Dakar sous tension à l’ouverture du procès d’Ousmane Sonko

Le procès de l’opposant, accusé de diffamation, s’est ouvert ce jeudi dans une ville quadrillée par les forces de l’ordre. Des heurts avec les manifestants ont été rapportés. Ses avocats demandent un renvoi.

Mis à jour le 16 mars 2023 à 15:32
 
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Des policiers utilisent des gaz lacrymogènes à Dakar, le 16 mars 2023. © JOHN WESSELS/AFP

C’est dans une ambiance explosive que le procès d’Ousmane Sonko, jugé pour « diffamation » et « faux et usage de faux », a débuté ce jeudi 16 mars au matin, au tribunal correctionnel de Dakar. Le candidat à la prochaine élection présidentielle a quitté son domicile de Keur Gorgui avant 9 heures, escorté par ses partisans. La veille, il avait été empêché de quitter son quartier, les forces de l’ordre ayant quadrillé l’accès à son domicile alors qu’une manifestation de soutien organisée le jour même avait été interdite par le préfet de Dakar.

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Ce 16 mars au matin, le cortège s’est déplacé dans le calme jusqu’au rond-point Mermoz, situé à un kilomètre de la maison d’Ousmane Sonko. Bloqué par les forces de l’ordre qui lui intimaient de prendre un itinéraire choisi par elles pour se rendre à sa convocation, l’opposant a dit refuser de se plier aux injonctions de la police.

Demande de renvoi

Selon son entourage, des nervis armés du parti au pouvoir l’attendaient sur la corniche de Dakar, à l’endroit même où son véhicule avait été attaqué le 16 février dernier, date à laquelle son procès devait initialement se tenir. C’est pourquoi l’opposant souhaitait emprunter une autre route. « La police m’empêche de me rendre à la convocation du tribunal », a déclaré le président du Pastef à la presse, avant de rentrer à nouveau dans l’habitacle de son véhicule au moment où la police commençait à tirer des grenades lacrymogènes.

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Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on voit Ousmane Sonko être finalement extrait de son véhicule par des agents en treillis sous les protestations du député Guy Marius Sagna, allié d’Ousmane Sonko, et de l’un de ses avocats, Ciré Clédor Ly. « On va au tribunal, laissez-nous partir », ont répété plusieurs fois ces derniers avant qu’Ousmane Sonko ne soit empoigné par les forces de l’ordre qui l’ont conduit au tribunal dans leur véhicule.

Aperçu en chaise roulante dans le tribunal, Ciré Clédor Ly, qui dit avoir été la cible de gaz lacrymogènes, s’est déclaré en incapacité de plaider et a demandé que le procès soit à nouveau renvoyé. L’avocat et son client ont été examinés par des médecins en fin de matinée.

Pour assister une équipe déjà conséquente, Ousmane Sonko s’est entouré pour ce procès d’au moins deux nouveaux avocats : le franco-comorien Saïd Larifou et le Burkinabè Guy Hervé Kam.

Des heurts en centre-ville

Alors que l’audience débutait finalement dans la matinée, des heurts entre les forces de l’ordre et les manifestants ont été signalés aux abords de la Voie de dégagement Nord (VDN). Le calme est brièvement revenu dans le quartier de Mermoz après le passage du convoi, avant que des manifestants ne tentent de mettre le feu à une station essence du quartier. Des affrontements entre des manifestants et des forces de l’ordre ont également éclaté sur l’avenue Bourguiba, non loin de la faculté Cheikh Anta Diop, et au quartier du Plateau. Des bus de la compagnie Dakar Dem Dikk ont été brûlés dans le centre-ville de Dakar.

Le 15 mars, le parti au pouvoir avait qualifié « d’appel à l’insurrection » les injonctions d’Ousmane Sonko à ses partisans de se rendre au tribunal. Dans un communiqué, l’Alliance pour la République (APR) critiquait aussi ses « tentatives désespérées de créer un contre-feu pour éviter de répondre à la justice ». « Lorsque la justice est défaillante, le peuple rend son verdict dans la rue », a rétorqué le secrétaire général du Pastef, Bassirou Diomaye Faye.