En regardant les fêtes du mois de juillet, j’ai été interpellé par la fête de Saint Thomas et tout particulièrement l’évangile de Saint Jean de ce jour (Jn 20,24-29). Ce texte m’a touché avec cette nouvelle nomination que je vis ces jours-ci. Thomas est incrédule, il veut voir de lui-même. Il est fermé à l’écoute des autres. Il a raison : il sait ! Il est fermé à la parole que Jésus a pourtant essayé de semer en ses apôtres tout au long de ses pérégrinations sur les routes de Palestine et de Judée, à travers ses paroles, ses gestes, ses guérisons. Thomas est bloqué.
Alors Jésus se rend présent comme il l’a déjà fait et le texte nous dit : « Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux ». Intéressant, les disciples ont peur, ils sont terrifiés, ils sont renfermés sur eux-mêmes. Alors, malgré tout ce qui est hermétique, Jésus rentre. Cette apparition de Jésus est alors signe de joie, d’espoir pour eux. Dans toute situation aussi désespérée soit-elle il y a un espoir, même dans les ténèbres les plus profondes. Il n’existe aucune situation si désespérée où il n’y ait un brin d’espoir. Le premier mot que Jésus dit c’est : « La paix soit avec vous ».
C’est tout ! Il n’y a pas d’explications, pas de si, c’est simple. C’est la paix qui ne vient pas de l’humain, mais de Dieu. Une paix qui sort des ténèbres qui sont en soif de rédemption, de bonheur. L’incroyable est advenu. Il apporte la paix, juste comme cela ; sans signes, sans préparation. Jésus connaît Thomas, il l’aime tel qu’il est, il a de l’empathie pour lui, il connaît ses défauts, il ne le laisse pas tomber. C’est merveilleux, Dieu nous aime ainsi chacun de la même façon, il respecte, il forme.
Certains sont plus sensibles et sont envahis par la présence du Seigneur comme dans le cas de Jean, Jn 21,7, qui reconnaît les signes de Jésus avant Pierre. D’autres ne sont pas prêts ils sont effrayés, comme les disciples en Saint Luc 24,37. Ils pensent que c’est un esprit, un fantôme qui leur apparaît. D’autres comme Thomas doutent, mais Jésus est là. Chacun d’entre nous peut se poser la question, où est-ce que je me situe ? Peu importe là où nous pouvons être, Jésus est toujours prêt à surgir dans nos ténèbres.
Jésus se manifeste dans les ténèbres de Thomas. Il touche ses sens : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains ; avance ta main et enfonce-la dans mon côté… », (Jn 20,27). Jésus l’a donc touché au sens propre comme au sens figuré. Il est entré davantage dans sa vie et lui a donné un nouveau commencement. Jésus lui dit : « Cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi ». Chacun d'entre nous, Jésus nous touche, de toutes sortes de manières. Il touche par la foi, mais aussi par les sentiments, par l’intelligence, par les événements. Mais sommes-nous ouverts à le reconnaître, et à répondre spontanément : « Mon Seigneur et mon Dieu », (Jn, 20,28) comme Thomas l’a fait ?
Cette réponse est un acte de foi, de soumission au Seigneur, d’acceptation sans y mettre nos propres conditions. C’est une invitation à nous remettre entre les mains de Dieu à chaque fois que les ténèbres, les peurs nous envahissent.
Ce passage de Saint Thomas m’a touché, car après une première résistance, il s’en est remis à Dieu et la paix l’a habité. En ce qui me concerne, je n’étais pas certes bloqué comme les apôtres sinon je n’aurais pas accepté cette nouvelle mission ! Mais j’ai été surpris par cet appel, pensant qu’il ne pouvait m’atteindre et puis je me pensais intouchable étant dans la formation. Quand on m’a interpellé, j’ai entrepris un discernement : moi qui suis si habitué à l’enseigner aux novices, voici qu’il me fallait l’appliquer pour moi-même !
Mon critère principal a été le choix des confrères, et je n’avais pas de raison valable pour refuser. Après un jour de réflexion et après avoir demandé conseils à quelques confrères, j’ai décidé de laisser mon nom sur la liste. Je n’ai plus eu à dire que : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». La paix est revenue. Pour moi cette formule est comme se remettre dans les mains du Seigneur, sans même bien comprendre de quoi il s’agit et de faire confiance. En relisant les événements passés, j’y ai vu aussi une possible préparation. Par exemple ma venue au Burkina, pour une année, n’était peut-être pas étrangère à cela. En tout cas je demande au Seigneur qu’il me donne l’attitude du Thomas converti, s’en remettre totalement à Jésus, croire et faire confiance.
Il arrive dans nos vies que nous nous retrouvions aussi dans les ténèbres, verrouillées dans nos vues étroites, dans nos préoccupations égoïstes. Je vois dans ma nouvelle tâche un appel à apporter la paix, la joie, l’espoir dans nos communautés et de les propager, ensuite, autour de nous. Je vois l’appel à rendre présent, cette confiance en Dieu qui nous guide tout le temps. Notre raison de vivre est d’être missionnaire, et nous avons le devoir de croire qu’Il est présent dans toutes les ténèbres du monde, et que nous répondions tout simplement en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ». C’est la disponibilité du « Tout à tous », de Saint Paul que le Cardinal Lavigerie chérissait, qu’il nous transmit et demandée de mettre en pratique.
En attendant de vous rencontrer, je vous souhaite de bons mois d’été, et vous demande plus particulièrement votre soutien dans la prière, pour que le Seigneur me comble des dons nécessaires pour cette tâche, pour la plus grande gloire de Dieu.
Bobo-Dioulasso, le 3 juillet 2014