé, conçu et développé par PFO Construction, filiale du conglomérat ivoirien PFO Africa, doit permettre d’alimenter en eau potable 1,5 million d’Abidjanais. Les résidents des cités-dortoirs de Yopougon et d’Abobo, qui concentrent plus de 50 % des 5 millions d’habitants de la capitale économique, seront en partie alimentés depuis cet ouvrage. Tout comme la population de la commune huppée de Cocody, qui doit également être desservie par l’infrastructure.
Le calvaire des populations du nord d’Abidjan en termes d’approvisionnement en eau devrait donc devenir un vieux souvenir.
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Besix, Veolia…
Mais au delà du fait de répondre à un besoin en eau potable des plus urgents, le projet d’usine de la Mé comporte également un enjeu technique. Il s’agit en effet du premier projet qui traite de l’eau de surface. Les usines de traitement déjà actives dans le pays utilisent l’eau issue des nappes phréatiques. La capacité de traitement de l’unité de production de la Mé est ainsi estimée à 240 000 m³ par jour. Par conséquent, même si ce projet ne résorbera pas entièrement le déficit en eau potable, il devrait contribuer considérablement à le réduire.
Dans sa globalité, l’infrastructure est composée d’ouvrages de prise d’eau, d’une usine de potabilisation de l’eau, de canalisations et de deux châteaux d’eau de 5 000 m³s chacun. L’usine de traitement est adossée à un réseau de plus de 68 kilomètres de canalisations.
Représentant un investissement de 45 millions d’euros, la station de production d’eau potable de la Mé mobilise plusieurs entreprises. Ainsi, le groupe belge Besix a réalisé les travaux de génie civil, notamment la construction des sites de l’usine et la prise d’eau. PFO Construction développe également ce projet en partenariat avec le français Veolia.
Les deux partenaires, qui s’inscrivent sur le long terme dans le domaine, ont créé une entreprise commune dénommée Société ivoirienne des eaux et de l’environnement (SIEE), qui sera chargée de l’exploitation, de la production et de la livraison à la société de distribution des eaux en Côte d’Ivoire (Sodeci), une filiale du groupe industriel français Eranove, qui a une concession de l’État ivoirien pour les approvisionnements en eau dans les foyers.