« Le Burkina Faso a conclu un accord avec Wagner », selon Nana Akufo-Addo

Depuis Washington, le président ghanéen a publiquement accusé ses voisins burkinabè d’avoir trouvé un arrangement avec la société militaire privée russe pour que ses mercenaires opèrent sur leur territoire.

Mis à jour le 15 décembre 2022 à 18:25
 
 
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Le secrétaire d’État américain Antony Blinken (2e gauche) rencontre le président du Ghana Nana Akufo-Addo (2e, droite), à Washington, le 14 décembre 2022. © MANDEL NGAN/POOL/AFP

C’est la première fois qu’un chef d’État – qui plus est d’un pays voisin du Burkina Faso – formule aussi clairement de telles accusations. Mercredi 14 décembre, lors d’une déclaration conjointe à la presse avec Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, en marge du sommet États-Unis – Afrique à Washington, Nana Akufo-Addo a accusé les autorités burkinabè d’avoir « conclu un accord » avec la société militaire privée russe Wagner, qui lorgne le Burkina Faso depuis plusieurs mois après avoir réussi à s’implanter au Mali, fin 2021.

« Il y a un sujet sur lequel je souhaiterais attirer votre attention, a déclaré le président ghanéen aux journalistes présents. Aujourd’hui, des mercenaires russes sont à notre frontière nord. Le Burkina Faso a conclu un accord pour employer des forces de Wagner et faire comme le Mali. Je crois qu’une mine leur a été allouée dans le sud du Burkina comme paiement pour leurs services. Le Premier ministre burkinabè était a Moscou ces dix derniers jours. Avoir ces hommes qui opèrent à notre frontière nord est particulièrement préoccupant pour nous, au Ghana. »

Voyage secret à Moscou

Depuis le voyage du capitaine Ibrahim Traoré à Bamako, début novembre, plusieurs responsables ouest-africains et occidentaux s’inquiètent d’un rapprochement entre Ouagadougou et Moscou, par l’entremise des autorités maliennes, et donc d’une éventuelle arrivée des mercenaires de Wagner au Burkina Faso.

Le voyage secret du Premier ministre burkinabè à Moscou, le 7 décembre, révélé par Jeune Afrique, a ravivé ces inquiétudes. Selon des sources officielles russes, Kyélem Apollinaire de Tambèla y a rencontré, le 12 décembre, Mikhaïl Bogdanov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères en charge de l’Afrique. Les autorités burkinabè, elles, n’ont pas toujours pas communiqué sur ce voyage fait en catimini ni sur ses motifs.

Le « soutien » de Prigojine

Selon un haut responsable français, l’objet de ce déplacement est « assez transparent : signer avec Wagner ». De son côté, Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, estime que « les rumeurs sur le déploiement de Wagner au Burkina Faso soulèvent de sérieuses préoccupations ».

Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner, avait « souhaité la bienvenue » et avait apporté son « soutien » au capitaine Ibrahim Traoré à peine celui-ci s’était-il installé au pouvoir, le 2 octobre, après son coup d’État contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.