Burkina Faso : la BAD accélère la cadence des financements
Le Fonds africain de développement s’engage à investir près de 41 millions de dollars pour développer l’aviculture, l’agriculture et la pisciculture. Ce projet tourné vers la résilience climatique concerne près de 240 000 personnes.
Bergers peuls et leurs troupeaux à Gorom Gorom, dans la province burkinabè d’Oudalan. © PHILIPPE ROY/Aurimages via AFP
Le financement approuvé le 16 décembre à Abidjan par le Conseil d’administration du Fonds africain de développement (guichet de prêts concessionnels de la Banque africaine de développement), se compose d’un don de 28,07 millions de dollars et d’un prêt de 12,88 millions de dollars.
Cette contribution vient renforcer le soutien déjà considérable de la Banque africaine de développement (BAD) auprès de Ouagadougou. Le 30 octobre dernier, le portefeuille actif du bailleur de fonds au Burkina Faso comportait 16 opérations pour un financement total de 772 millions de dollars. Car en l’espace d’une seule année, l’institution panafricaine a mis en place plusieurs plans d’aide, notamment pour la promotion de l’hygiène, l’accès et l’assainissement de l’eau potable, le renforcement des services douaniers, l’électrification des zones périurbaines, la réhabilitation des routes nationales.
Problèmes de fond
Avec l’ultime financement de l’année en cours, la BAD entend contribuer à remédier aux causes de la faible productivité agricole et animale qui freine le développement du pays. Pour rappel, d’après les dernières données de la Banque mondiale, l’agriculture génère plus de 30 % du PIB burkinabè et emploie environ 80 % de la population active.
Selon Marie-Laure Akin-Olugbade, directrice générale pour l’Afrique de l’Ouest et vice-présidente par intérim du groupe de la BAD, ce projet contribue à la lutte contre les changements climatiques « dans une perspective d’amélioration de la sécurité alimentaire, tout en ayant un impact positif important sur la réduction de la pauvreté, l’inclusion sociale et la création d’emplois ». Le plan sera mis en œuvre dans les régions des Hauts Bassins, de la Boucle du Mouhoun (Ouest), du Centre-ouest et du Centre qui sont le « grenier » historique du Burkina Faso. Ce qui permettra à plus de 7 500 déplacés pour cause d’insécurité de profiter de la reconstitution de leur capital productif dans les zones d’origine ou d’accueil.
Agriculture « climato-intelligente »
Les activités de ce projet visent le renforcement des bonnes pratiques d’agriculture « climato-intelligente ». Conformément à la définition de la Banque mondiale, il s’agit d’une stratégie de transformation et de réorientation des systèmes agricoles censée garantir la sécurité alimentaire face à la nouvelle donne climatique.
Ce sont donc 240 unités de démonstration, 240 champs écoles et quatre fermes avicoles pilotes qui verront le jour dans le pays pour préparer l’introduction de cette agriculture innovante. En tout, 1 000 tonnes de semences hybrides de maïs, 200 tonnes de semences améliorées de soja, 9 000 tonnes d’engrais minéraux de fertilisants, 2 500 tonnes de phosphate produit localement, 40 tracteurs et 10 égreneuses vont être distribués aux producteurs. Sans oublier la mise en place de 40 puits de forages d’eau d’irrigation alimentés par l’énergie solaire, la construction de nombreux magasins de stockage et fours de transformation du poisson, mais aussi l’acquisition de 25 millions de doses de vaccins contre la maladie de Newcastle [maladie très contagieuse et souvent grave qui affecte les oiseaux, notamment les volailles domestiques, NDLR] , de 24 millions de doses de vaccins contre la variole aviaire, ainsi que la construction d’une centrale d’achat des médicaments vétérinaires.
Renforcer la résilience
La BAD entend renforcer la capacité du pays et du secteur agricole à faire face aux effets néfastes des catastrophes climatiques, surtout aux sécheresses qui touchent particulièrement l’Ouest du Sahel, dont fait partie le Burkina Faso. D’après le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (Conasur), au moins 5 millions de Burkinabès sont directement touchés par ce fléau.
Les activités comprendront donc le renforcement des capacités des acteurs en matière de financement des risques de catastrophe et l’élaboration d’une stratégie de financement des risques de catastrophes climatiques.